Chapitre XXVII

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Le lendemain matin, Salim se leva à l'aube. Il ne dormait plus depuis qu'il avait compris le stratagème de son ancienne maîtresse pour le récupérer. Elizabeth sommeillait. Depuis quelques temps leur barrière de traversin avait disparu, ils dormaient dans le même lit sans aucune timidité. Cependant Salim avait l'impression de trahir sa femme en ne lui avouant pas les manigances de Saphira. Malgré le fait que le soleil faisait à peine son apparition, Salim aperçut Cyril dehors, assis sur les marches du perron, une couverture sur le dos. Lui aussi dormait mal, surtout depuis qu'il sait qu'il doit partir. Salim se plaça près de lui :

-Quelle belle matinée. Dit Salim en s'étirant.

Cyril acquiesça docilement sans un regard pour l'Augustin :

-Tout va bien ? Demanda ce dernier.

Le Prince annonça son départ et rajouta que Lana allait lui manquer mais qu'il n'avait pas le choix. Tout lui rappelait Lana, il pensait à elle à chaque instant, il lui paraissait impossible de vivre sans elle et pourtant, elle semblait très bien se débrouiller sans lui :

-C'est étrange, d'avoir tant besoin de quelqu'un et de, en même temps, savoir qu'elle n'a pas besoin de vous. Conclut Cyril penaud.

Salim ne put empêcher son esprit d'associer cette sentence si vraie à Saphira et à lui. Il l'aimait, néanmoins il se détesterait de l'aimer publiquement alors qu'il était marié. Cela va à l'encontre de tous ses principes. Il avait fait un choix. C'était le bon, il le savait. Mais elle ne le comprenait pas :

-Saphira veut la guerre pour me récupérer. Déclara-t-il.

Le dire à Cyril signifiait beaucoup pour lui. Il avait confiance en ce jeune homme transit d'amour pour une femme loin de lui aussi bien physiquement que mentalement

-Comment cela, te « récupérer » ?

Salim conta en deux trois mots sa liaison avec Saphira, Cyril fut bouche-bé. Tout le monde avait une certaine idée de la fille d'Henri, et souvent les souverains du monde la qualifiaient de « sans-cœur » « incapable d'aimer ». Et pourtant elle s'était entichée d'un homme banal, en apparence :

-Une guerre pour toi ? Dit Cyril. Elle imagine les conséquences d'une guerre impliquant autant de pays ? Sait-elle dans quoi elle s'embarque ?

-Je ne le pense pas. Réfléchit Salim. Je l'en empêcherais. Dois-je le dire à ton père ?

-Je ne sais pas.

Bientôt tout le palais s'éveilla et les deux hommes allèrent prendre leur petit-déjeuner. C'était lors de ces moments de réunion familiale, qu'Olga se plaisait à observer les faits et gestes des autres et à les interpréter. Sa cible favorite : le couple Salim et Élizabeth. Ce dernier était pleins d'attentions, toujours prêt à rendre service à son épouse tout en gardant une certaine distance pour ne pas la gêner ni la compromettre. Il était doux, calme et attentif. De temps en temps il lançait un sourire à Elizabeth qui pour l'embêter le frappait doucement au bras pour qu'il cesse ce qu'elle appelait « le sourire agaçant ». Aux premiers abords Salim n'a rien de charmant, rien dans sa physionomie qui valent le détour, cependant un charme évident se dégageait de lui de par sa personnalité attachante tout d'abord, puis intrigante. Il était l'homme que l'on aborde pour se sentir désirer, puis que l'on désir à force de discussion. De son côté Elizabeth était assez distante avec son époux malgré une complicité entre eux. En dehors des repas, elle ne lui adressait presque pas la parole, surtout depuis le mariage. Peut-être le considérait-elle comme acquis ? Sa mère espérait que non. Cette dernière soupçonnait sa fille d'agir de la sorte, car elle était trop fière pour avouer et montrer qu'elle appréciait son mari alors qu'on lui avait imposé cette union. Le petit-déjeuner se termina, chacun partit vaquer à ses occupations dont Cyril qui alla dans sa chambre et rédigea une rapide missive à Lana :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant