Chapitre XXVII

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Elle le berçait, car il était la personne la plus précieuse de sa vie. Saphira était fière de ce bébé. De ce fils à qui elle avait promis de rendre le trône perdu. Colpaille organisait l'armée, celle du Nouveau-Duché qui avait fui le pays lors de la débâcle. Tout allait très vite, mais Saphira avait peur pour Rafael. Colpaille revenait tous les midis pour déjeuner avec sa reine. Ils discutaient des affaires du royaume perdu. Saphira lui avoua son plan :

-J'irai en Auguste dès demain. J'ai besoin de l'aide de Damir, il me la fournira. Quant à toi, tu pars avec Rafael le plus loin possible.

-Comment ? Je veux me battre.

-Tu protèges le futur roi du Nouveau-Duché. Voici ta mission.

-Si c'est ce que vous souhaitez.

-Prend soin de lui. Moi je vais reconquérir mon pays. Pour lui.

Colpaille n'avait guère envie de partir dans un pays lointain avec un nouveau-né, mais il savait tout l'amour que Saphira portait à son fils, et il prenait cette mission à cœur :

-Avec Damir, nous marcherons vers l'Allénie en partant du Nouveau- Duché, où nous aurons regroupé toutes nos troupes. Expliqua Saphira.

Un pleur de bébé résonna. Saphira se leva et se précipita vers son fils, et lui donna le sein, le tout devant Colpaille. Il savait maintenant qu'il devait aussi prendre une nourrice avec lui. Il rougit à la vue du sein nu de sa Reine. Elle avait changé depuis la naissance de cet enfant. C'était un bout de Salim après tout, alors elle le chérissait plus que tout.

A Balsam, le deuil avait lieu, encore, et ceci depuis presque trois jours, quand Saphira débarqua de son navire au beau milieu d'une nuit chaude et sèche. Damir, de noir vêtu, l'accueillit en lui baisant la main. Elle frissonna de dégout :

-Ton fils va bien ?

-Les adieux furent déchirants. Dit-elle. Mais il se porte à merveille. Cela grâce à sa génétique parfaite.

-Dommage que son père se désintéresse complètement de lui. Rajouta Damir.

Saphira ne répondit pas. Elle ignora ce pique de la part du nouveau Tariq. Ils avancèrent, cachés, cette rencontre ne devait figurer dans aucun document. Leur discussion devait rester absolument secrète. Damir la mena au palais puis dans ses appartements. Ils étaient seuls. Elle n'aimait pas cela. Damir était un être cruel, qui transpirait de désir pour Saphira. Elle sentait ce regard ardent sur elle. Et c'était grâce à ce regard qu'elle allait obtenir ce qu'elle voulait. Il lui servit un verre :

-Un vin Montois. Dit-il en lui tendant.

-Merci.

Leurs verres s'entrechoquaient dans un bruit sourd et ils burent. Damir toucha sa barbe ébène d'un geste fluide, et ne put réprimer un sourire aguicheur :

-Si tu es là c'est pour une raison. N'est-ce pas ?

-Tu le sais très bien. Dit-elle.

-La nouvelle du mariage de la petite Alexane et du petit Francis te rend vulnérable. Analysa Damir. Alors tu as besoin de moi. Je me trompe ?

-Tu me demande si tu te trompes juste pour avoir la satisfaction d'entendre de ma bouche « tu as raison ».

-Et tu n'imagines pas à quel point cela est plaisant. Mais chaque mot qui sort de ta bouche, même la pire des insultes, est un réel plaisir à mes oreilles. Ironisa Damir.

Saphira resta droite et impérieuse devant cet homme dont les gestes trahissaient les envies pécheresses :

-J'ai effectivement besoin de ton aide, de ton armée. Avoua-t-elle.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant