Chapitre XVI

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Les nouvelles du Nouveau-Duché étaient si mauvaises que Salim eut presque envie de vomir à chaque phrase que son cerveau comprenait. Il reposa le journal sur la table du petit-déjeuner. Pour Elizabeth, actuellement à Macan pour une séance ministérielle, les nouvelles étaient au contraire très bonnes : l'Auguste et l'Allénie s'étaient mis d'accord sur une division du pays en deux, chacun sa part, et le mieux, Saphira avait disparu. Personne ne savait où elle était. Salim n'en dormait plus, Elizabeth s'en réjouissait. A la table du petit déjeuner, où se trouvait Cyril, Salim avait l'air d'un cadavre ambulant, l'air blanchâtre, le regard vide, approchant doucement à ses lèvres sa tasse de café chaude. Ce qui paralysait le Prince, bouleversait son esprit, était l'état présent de la jeune femme. Au fond il culpabilisait d'être parti alors qu'elle...Il secoua la tête pour ôter ses mauvaises pensées. Tout à coup Aryna arriva. Son ventre gonflait de jour en jour et elle le caressait sans cesse dès qu'elle le pouvait :

-Ton père est de retour. Dit-elle à Cyril.

Il lui embrassa la joue et descendit les escaliers vers le hall où des valets entreposaient des valises très nombreuses. Au milieu de tout ce chantier, trônait l'Empereur Vladimir avec son épouse. Il lui tenait fermement les mains et posa ses lèvres sur celles chaudes d'Olga. Cyril rougit en les apercevant. Vladimir se tourna vers lui :

-J'ai appris la bonne nouvelle et je suis venu dès que j'ai pu. Je parle de l'heureux événement de mon cher Cyril.

Il félicita Aryna et son fils. Il était extrêmement touché et joyeux de cette annonce, cela signifiait la continuité de sa lignée si nouvelle et fragile. Evidemment il aurait préféré qu'Elizabeth ait un enfant avant Cyril, mais au moins, il était sûr d'avoir des petits-enfants :

-Salim. Je dois vous parler.

Il avait le ton grave, impérieux et pressé. Ils s'isolèrent dans un salon adjacent, le même où Elizabeth avait appris que son époux était retenu prisonnier par la Reine du Nouveau-Duché. Vladimir enleva sa veste de Grand Général, chef de l'armée, et se laissa tomber sur un fauteuil. Il invita d'un geste Salim à s'asseoir en face de lui. Ce dernier refusa, préférant rester debout, les mains dans le dos, prêt à entendre une remontrance. Il pensait que son beau-père allait lui reprocher le fait qu'Elizabeth et lui n'avaient pas encore accompli ce qu'on leur avait demandé en se mariant. Il fut surpris lorsque l'Empereur dit :

-Saphira est-elle enceinte ?

-Oui.

-Savez-vous où est-elle ?

-Non.

-Nous devons la retrouver. Et nous emparer de l'enfant.

-Pour qu'elle raison ? Balbutia Salim.

-Car c'est l'héritier du Nouveau-Duché, et je ne veux pas qu'il traîne quelque part. Il pourrait réclamer le trône. Et une nouvelle guerre débutera. Nous sommes déjà suffisamment occupés avec la Garmanie. Si l'enfant est entre nos mains, alors nous pourrons le contrôler. Et vous êtes son père !

-Malheureusement. Puisse que nous en parlons, j'ai une requête à formuler. Puis-je ?

Vladimir haussa un sourcil mais fit « oui » de la tête :

-Je voudrai me rendre à Diavie, je dois la retrouver.

-Faites. Retrouvez la et prenez l'enfant. Vous en profiterez pour signer le traité de partage. Trouvez-lui un nom. Somma l'Empereur.

La discussion s'acheva. Vladimir se leva, serra la main de son gendre et quitta la pièce. Salim n'en revenait pas. On lui demandait de prendre à une mère son enfant, pour des raisons uniquement politique. Il s'assit sur un sofa et enfouit sa tête dans ses mains, et pleura. Il avait beau revivre tous les événements dans sa tête, il n'arrivait pas à y croire. Il se haïssait tellement. Ce n'était pas lui, cet homme qu'il était devenu, ce n'était pas lui. Il n'était plus lui. Brusquement il sursauta, une main venait de se poser sur son épaule. Elizabeth lui fit un sourire de compassion même si elle ignorait la raison de ces larmes. Se plaçant près de lui, elle lui chuchota :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant