Chapitre XXVI

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Avec le relatif succès du mariage de sa fille avec un Prince d'Auguste, Vladimir envisageait une nouvelle union matrimoniale. L'Hospodar de l'île Manâm, au nord-ouest de l'Allénie à des milliers de kilomètres de là, avait quatre filles. Cette île était célèbre pour la beauté de ses paysages et de ses femmes, souvent blondes, aux yeux d'un gris profond et énigmatique. Selon la rumeur, l'Hospodar, l'équivalent de l'Empereur, souhaitait marier ses filles. La première Pia, destinée à régner, avait épousé un notable de l'île, un Manaé de pure souche, il y avait une idée de pureté de sang dans cette famille impériale. Cependant l'Hospodar désirait ouvrir son pays à d'autres puissances pour ne pas laisser sa fille régner sans appuis étrangers. Ainsi il envoyait des émissaires pour marier ses trois autres filles. L'émissaire Manaé se présenta à Vladimir lors d'une séance privé au palais Semaine, dans un grand bureau. Il annonça non sans fierté que l'Allénie était le premier choix de l'Hospodar :

-Que voulez-vous dire par là ? Demanda Vladimir.

-Votre fils, son altesse impériale le Prince Cyril, peut choisir entre les trois filles de l'Hospodar. En procédant à une union, vous assurez un soutien sans limite de la part de l'île Manâm envers l'Allénie. Un soutien militaire, financier, commercial, politique. Et comme vous le savez, il ne faut pas négliger la puissance de la flotte manaée.

-C'est une menace ?

-Une précision. Rectifia l'émissaire. Je tenais juste à rappeler les avantages d'une union.

-Votre souverain à trois filles à marier, à qui compte-t-il envoyer des émissaires ? S'enquit Vladimir.

-Au Sultan du Limar et au roi de Postalie. Avoua le Manaé.

Vladimir s'enfonça dans son fauteuil pensif avant de dire :

-Restez en Allénie quelque temps. Je dois parler à mon fils.

L'émissaire s'inclina docilement et disparu par une grande porte. Vladimir quitta rapidement le palais, gagnant sa voiture tirée par quatre chevaux. Il rentrait, comme chaque soir, au palais Duncan. Il était fort occupé en cette période. L'émissaire du Nouveau-Duché ne cessait de relancer ses déclarations insensées, réclamant ce bout de territoire, cette principauté dont le nom ne lui revenait pas. Ce problème le tracassait énormément, alors une nouvelle alliance avec l'île Manâm est bonne à prendre. De plus si deux autres filles épousaient les héritiers du Sultan du Limar et du Roi de Postalie, alors ces deux pays se retrouveraient liés avec l'Allénie. Plus le pays aura d'allié, mieux Vladimir se portera. Pensant trouver son fils, bien sagement dans ses appartements, Vladimir fut surpris d'apprendre de la bouche d'Olga que Cyril était sorti. Dehors à Rebourg, Cyril marchait seul, incognito. Il avait réussi à quitter le palais discrètement, ses gardes pensant qu'il était à l'intérieur et sa mère pensant qu'il était avec ses gardes. Bref il marchait vers un café, celui qui se trouvait sur la place principale de la capitale culturelle du pays. Il y avait une foule de touriste et d'Alléniens de tous horizons. La ville était bien agitée la nuit, Cyril n'en prenait pleinement conscience que maintenant en le vivant. Il poussa la porte du café et avança, le visage enfouit dans un col d'uniforme militaire relevé. Il chercha du regard Lana Ronor. Il sentit une main sur son épaule. C'était elle, aussi inquiète que lui. Elle lui clissa dans l'oreille la raison de sa mine alerte. Venir à Rebourg pour un Ronorien est de loin l'activité la plus dangereuse qui soit. Ils allèrent à une table assez éloigné. Ils commandèrent deux boissons, puis quand ils furent servir, Lana débuta :

-Tu dois te demander la cause de ce rendez-vous ?

-En effet, mais je ne veux guère savoir la réponse, car je sais qu'elle me déplaira au plus haut point.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant