Chapitre VI

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Cela faisait quatre jours que le bateau voguait sur les eaux de la mer vers l'Auguste. Elizabeth se sentait seule malgré la présence rassurante de Salim qui tenait à déjeuner chaque midi avec elle, la laissant seule pour le dîner, ne désirant pas s'imposer. Il était amusant, pétillant et charmant. Mais Elizabeth n'était pas du genre à s'enticher du premier homme sympathique venu. Elle marchait chaque jour sur le ponton, une ombrelle sur l'épaule en saluant de la tête les matelots qui s'affairaient au bon fonctionnement du navire. Ils étaient tous des Augustins et ils ne parlaient pas un mot d'allénien. Ce qui ne déplaisait pas à Elizabeth qui ne se voyait pas faire la conversation à tout ce monde. Le seul à qui elle parlait, était Salim. Elle le retrouva sur le pont supérieur près de la cabine de conduite, assis sur une banquette, un livre dans une main et une tasse pleine d'une boisson inconnue dans l'autre. Il ne perçut pas tout de suite la présence de la jeune femme près de lui, concentré dans sa lecture. Il sursauta et sourit. Il posa sa tasse et son livre sur une petite tablette près de lui. Elizabeth s'assit et orienta son regard vers le contenu de la tasse :

-Vous en voulez ? Demanda-t-il.

Son accent à lui seul était amusant, mais elle retint un sourire et acquiesça d'un signe de tête. Il lui donna son verre. Elle but une gorgée et trouva cela très bon :

-Qu'est-ce que c'est ?

-On appelle cela de l'Iulia, c'est une boisson à base de plante verte parfumée moulue, le tout mélangé avec des épices de chez moi. C'est un savant mélange.

-C'est très bon. Affirma-t-elle. Je garde votre tasse.

-Je vous l'offre avec une joie contenue. Dit-il avec ironie.

Elle rit. Il la rejoignit dans son rire. Elle n'avait pas envie d'accoster dans le port et de retrouver un fiancé qu'elle n'aimait déjà pas. Elle s'était promis de ne pas l'épouser. Elle repensait à tout cela et la peur lui tiraillait le ventre comme un poison qui prenait possession de son corps, petit à petit. Salim remarqua l'air pensif de la jeune Princesse. Et alors qu'elle buvait l'Iulia, son corps se crispa, elle pensait à quelque chose de terriblement déplaisant. Brusquement elle demanda :

-Pourquoi donc le Prince a-t-il accepté ce mariage de convenance ?

Salim fut surpris par la question :

-Qui vous a dit cela ?

-Mon père. Avoua-t-elle comme si la parole de ce dernier valait plus que les autres.

-A votre avis qu'a dit le Tariq à son fils ?

Salim eut un sourire au coin assez narquois. Elizabeth comprit que le Prince avait reçu le même discours. Il devait être persuadé qu'elle avait accepté la demande. Vexée, elle déclara :

-Pourquoi êtes-vous comme cela ?

-Comme cela ? Répéta-t-il sans comprendre.

-Vous avez réponse à tout. Cela en devient agaçant. Soupira-t-elle comme exaspérée.

-Ce n'est pas parce que je sais répondre à vos questions que je sais tout. Dit-il d'une voix calme.

Elle lui sourit. Il avait encore raison et sa réponse était plus qu'intelligente et satisfaisante à la fois. Plus elle le côtoyait, plus elle le trouvait intéressant et adroit. Il continua la conversation en expliquant qu'il faisait toujours beau et chaud en Auguste en cette période, alors qu'il pleuvait énormément en fin d'année. Il demanda quel temps offrait l'Allénie en fin d'année :

-De la neige souvent. Répondit Elizabeth ne sachant quoi dire d'autre.

-La neige ? Qu'est-ce que c'est ? Questionna-t-il.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant