J'ai prié Nash de me suivre. Au Manoir, il sera en sécurité. On s'est donc tous rendu à la bâtisse des Prêtresses, quelques kilomètres plus loin.
Derrière une colline, je l'ai alors aperçu, aussi majestueuse que dans mon souvenir. Je ne l'avais visité qu'une seule fois, lorsqu'Élie m'avait informé de son existence. Un grand Manoir, possédant deux étages, large d'une bonne cinquantaine de mètres, ayant un aspect moyenâgeux se dressait devant moi. Un grillage en fer haut de deux mètres l'entourait, avec un portail forgé artisanalement. Une allée en pierre guidait ceux qui le souhaitait. Des arbres vieux de plus d'un siècle semblaient protéger le bâtiment avec leurs branches effrayantes. Ils ressemblaient à des monstres gardant l'entrée, comme Cerbère garde les enfers.
Bien sûr, vu comme cela, on se dit que ce Manoir n'a pas de protection très efficace. Détrompez-vous. Le manoir en lui-même et le grillage ont été ensorcelé de sorte que les mauvais esprit, mais aussi les humains, ne puissent pas entrer. C'est comme l'appareil qui repousse les moustiques, qu'on branche à une prise, vous voyez ? Et là, je vois la question arriver. Comment Robin et Nora ont-ils pu entrer s'ils ne sont pas autorisés à le faire ?
Là, Angel entre en jeu. Une prêtresse peut accorder l'asile à des humains, mais il faut qu'elle soit avec eux au moment où ils passent le portail et la porte. C'est pour ça qu'ils m'attendaient, mais Angel a été plus rapide. En même temps, s'enfuir du Conseil quand les autres ont des problèmes offrent quelques libertés supplémentaires. Il fallait d'ailleurs que je lui en touche un mot, et que je vérifie que les prêtresses et la salle Obscure tenaient le coup.
Nous avons marché dans l'allée tous ensemble. Une fois arrivé au portail, j'ai posé ma main sur celui-ci et ai donné mon consentement pour le passage des humains. À chaque nouvelle entrée, il fallait redonner l'autorisation d'entrer. Le portail s'est ouvert, et s'est directement refermé après notre traversée. J'ai fait pareil avec la morte, et on s'est retrouvé dans le hall.
C'était un grand hall, comme vous vous en doutez. Un vaste escalier se pointait en face, permettant l'accès aux étages. Un énorme lustre doré était suspendu au dessus ne de nos têtes, éclairant toute la pièce. Un tapis rouge brodé n'étant pas épargné par le temps était posé à nos pieds.
- Nora, va installer Nash dans une chambre, tu veux bien ?
- C'est tellement excitant quand tu me donnes des ordres, Lys !
Et elle partit avant que j'ai pu répliquer quoi que ce soit. Elle m'avait appelé Lys ou je rêve ? Je me suis tourné vers Robin pour confirmer, son regard amusé m'a tout de suite répondu.
- C'est qu'il trouve ça drôle, le petit, en plus ?
- Petit ?
- Minuscule, même ! l'ai-je taquiné.
Il a rit. Bon dieu, son rire était tellement savoureux. Je lui ai souris en retour, gênée par mes pensées.
- "Je suis persuadé que chaque fois qu'un homme sourit et mieux encore lorsqu'il rit, il ajoute quelque chose à la durée de la vie" a dit Laurence Sterne. C'est merveilleux, ne trouves-tu pas ?
- Oui, ça l'est. Tu l'es, ai-je murmuré.
Robin m'a regardé avec de grands yeux, avant de baisser la tête. Je sentis du regret provenir de son âme.
- Je rêverais de pouvoir t'embrasser, a-t-il avoué. De pouvoir d'étreindre, te combler. Ce bonheur m'a été enlevé. Je t'ai tué, Lys, c'est impardonnable.
- Celle que tu as tué était Cynthia ! Tu as sauvé le monde ! Tu m'as sauvé, indirectement. Si tu l'avais laissé en vie, elle serait revenue vers moi, et tu crois qu'elle m'aurait offert un dîner avec musiciens en prime ? Je ne pense pas, non. Elle m'aurait plutôt torturé jusqu'au suicide.
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Prêtresses T2 L'avènement de Mansyur
Teen FictionAprès avoir été libérée de l'hôpital psychiatrique dans lequel elle avait été enfermée, Isallys poursuit sa quête en tant que prêtresse. Une mission noble, une éternité toute tracée. Mais que serait sa vie si elle n'était pas un peu pimentée ? Un ê...