Kidnappée par un vampire

Chapitre quatrième ✅

Lorsque Aiden se retire, la sensation que ressent Liria est telle que si on la débarrassait d'un sac lourd de plusieurs kilos. Elle manque de s'écrouler à terre, mais Aiden la maintient et vient la caler contre un tronc d'arbre. A présent, elle peut respirer, bouger, elle est libre de lui. Pour le moment. Rien ne l'empêche de s'enfuir si ce n'est Aiden, mais l'énergie que contenait son corps peu avant s'est comme évaporée dès le contact des crocs d'Aiden avec sa peau.

D'ailleurs, celui-ci se tient parfaitement droit devant Liria. Seul la lueur de la lune reflète sur ses cheveux blond or et illumine son visage, laissant apercevoir au coin de ses lèvres le reste de son sang. Le siens. Celui que cet inconnu vient de... boire perfidement !

Le fait qu'il la regarde dans les yeux ne lui arrange pas les choses. Son souffle reste saccadé, et même sans voir le vampire, elle sent son regard sur elle. Elle voudrait riposter, dire quelque chose, mais aucun son ne sort. Mieux vaut se taire, après ce qu'il viens de se passer.

- Tu me crois maintenant ? lui demande Aiden d'une façon totalement désinvolte.

A quoi Liria répond en explosant en larmes. Elle déteste au plus haut point paraitre faible, elle aimerait tellement se montrer forte !

- Que veux-tu de moi ? hoqueta-t-elle.

- Ah vous les humains, soupira Aiden, vous pensez toujours que l'on veut quelque chose de vous. Mais pour ma part, c'est vrai. J'attends quelque chose de toi.

La jeune fille le toise d'un regard vide, redoutant ce qu'il va lui demander. Aiden, qui, le seconde d'avant, jouait le dure à cuire, secoue maintenant la tête et dit d'une voix tremblante :

- J'en crevais de ne pas te voir Liria !

Cette dernière -qui s'était arrêtée de pleurer pour se concentrer sur les paroles de son kidnappeur- se pose la question de comment pouvait-il connaitre son vrai nom, mais dès qu'elle repense qu'il pouvait lire dans les pensées, elle se dit qu'elle avait sûrement dû laisser vagabonder son prénom dans son esprit.

- A chaque fois que je te parlais, reprend-t-il, je t'imaginais souriante, comme sur les photos que tu as mise sur le site. A chaque fois que je les regarde, tu es souriante. Que ce soit avec tes amis, ou avec ta famille, tu ries tout le temps. Tu respires la joie, le bonheur ! Mais moi, je n'ai jamais connu le bonheur.

Liria ne sait comment interpréter ce discours. Elle a cessé de pleurer pour de bon, et se concentre sur la question tandis qu'Aiden en attend la réponse. Le déclic se fait alors dans sa petite tête de fille de dix-sept ans.

« Il veut que... que je lui donne du bonheur ? » Pense-t-elle avec un certain dégout de ne pas vraiment comprendre son sens du mot « bonheur ».

Quand elle le regarde dans les yeux, ceux-ci ne transmettent qu'une émotion : la tristesse. Mais malgré cela, il lui sourit.

- Oui, c'est ça. Je veux que tu me donnes du bonheur.

Voyant son air de détresse, Liria comprend qu'elle doit lui donner une réponse, maintenant. Alors c'est sans réfléchir qu'elle lui répond .

- Non.

Non. Un non froid et plus glacial que le vent lui-même. Ce mot résonne dans leur tête à tous les deux. Liria, surprise de sa réponse si tranchante, et Aiden, offusqué de la réponse à son égard. Son sourire disparait, et ne laisse sur son visage qu'une expression dépourvue de sentiments. Quant à ses yeux, ils deviennent d'un rouge si pur que même le sang le plus parfait ne peut l'égaliser. Liria s'aperçoit seulement que ça réponse n'était pas celle qu'il voulait entendre, et ne pense qu'a une chose : retirer ce qu'elle vient de dire. Malheureusement, cela n'est plus possible. Même si elle revient sur sa décision, il ne la croirait pas.

A une vitesse surnaturelle il empoigne le bras de l'adolescente d'une force toute aussi surnaturelle. Elle pousse un petit cri de douleur qui n'affecte pas le moins du monde le garçon. Elle qui aurait pu éviter toute misère, se retrouve maintenant avec toute la haine d'un vampire sur le dos.

Il avance de plus en plus vite, faisant perdre haleine à la jeune étudiante, mais enfin, leurs pas précipités cessent. Liria lève les yeux sur une énorme bâtisse grise ornée de tours aux quatre coins. Un château. De la trentaine de fenêtres disposées çà et là de cette façade, seules six sont éclairées.

« Cinq frères et une sœur... » Se remémore Liria.

- Voilà ton nouveau Paradis, murmure Aiden dont l'expression s'est radoucie.

« Mon nouveau Paradis ? », pouffe-t-elle intérieurement. « Plutôt l'Enfer. »