Chapitre 11

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Quand je me suis réveillée, j'étais contre quelque chose de chaud, un peu dur mais très très confortable. Je pouvais encore sentir le passage, maintenant sec, de mes larmes sur mes joues. C'est à ce moment-là que je me suis rappelée ce qu'il s'était passé la veille. J'ai ouvert les yeux précipitamment, me retrouvant face à un mur de muscle. Je crois que je n'ai jamais été aussi rouge de gène qu'en ce moment. Ne pouvant pas me lever à cause des bras de Raphaël qui me gardent collée à lui et, me rappelant de mes griffures, je baisse la tête vers ma poitrine pour observer les dégâts. Visiblement ça va mettre du temps à partir, heureusement qu'on est en hiver, j'aurai moins de mal à les cacher.



« Qu'est-ce que tu regardes avec autant d'intérêt sous la couverture ? »



Mais quel abruti celui-là ! Il m'a fait peur.



« T'es vraiment un abruti, je regardais l'état de mes griffures et je voulais pas te réveiller.

-Oh c'est trop d'honneur.

-Je trouve aussi. Bon tu me lâches ? »



Je crois qu'il avait même pas réalisé qu'il me tenait encore. Soit il est pas du matin, soit il est vraiment à la ramasse.



Je me lève, toujours en faisant attention à ma nuisette et vais dans la salle de bain prendre une douche. Quand je suis retournée dans la chambre, Raphaël était déjà habillé et m'attendait assis bien sagement à son bureau.



« Tu sais, t'étais pas obligé de m'attendre, je crois que j'aurai réussi à trouver la cuisine toute seule.

-Peut-être mais ma mère m'aurai engueulé si j'étais descendu sans toi.

-Oh pauvre petit choux.

-Vas-y moque-toi, mais moi j'ai faim et je t'attendrai pas plus longtemps. »



Et il ajouta le geste à la parole en sortant de sa chambre, je l'ai suivi. C'est pas comme si j'avais une autre option.



« J'ai jamais compris pourquoi les filles mettent autant de temps pour se préparer.

-Si tu comprenais ça je me poserai de sérieuses questions. J'ai déjà des doutes que tu sois hétéro.

-Tu vas pas remettre ça... »



C'est dans cette ambiance étrangement joyeuse que nous avons déjeuné. D'ailleurs, ma façon de manger mes tartines lui plaît beaucoup.



« Arrête de te moquer de moi.

-Non mais sérieusement, dit-il en se calmant, qui est-ce qui mange ses tartines en faisant en sorte que le côté qu'on mange soit le plus droit possible ? »



Puis il est reparti dans un fou rire et m'a entraîné avec lui, c'est vrai que c'est bizarre comme manie. Sans nous en rendre vraiment compte la soirée d'hier nous a plus rapproché qu'on ne le pensait, mais pour l'instant la situation n'est pas trop dérangeante. Après m'être brossée les dents, Raphaël m'a raccompagné jusqu'à la porte.



« Bon, je crois que je suis obligée d'admettre que la soirée d'hier était pas si mal. »



J'allai partir quand il a commencé à neiger.



« Attends ! »



Je me suis retournée vers Raphaël qui venait d'entrer chez lui, quand il est revenu il avait une écharpe à la main et il me l'a mise autour du cou.



« Te fais pas d'idées, t'es toujours pas mon genre. C'est juste que ça m'emmerderai que tu tombes malade à cause de moi.

-Je me fais pas d'idées, je suis sûre que t'es gay. dis-je dans un grand sourire qui le fit un peu rire. Euh, au fait, je veux aussi te remercier pour cette nuit, t'étais pas obligé de faire ce que t'as fait. Et merci pour l'écharpe aussi. Et si jamais t'as un souci, je consens à t'écouter.

-Ah oui ? Tu "consens" ? Très bien votre majesté, dans ce cas je viendrai vous voir en cas de problème, dit-il dans une révérence ironique.

-De toute façon, c'est pas comme si tu te gênais avant. Bon à plus, lançais-je en commençant à partir.

-A dans trois jours ! »



Les trois jours qui ont suivi ont été les pires de toute ma vie. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais je stressais beaucoup trop pour une simple rentrée de vacances. Je me désespère de plus en plus. J'ai du mal à m'endormir et quand j'y arrive, soit je fais des cauchemars, soit il y a Raphaël. Non mais comment il a fait pour rentrer dans ma tête en une soirée ? En plus c'est pas la seule chose qui m'est arrivée, à chaque fois que j'entends parler d'un crime, j'ai soudainement mal à la tête. C'est inexplicable !



