Deuxième Partie: Les Crises. Chapitre I

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Malgré son statut impérial et matrimonial, le Général en chef Salim d'Allénie avait beaucoup de mal à se faire respecter. En effet officiellement la guerre était due à la revendication de l'Istanie par le Nouveau-Duché, mais tous savaient qu'officieusement c'était la liaison du Prince avec le Grande-Duchesse qui en était la véritable cause. Alors les soldats sous son commandement n'étaient pas enclins à obéir à un homme qui fricote avec l'ennemi. Salim reportait ses espoirs sur le Général Sélène, un homme d'une quarantaine d'année, ayant déjà participé à la guerre contre la Garmanie, il était très grand, fin, avec des manières de bourgeois maîtrisées des favoris malpropres mais élégantes si on faisait abstraction de la saleté. Il était l'adjoint de Salim à la frontière du Nouveau-Duché. Son regard bleu et pénétrant inspirait la considération, et il était respecté par les soldats. Salim passait par lui pour faire connaître les ordres. L'armée de Saphira n'était qu'à quelques kilomètres et avançait relativement vite. Les villes à proximité avaient été évacuées en urgence et les populations déplacées. Tout autour des camps de soldats étaient désert, il n'y avait rien, pas la moindre vie pour compenser cette ambiance de mort, le champ face à eux était la seule chose qu'ils percevaient, sachant que beaucoup d'entre eux allait mourir à cet endroit même. Salim percevait cette étendue de verdure de sa chambre dans le poste de commandement, un vieux bâtiment en pierres froides, bien loin des palais de Rebourg. C'était une ancienne bâtisse qui appartenait auparavant au maire d'une ville voisine et qui l'utilisait pour ses vacances campagnardes. Salim but un café avant de s'habiller et de passer au bureau au rez-de-chaussée. Là, le Général Sélène, qui occupait une chambre voisine, l'attendait dégustant un lait froid, il ne buvait que du lait froid en cette période. Il salua Salim d'un signe militaire :

-Qu'avons-nous aujourd'hui ? S'enquit le Prince fatigué.

Il dormait mal dans son lit de camp, se couvrant du peu de couverture qu'il avait. Il se demandait toujours comment les soldats pouvaient dormir dehors dans des tentes alors que lui il avait terriblement froid dans une maison :

-Les forces du Nouveau-Duché se sont stabilisées à hauteur de la frontière. Je suppose qu'ils nous attendent. Répondit Sélène. Je ne sais quelle tactique vous souhaitez aborder votre Altesse.

Salim soupira et s'avança vers le bureau où régnait des centaines de papier, surtout des télégrammes de Rebourg, dont l'une d'Elizabeth lui annonçait le coup d'Etat raté des Ronoriens, et une carte de la frontière. Les armées ennemies étaient signalées en rouges, une multitude de petits points rouges envahissaient le bas de la carte. Cela faisait trois semaines que rien ne bougeait. Trois longues semaines d'attente, de questionnement, de télégramme d'un Vladimir mécontent de l'état du front. En effet l'Empereur pensait que le Nouveau-Duché serait vite neutralisé, mais les forces maritimes de l'Auguste n'étaient pas prêtes à passer à l'attaque et la situation semblait bloquée. Vladimir poussait donc Salim à attaquer afin de ramener les troupes vers la Garmanie qui était le vrai danger selon lui. Salim s'assit sur un fauteuil et dit :

-Nous devons nous préparer. Il est temps d'en finir, et de ...

Brusquement quelqu'un pénétra dans la pièce, c'était un soldat, il s'inclina docilement vers Salim et prononça difficilement sa phrase étant donné son agitation évidente :

-Votre Altesse, le Général Colpaille veut vous rencontrer.

-Colpaille ?! S'étonna Sélène. Mais c'est le chef des troupes du Nouveau-Duché ! Que veut-il ?

-Aucune idée mon Général, un émissaire vient d'arriver et attend votre réponse.

-Tuez-le ! S'exclama Sélène.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant