Les Seigneurs de Fallaris Tome 1: Allénie

Chapitre II

La religion était un élément crucial de l'empire dont la famille impériale avait le monopole. L'Empereur : incarnation physique d'une foi spirituelle. Vladimir n'aimait pas cette définition pour la simple et bonne raison qu'il ne savait pas si Dieu existait. Il était pragmatique, ne croyant que ce qu'il voyait de ses propres yeux. Cependant il refusait de connaître la vérité concernant Dieu. S'il existe alors Vladimir se trouverait ridicule à cause de certains actes qu'il avait commis, mais s'il n'existe pas c'était devant le nombre d'heures passées à prier qu'il deviendrait ridicule, et Dieu seul sait combien il détestait perdre son temps. Ce jour-là, comme chaque fin de semaine, il retrouva sa famille pour prier leur Dieu unique : Rey, tel était son nom dans la religion de l'Allénie, celle qui dominait le continent auquel était rattaché géographiquement son pays. Cette religion portait le nom de Déisisme. Tous les Alléniens étaient des Déisiens. Vladimir adhérait à moitié à ce courant, contrairement à sa femme et à sa fille qui étaient des croyantes convaincues ce qui rendait plus difficile l'acceptation du mariage. En effet le Prince promit à Elizabeth était loin d'être un Déisien. Ne s'intéressant pas aux religions en générales, Vladimir ignorait qu'elle croyance dominait l'Auguste. Ici, dans son empire, la prière était un moment de recueillement jonchée de chants religieux plus ou moins agréable à l'oreille. Debout dans une grande église, les mains dans le dos, les yeux clos, la famille impériale, et ses suivants, écoutaient le chant en cours. Ces derniers étaient les formulations métaphoriques des souhaites et vœux des personnes présentes. Chaque semaine des chants nouveaux étaient écris afin de s'adapter au temps actuel. Intérieurement Vladimir priait pour que sa fille accepte ce Prince inconnu afin de sauver l'Empire de la déroute. Il lui fallait un mari qui soit un proche des Moscov et il ne devait pas être un Prince du Danahue, ce continent si grand et empli de famille royale et impériale vénale qui ne voulaient qu'une chose : détruire l'Allénie depuis que celle-ci s'était révoltée contre un pouvoir vieux de trois milles ans. La présence de Vladimir sur le trône n'avait rassuré personne. L'Allénie étant toujours perçue comme l'empire du chaos et de la rébellion. La prière s'acheva lorsque le chef Déisien claqua dans ses mains trois fois et déclara :

-Seigneur entend nos prières et nous te sommes soumis.

Tout le monde bougea. Elizabeth quitta rapidement le lieu de culte et évita soigneusement son père. L'impératrice, au bras de son mari, était fière du comportement de sa fille. Elles étaient pareilles toutes les deux. Jamais elles ne cédaient, femmes indépendantes et rebelles. Ils marchaient dans une haie d'honneur formée par la garde impériale afin de gagner la salle de bal où était organisé un gala de charité. Alors qu'ils avançaient, Cyril à leur suite, Vladimir se pencha vers son épouse et murmura à son oreille :

-Tu devrais parler à notre têtue de fille afin qu'elle se prépare au départ. 

-Quel départ ? S'enquit Olga inquiète. 

-Voyons, elle doit se rendre en Auguste afin de formuler sa demande en mariage au Prince. C'est ainsi. Là-bas, les femmes peuvent demander en mariage. C'est assez étrange.

Olga se ressaisit :

-Combien de temps devrait-elle rester là-bas ? Demanda-t-elle. Et quand doit-elle partir ?

Ils arrivèrent dans la salle sous un tonnerre d'applaudissement. Vladimir eut juste le temps de répondre :

-Le temps qu'il faudra et le plus tôt possible.

Cyril, qui avait entendu des brides de la conversation, fut triste pour sa sœur et pour lui-même. A qui allait-il se confier quand elle sera partie ? Le voyage est déjà, à lui seul, très long. Il ne resta guère longtemps dans la salle de bal, prétextant un mal de tête. Sa mère le laissa partir. Il regagna les appartements privés en grimpant rapidement le grand escalier de marbre blanc. Il frappa à la porte de la chambre de sa sœur mais elle n'était pas là :