Nous sommes maintenant lundi, j'ai des cernes de trois kilomètres, j'ai sommeil et en plus il neige. En partant, j'ai pris la première écharpe que j'ai trouvée sans faire attention parce que j'étais en retard et c'est comme ça que je me suis retrouvée avec celle de Raphaël autour du cou. Je ne sais pas vraiment comment je vais lui rendre, je déteste ma vie.



Les cours de la matinée sont passés relativement vite, et les filles ont voulu s'installer à une table dans la cour après manger pour discuter. Vu qu'il fait vraiment froid, tous les élèves sont dans les bâtiments au chaud, se jetant sur les premiers radiateurs allumés, et par conséquent il n'y a presque personne dehors, nous laissant le loisir de parler de tout ce que l'on veut. Et c'est ainsi que les filles se sont mises à parler de leurs projets pour les vacances d'été ; cependant on ne peut pas vraiment dire que j'étais très attentive à la discussion. Je n'arrête pas de penser à Raphaël, ça m'énerve et inconsciemment je remonte l'écharpe jusqu'à mon nez. Son odeur est encore forte dessus, je déteste ça mais ça me détend, et alors que je ferme les yeux, absorbée par l'odeur du bout de tissus, je voix les siens se dessiner sur mes paupières.



« Anna ! Anna ! Tu nous écoutes ? Me demande Manuella à la fois énervée que je sois dans la lune et amusée parce qu'elle va pouvoir me faire un interrogatoire.

-Hein ? Désolé. J'étais dans la lune.

-On peut savoir à quoi tu pensais ? T'avais un sourire idiot, renchérit Roxie.

-Rien d'important.

-Ah oui ? Vraiment ? Dis-moi, c'est la première fois que je vois cette écharpe, elle est neuve ? Elle a l'air de marque, demanda Manuella avec un regard sournois.

-C'est un emprunt.

-Un emprunt ?

-Pendant les vacances j'ai rendu service à quelqu'un et quand je suis partie il neigeait alors il m'a prêté son écharpe.

-Il ? Et on peut savoir qui c'est ce garçon, de qui tu es tellement amoureuse que tu n'écoutes même plus la conversation passionnante de tes meilleures amies ?

-Je suis pas amoureuse de lui ! D'où tu sors ça ? »



Elle allait dire quelque chose quand Raphaël est sorti de derrière un mur non loin de nous et s'est assis comme si de rien n'était à notre table avec un grand sourire.



« Je suis désolé les filles j'ai entendu votre conversation. Tu sais moi aussi je suis sûr que t'es amoureuse de ce mec, dit-il avec un sourire moqueur.

-Crève.

-Combien de fois tu m'as dit ça depuis qu'on se connaît ?

-Pas suffisamment pour que tu le retiennes visiblement.

-Mais admets que t'es amoureuse quand même.

-Si ce mec était moins stupide je pourrais, mais là ça risque pas.

-Admets qu'il est patient et suffisamment rassurant pour que tu t'endormes avec lui.

-C'était un moment de faiblesse, si j'étais pas aussi fatiguée, tu te serais pris ma main dans la figure !

-Vu la tenue dans laquelle t'étais ça m'aurait pas vraiment dérangé.

-Arrête ! Tu sais très bien que j'y pouvais rien !

-T'aurais pu refuser.

-Toi aussi !

-Euh... vous sortez ensemble depuis quand ? s'incrusta Roxie, un peu gênée.

-De quoi tu parles ? Je sors pas avec ce Casanova narcissique, pervers et stupide.

-Pourtant vous ressemblez à un couple, ajouta Manuella.

-Faut croire que c'est difficile de sortir de son rôle quand on en a pas envie, dit Raphaël avec un sourire mi-amusé mi-sérieux. Tu peux garder l'écharpe j'en ai d'autres.

-J'ai pas besoin de ta pitié je suis pas si pauvre.

-Je m'en fou si tu me la rends je te harcèlerais jusqu'à ce que tu la gardes.

-Tu m'énerves. Vas te faire voir ! »



Et il est parti en riant, laissant une Manuella avec des étoiles dans les yeux, une Roxie un peu perturbée et moi aussi rouge qu'une pivoine.

Le jour où tout a basculé (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant