Les Seigneurs de Fallaris Tome 1: Allénie

Chapitre XXX

Même si Cyril était la source principale de l'information concernant l'affaire Double S, c'était évidemment les Ronoriens qui étaient à l'origine de la divulgation. Charles s'était fait une joie d'alerter la presse. Il avait célébré son succès en ouvrant une bouteille d'un de ces bons vins Montois. Il trinquait avec ses plus fidèles disciples, insistant sur le rôle de sa fille dans cette victoire. Toutefois il rappela que le plus dur restait à faire. Lana ne disait mot, fixant son verre avec mépris. Elle avait le ventre noué, presque retourné. Sa pensée était toute tournée vers Cyril et sa famille qui devait à cet instant se déchirer et chercher en vain comment cela a pu se produire ? Elle s'en voulait terriblement d'avoir dévoilé un secret de famille, qui de plus, ne touchait pas de manière directe un Moscov, mais un Augustin et la Grande-Duchesse du Nouveau-Duché. Cependant une chose effrayait cruellement Lana : et si Cyril se mettait à la haïr ? Non ! Elle ne le supporterait pas. Quelque part dans son inconscient elle adorait le fait qu'il l'aime. C'était cela qu'elle aimait : l'amour de Cyril. Etre aimé de lui la mettait en confiance, le rendait presque heureuse. S'il venait à ne plus l'aimer alors elle-même, elle ne pourrait plus s'aimer. Brusquement son père la sortie de sa rêverie :

-Lorsque la guerre contre la Garmanie éclatera, Vladimir n'aurait d'autre choix que de se rendre sur le front avec un maximum de troupes. Celles-ci seront divisées à cause du front Ouest au niveau de la frontière avec le Nouveau-Duché. Cette division nous sera profitable.

-Quel est notre plan d'action ? Demanda Markus.

Ils étaient tous dans la salle à manger de la résidence de Ronor. Celui-ci affirma :

-Nous envahirons chaque endroit stratégique de Rebourg avant de nous lancer vers Macan. La nuit tombée, l'Empereur sur le front, nous envahirons le palais Semaine. Pendant que d'autres Ronoriens prendrons la forteresse Norring à Macan, nous libérons tous les prisonniers politiques. Puis, pour finir, chaque ministère devra tomber entre nos mains et alors nous obtiendrons de Vladimir son abdication. L'Allénie sera à nous mes amis.

-Que vas-tu faire de la famille Moscov ? S'enquit Lana.

-Je te laisse ce chapitre ma chérie, c'est cadeau. Pouffa Ronor.

Tous se mirent à rire avec lui sauf sa fille :

-Plus sérieusement, tu t'en occupe Lana, je ne veux plus jamais avoir affaire à un Moscov de ma vie. Affirma Ronor.

Sa fille acquiesça à contre cœur, cependant il était plus sûr que ce soit elle qui s'en charge, les Moscov avaient plus de chance de s'en sortir vivant avec elle aux commandes. Elle appréciait Cyril lorsqu'elle oubliait qui il était par le sang. Il fallait qu'elle omette complètement l'humanité du Prince pour se focaliser sur son rang afin de mettre un terme au règne de Vladimir. Mais comment oublier délibérément le côté humain d'un homme qui ne cesse de lui dire qu'il l'aime ?

A quelques kilomètres de Taurin, la capitale de l'île Manâm, Cyril se réveillait dans un palais cousu, bien aménagé et dans lequel il se sentait plutôt bien, presque agréable. Il se lava, mit un uniforme propre et se coiffa doucement avant de descendre vers le jardin où les Harval prenaient le petit-déjeuner. Il salua Pia en lui baisant la main, serra la main de son époux, s'inclina devant l'Hospodar et prit place à table. Subitement, alors que les serveurs apportaient des plats délicieux, Jonna et Sofie arrivèrent et après maintes salutations et questions sur le sommeil de chacun, elles s'assirent à leur tour, entourant leur invité. Cyril se sentait un peu méfiant envers la dénommée Sofie. Il percevait chez elle quelque chose de malsain sans savoir quoi. Elle jetait de temps à autres un regard vers son beau-frère qui n'avait d'yeux que pour Pia alors que celle-ci détaché de tout contact visuel, mangeait sans dire un mot. Brusquement alors que Cyril avait une discussion sur le beau temps avec Jonna, l'Hospodar Soren s'exclama en allénien :