Chapitre XIII

122 13 0
                                    


Sélène retrouva ses troupes à Diavie. Damir revenait du front, surprit par l'attaque maritime Allénienne. Sélène savait que Diavie n'allait pas résister au retour de Damir. Il fallait faire quelque chose. Il ne pouvait gagner :

-Brûler toute la ville. Dit Sélène. Brûler tout !! Damir ne mérite rien !

Bientôt les soldats Alléniens, des marins pour la plus part, mirent le feu à toutes les habitations de la ville. La population fuit devant les flammes, et Damir resta bloqué à l'entrée de la ville. Sélène et ses hommes regagnèrent les navires stationnés dans le détroit de Diavie. Il fallait vite partir et regagner le front. Et alors que les navires longeaient la baie, la flotte Augustine arriva vers eux :

-Nom de Rey !! S'écria Selène. Barre à bâbord !

Mais la directive arriva trop tard, les navires Augustins bombardèrent les Alléniens. Leur puissance numérique eut rapidement raison de la flotte Allénienne fortement réduite depuis la dernière bataille navale près de Massoa. L'eau infiltrait les bateaux. Sélène ne savait que dire. Ordonner de quitter les navires, ou les saborder, dans tous les cas, ils étaient tous voués à la mort. Les Augustins ont la meilleure flotte du monde. Un soldat se rua sur le Général :

-Que faisons-nous ? Que faisons-nous ?

Un projectif se planta dans une cheminée du navire. Une explosion fendit la nuit de sa grande lumière et de son bruit assourdissant. Sélène se coucha sur le sol froid de la ferraille. Un sifflement lui perçait l'oreille. Des débris tombaient sur le pont, sur lui, sur ses hommes. Derrière lui, Diavie était en feu, les flammes cillaient l'horizon. Le bateau allait sombrer. Tout allait sombre, pensa Sélène, le pays, l'Impératrice, la flotte, l'armée...Lui, le Général fidèle, ne croyait plus en rien à présent. Il se redressa difficilement. Et alors qu'il s'accrocha à la barrière du pont, il eut le temps de voir un dernier boulet de canon lui foncer dessus. Il regarda le ciel étoilé et prononça une dernière prière. Le navire coula en dix minutes. Le ciel était parsemé de feu, de flamme, et la mer recouverte de sang. L'Allénie venait de perdre son meilleur général.

Il ne priait plus. Il passait sa journée sans manger, et buvait peu, restant debout, les mains dans les poches, regardant par la fenêtre, entre les barreaux. La porte s'ouvrit dans son dos. Il ne se tourna pas vers son visiteur. Cyril était amaigri, malade, son corps supportait mal l'enfermement, et son visiteur n'allait pas lui donner un quelconque espoir. Elizabeth, richement vêtue, ce qui contrastait avec l'allure sale de Cyril, avait décidé de voir une dernière fois son frère avant son procès :

-Bonjour Cyril. Dit-elle impétueuse.

Il ne répondit pas. Sa bouche était sèche. Ses cheveux sales, ses yeux enfoncés dans leur orbite, et là, près de lui, l'Impératrice, maquillée, respirant la fortune. La cellule était minable, poussiéreuse. Et de la nourriture moisie jonchait le sol :

-Tu ne manges pas ? Demanda Elizabeth.

-Je ne mangerai que si Lana partage ma cellule. Dit-il avec froideur.

-Alors ce que raconte ce Vespay est vrai. Tu fricotes avec la Ronor.

-Je ne fricote pas, je l'aime, mais tu ne sais pas ce que c'est "aimer".

-Bien sûr que si, j'aimais Salim. Répliqua-t-elle fâchée

Cyril se tourna brusquement vers elle, il la pointa violemment du doigt :

-Non ! Tu ne sais pas ce qu'est "aimer" comme j'aime ! Aimé au bout de vouloir tout abandonner pour cette personne, de vouloir fuir au loin si elle le veut, de mourir pour elle, de la protéger quoi qu'il arrive ! Non tu ne sais pas !! Tu ne sauras jamais ! Et je te plains !

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant