Chapitre III

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Passant la grande porte qui s'ouvrit sur son passage, Elizabeth d'Allénie, actuellement régente de l'Empire en l'absence de son père, ôta son long manteau en fourrure noire et le jeta sur un garde qui le réceptionna malgré la brusquerie du geste. Une réunion d'urgence avait lieu à Macan, la troisième depuis le coup d'Etat des Ronoriens. Depuis ce jour fatidique, Elizabeth n'avait qu'une envie, détruire à jamais cette organisation. Son beau palais de Duncan avait été ravagé, le sang avait coulé sur la place publique de Rebourg, sa mère avait pleuré, alors elle n'en pouvait plus de cette menace, de cette épée de Damoclès levée au-dessus de sa tête couronnée. Les ministres de l'Intérieur et de la Défense étaient présents et attendaient le Régente. La guerre occupait tous les esprits, cependant il fallait se préoccuper du problème Ronorien. Dans le bureau de Vladimir, où régnait le portrait d'anciens Empereurs Moscov, Elizabeth s'assit sur un sofa face aux deux ministres. L'un d'eux débuta :

-Charles Ronor refuse de coopérer pour nous livrer ses complices. Il ne dira rien.

Elizabeth, dont le souvenir de sa chambre souillée, sa chambre, seul lien avec Salim depuis son départ, cette chambre qu'ils partageaient, déclara d'une voix menaçante :

-Alors faites le parler.

-Il ne dira rien. Il préfère mourir.

-Alors faites des exemples. Lança Elizabeth.

-Que voulez-vous dire ? Demanda le ministre de la Défense.

-Exécutez ses compagnons devant lui.

-C'est impossible, la peine de mort est abolie ! S'exclama le ministre. Nous ne pouvons revenir en arrière, cela sera contre constitutionnelle.

La Régente savait très bien cela et pourtant elle tenait à cette idée :

-Nous allons donc changer le Code de Justice.

-Seul l'Empereur peut faire cela avec l'accord des Askans. Prévenu un ministre.

-Sachez que selon la Constitution, le Régent a exactement les mêmes pouvoirs que l'Empereur, ainsi je peux changer les termes du Code. Convoquez les Askans, demain je présenterai mon projet de loi. Les criminels politiques pourront être condamnés à mort !

-C'est votre colère qui parle et non votre sagesse. Tenta un ministre choqué.

Elizabeth le toisa du regard et balaya ses accusations d'un geste :

-Je suis parfaitement conscience de mes actes. Je vous prie de ne pas vous souciez de ce que vous appelez ma colère ! Vous devez m'obéir ! Vous pouvez disposer.

Les deux ministres se levèrent, baissèrent la main d'Elizabeth, et quittèrent le bureau. Son père avait été trop indulgent avec Charles Ronor, lui permettre de fuir, l'exiler au lieu de le retenir prisonnier. Quelle idée ! Voilà le résultat ! Des soldats morts inutilement, des œuvres d'arts disparus dans les poches de ses indigents qui se croient plus fort que les Moscov. Elizabeth allait bientôt remettre de l'ordre dans ce chantier politique causé par Charles Ronor. Seule dans le bureau qui était le sien depuis le départ de Vladimir, Elizabeth maudissait la guerre et les Ronoriens. Salim donnait peu de nouvelle, son père essuyait des défaites face à la Garmanie, l'Auguste n'était pas prête à se battre, et Cyril était bloqué à Taurin. Tout allait mal depuis plusieurs jours. Le rationnement avait débuté, les soldats blessés ou tués débarquaient en masse dans les hôpitaux rapidement débordés. Le morale de la nation était au plus bas, tout comme celui d'Elizabeth qui du haut de ses 22 ans, n'avait guère envie d'être Impératrice, même un temps. Néanmoins elle était née pour ce rôle et devait s'y prêter. Elle s'attabla au bureau et rédigea son projet de loi. Demain elle devra prononcer ce texte devant les Askans et leur vote était primordial. Elle voulait sa vengeance.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant