Les Seigneurs de Fallaris Tome 1: Allénie

Chapitre II

Le soleil l'éblouit. Il étira ses bras mais sentant une masse sur son torse, stoppa son geste et baissa le regard avant de sourire. Il plaça ses bras autour d'elle avant de lui embrasser doucement le front à travers son épaisse chevelure. Aryna souffla dans son sommeil avant de gesticuler et de basculer sur l'herbe fraiche ce qui la réveilla. Elle ouvrit les yeux et aperçut Cyril qui fixait les branches, celles-ci fendaient le ciel bleu. Ils avaient dormi à la belle étoile, Aryna aimait beaucoup cette habitude et avait entraîné Cyril la veille. Le froid de la nuit, les avaient poussé l'un contre l'autre. Le Prince se redressa et secoua sa veste sur laquelle il était assis. A genoux sur le sol, il se souvint que son pays était en guerre et que lui passait son temps à s'amuser avec une charmante Princesse dans un royaume sûr, loin de tous dangers. Une culpabilité énorme le rongeait. Il était fautif de tous les malheurs de son empire. La guerre : sa faute avec l'affaire Double S, le coup d'Etat des Ronoriens : sa faute avec sa complicité avec Lana. Lana. Dès qu'il se souvenait d'elle, il ne pouvait s'empêcher de se demander s'il l'aimait ou s'il la détestait, ou les deux ? Puis il regarda Aryna qui enlevait les bouts d'herbe de ses cheveux et il oublia Lana. Il sourit :

-Pourquoi souris-tu comme un idiot ? Plaisanta-t-elle.

-Car tu me rends idiot.

Elle ria :

-Nous devrions rentrer, dit-il, l'Hospodar va s'inquiéter.

-Lui ?! Non ! Par contre Harald. Il s'inquiète de tout.

-Dis-moi, pourquoi Harald a épousé Pia ?

-Parce qu'il l'aimait. Dit-elle comme-si c'était la chose la plus évidente du monde.

-Oui, mais Pia ne semble pas l'aimer.

-Si, répliqua Aryna, je te l'ai déjà dit, elle l'aime énormément, mais refuse de le montrer en public. Nous avons été élevé de la sorte, montrer nos sentiments ne fait pas partis de notre éducation, et Pia, en tant qu'héritière, a pris cette directive au pied de la lettre. Moi je ne suis pas comme elle et Jonna non plus. Jonna aime Harald car il est humain, comme toi.

Cyril rougit. Harald était le meilleur homme qu'il avait rencontré, et être comparé à lui l'enchantait. Aryna acheva la conversation en déclarant :

-Ne soupçons jamais la force d'un lien entre deux personnes.

Directement Cyril pensa à ses parents et à cette relation si complexe et en même temps si saine qu'ils avaient. Ils leurs arrivaient de penser à ce passé si encombrant et à se reprocher les malheurs du temps, mais chaque fois, ils finissaient dans les bras l'un de l'autre, comme-si ce passé leur permettait de s'aimer d'avantage de jour en jour. Aryna se leva et avec Cyril, gagna le palais de Pia et Harald. Ces derniers dormaient encore, quand les jeunes gens passèrent la porte de derrière. Ils allèrent chacun dans leur chambre afin de se nettoyer et de se changer. Lorsque Cyril fut prêt, Harald frappa à sa porte. Comme à son habitude le Prince de Manâm, souriant de toutes ses dents, était d'excellente humeur. Il avait dû passer une bonne nuit, pensa Cyril avant d'essayer d'oublier l'image qui se formait dans son esprit. Ce genre d'image qu'il avait eu plusieurs fois mais Lana en était le centre. Il rougit mais Harald ne perçut rien de cet embarras soudain :

-Aujourd'hui l'Hospodar, Jonna et Sofie viennent.

-Pour quelle raison ? Demanda Cyril.

-L'anniversaire d'Aryna. Elle ne t'a rien dit.

Cyril se sentit bête. Cela faisait un mois qu'il était ici et il ignorait la date d'anniversaire d'Aryna. Il n'avait pas de cadeau. Harald avait hâte d'être à ce soir, car une fête de la sorte présumait la présence de plusieurs têtes couronnées et de membre de la famille élargie qui allaient venir ici afin de célébrer l'événement. Pia appela son mari du couloir. Harald, véritablement heureux d'entendre son prénom prononcer par celle qu'il aime, accourut vers elle, laissant Cyril seul. Ce dernier médita sur un possible cadeau, fouillant dans ses bagages, essentiellement composé de ses habits princiers. Il souffla :