Chapitre XI

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Il se trouvait bien stupide maintenant. Il aurait dû s'en douter. En effet à peine fut-il à Orchida avec Lana qu'une bande d'homme plutôt malveillants, le saisirent et l'emmenèrent de force dans une petite maison près d'une place centrale où trainaient les pauvres gens sans domicile. Cyril protesta mollement. Il était impossible qu'il fuie devant tant de personne. Il jeta un œil à Lana qui d'un air satisfait regardait les hommes l'emprisonner dans la dite habitation vétuste. Tout à coup il comprenait tout. Elle n'était pas venue la prévenir d'un danger mais elle devait l'attiré jusqu'à Orchida. Et quelle surprise se fut pour elle quand elle tomba sur lui ! Il avait fuie seul ! Qu'elle aubaine ! Elle avait vu en cette fuite une possibilité de l'emmener là où elle devait. Elaborant un mensonge, elle l'avait mené jusqu'au village alors qu'il avait confiance en elle et le voici prisonnier des Ronoriens. Les hommes l'enfermèrent dans une chambre sale aux meubles quasi-inexistants. Les vitres de la fenêtre étaient teintées de noirs et seuls quelques espaces laissaient filtrés de la lumière. Cyril entendit la clef tourner dans la serrure, il était coincé :

-Me voici, bien. Murmura-t-il.

Ce qui le faisait le plus mal c'était que Lana l'avait trahi. Il avait été aveuglé par elle et sa beauté qui le subjuguait. Il était stupide et s'en voulait terriblement. Il s'assit sur le sol poussiéreux et plaça ses genoux près de son crâne. Il posa son front dessus. Il pensa subitement à sa mère. Elle allait souffrir par sa faute, à cause de son immaturité, de sa bêtise, de son ignorance. Cyril, Prince fantôme et stupide. Piégé aussi facilement. Subitement la porte s'ouvrit. Lana apparut, seule. Elle n'avait même pas pris la peine de s'accompagner d'un homme pour la protéger. Cyril n'était vraiment pas effrayant. Ce dernier ne se redressa pas. A quoi cela sert-il ? Lana ne dit mot, elle s'assit au bord du lit bancal et en ferraille sur lequel trônait un matelas de fortune :

-Je suppose que vous m'en voulez. Commença-t-elle doucement.

Cyril décida de jouer la carte de la menace impériale pour se sortir d'ici :

-Dès que mon père saura que j'ai disparu, vous n'aurez aucun répit. Il vous traquera jusqu'à la mort et vous souffriez.

Lana soupira :

-Nous, Ronoriens, sommes nés pour souffrir sous le joug d'un Empereur tyrannique. Notre lutte n'en est que plus noble.

-Votre lutte ?! S'énerva Cyril.

Il se leva et, debout, associa des gestes à ses paroles. Ses mains partaient dans tous les sens :

-Votre lutte est bien ridicule ! Vous êtes prisonnières des idées de votre père ! Voilà tout ! Votre cerveau est conditionné ! Je vous plains !

-Vous êtes bien stupide de croire que je n'ai pas mes propres idées ! S'écria-t-elle. Vous êtes trop bien né pour nous comprendre de toute manière !

Elle n'aurait pas dû dire cela. Cet argument Cyril n'en voulait pas et le dit sans se retenir :

-Moi ! Je suis né prématuré, pendant la révolution, alors que mon propre père tuait mon grand-père, que ma mère souffrait face à cette situation ! Elle, qui devait choisir entre sa famille et son mari, un homme que je connais à peine car il n'aime que son pays pour qui il pourrait mourir ! Ma famille est un champ de ruine ! Moi bien né ! Vous ne me connaissez pas ! Etre né dans un château ne signifie pas être heureux !

Il s'était approché d'elle et était rouge de colère, ses yeux bleus ressortaient étrangement. Il n'avait jamais parlé comme cela à quiconque. Il avait explosé. Elle le fixait avec une douceur infinie. Elle ne comprenait pas pourquoi ce que lui avait dit son père ne s'appliquait pas à Cyril. Il recula et tourna les talons. Elle l'entendit renifler : il pleurait. Pour la première fois, Lana percevait un nouvel élément qu'elle n'avait jamais pris en compte auparavant : la famille impériale est avant tout une famille avec ses disputes, ses problèmes, ses liens, ses amours, ses souffrances. Il demanda, toujours le dos tourné:

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant