Chapitre X

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A Diavie, capitale du Nouveau-Duché, Saphira surveillait son corps afin de savoir le plus rapidement possible si elle était enceinte. Et ce jour tant attendu arriva. Elle en était sûre à présent et s'empressa d'annoncer la nouvelle à Salim. Secrètement Saphira avait un plan bien simple : sa grossesse avait pour but de retenir Salim prêt d'elle. Persuadé de bien le connaître, elle pensait qu'il resterait ne pouvant supporter de vivre loin de son propre enfant, néanmoins le Salim qu'elle avait connu était mort avec l'amour qu'elle croyait encore grand. Dès qu'il sut que Saphira attendait un heureux événement il demanda sa libération. La Reine n'en croyait pas ses oreilles et se mit à genoux, joignant ses mains, et supplia Salim de rester à jamais auprès d'elle et leur enfant à naître :

-Hors de question ! Hurla Salim. Nous avions un accord ! Laisse-moi !

-Mais nous nous aimons !

-C'est fini ! Saphira ! C'est fini ! Laisse-moi partir !

-Non !

Elle se rua sur lui, il la repoussa en crachant ses paroles :

-Tu me dégoutes ! Regarde ce que tu as fait de moi ! Un simple objet ! Je ne l'ai pas supporté ! Tu as brisé mon amour pour toi en agissant ainsi ! Tu l'as tué !

-Je ne voulais pas....Je ne savais pas. Balbutia-t-elle.

-Tu aurais pu laisser courir tout cela, et garder en mémoire notre si bel amour mais à la place tu as voulu plus et tu as tout perdu, j'ai tout perdu ! J'avais ce si beau souvenir de toi, souriante, heureuse, avec moi et dorénavant mon souvenir se résume à ce que tu m'as forcé à faire, et à cet enfant que je n'ai jamais voulu !

Saphira baissa ses magnifiques yeux vers le sol et ne put dire un mot à Salim. Subitement, elle leva le regard vers lui. Il sursauta, tressaillit et fut choqué. Il n'avait jamais vu un regard pareil. Un regard plein de miséricorde, le regard d'une martyre face à sa sentence injuste, une paire d'yeux si affligée que personne ne pouvait rester de marbre face à eux. Salim venait littéralement de briser Saphira, pas seulement son cœur, mais son âme, sa vie, son corps, elle venait de perdre une partie d'elle-même. Elle venait de tout perdre en un instant :

-Je t'aime Salim, je t'ai toujours aimé, et je t'aimerai toujours, c'est ainsi, rien ne pourrait changer cela, que tu sois un homme cruel ou bon, un homme jeune ou vieux, un Allénien ou un Augustin, marié ou non. C'est ainsi. Tu peux partir. Tu es libre.

-Dans ce cas je pars immédiatement. Souffla-t-il encore bouleversé.

Il prit le peu d'affaire qu'il avait et laissa Saphira à genoux sur le sol froid de la grande chambre. Le Général Colpaille le croisa à seulement quelques mètres de l'entrée. Il salua Salim en lui indiquant où trouver un cheval pour gagner la frontière où étaient postées les troupes Augusto-Allénienne. Colpaille expliqua à Salim que l'Auguste attaquait les ports du Nouveau-Duché en ce moment, puis il se tut se souvenant que Salim était un ennemi malgré sa présence au palais. Ils allèrent aux écuries et Colpaille donna une monture :

-Allez vers le Sud. Vous trouverez un passage pour l'Allénie avec faciliter, le front n'est pas étendu sur toute la frontière. Je sais que vous êtes un homme à abattre mais je tenais à vous dire bonne chance.

-Prenez soin d'elle.

-Vous voulez dire d'eux. Rectifia Colpaille.

-Oui d'eux. Soyez le père que je ne serai pas. Murmura Salim. Soyez l'homme que je ne peux être.

Colpaille sourit puis aida Salim à monter sur le cheval car il était encore faible à cause de sa blessure. Le Prince d'Allénie allait pouvoir regagner son pays. Il serra fermement la main de Colpaille et passa les grilles des écuries. Après la traversée de Diavie, Salim retrouva la grande campagne du Nouveau-Duché ne pensant qu'à l'Allénie durant toute sa chevauchée.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant