Chapitre 18

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Lorsque nous sommes arrivés au lycée, séparément bien sûr, quelque chose nous a immédiatement sauté aux yeux. Rien. C'est exactement ça ; il ne se passait rien : pas d'élèves qui discutent, qui se crient dessus, qui rient, qui traînent... rien, les groupes d'amis sont présent mais ils ne discutent pas !



Ah, non j'ai rien dit, Manuella vient de me sauter dessus.



« Anna ! C'est un désastre ! Personne ne veux m'aider avec mes cheveux ! Non mais regarde ça ! dit-elle en me montrant sa tête.

-Oui, oui, je vais t'aider. Mais tu sais ce qu'il se passe ici ?

-C'est à cause des infos de ce matin. Tout le monde flippe que ça leur arrive aussi...

-Toi en tout cas, ça à l'air d'aller...

-Évidemment ! D'après le journaliste, tous les élèves ont été hypnotisés, et j'ai lu quelque part que si on y croit pas, l'hypnose ça fonctionne pas ! Donc j'ai rien à craindre.

-Tu es étonnamment optimiste.

-C'est parce que faire la gueule, ça donne des rides. »



J'ai explosé de rire.



Cette fille est folle, elle pense déjà aux rides alors qu'elle a que 17 ans !



La journée s'est passée plutôt normalement, même si tout le monde était sur la défensive. C'est la première fois que je vois autant d'élèves silencieux au lycée. Non mais sérieux ! C'était le calme complet ! J'avoue que ça m'a un peu perturbée de ne plus entendre le bourdonnement habituel des couloirs... Mais bon, je peux comprendre que tout le monde soit effrayé.



Pour être honnête, je ne me suis pas vraiment concentrée sur mes cours aujourd'hui. J'arrêtais pas de penser à tous ces ados qui ont été « hypnotisés ». En fait je me suis dit que c'était peut-être pas de l'hypnose mais un pouvoir, genre quelqu'un capable de te faire faire n'importe quoi sans que tu puisses désobéir, ou autrement dit, quelqu'un possédant le même pouvoir que moi... Non mais à quoi je pense moi ? J'ai dis que je m'en occuperai pas !



Pour rentrer chez moi, je suis passée par le centre ville. J'avais besoin de me changer les idées. Mauvaise solution... Dans tous les magasins et tous les cafés, il y avait toujours un flash info sur cette affaire... Du coup je suis rentrée chez moi. Quand je suis arrivée dans ma chambre, j'ai trouvé Raphaël sur son matelas, hyper concentré sur son ordinateur. Je me suis penchée par dessus son épaule pour voir ce qu'il faisait. Il cherchait des informations sur le type qui pourrait nous aider. Ce qui ne doit pas être très simple vu que la seule chose qu'on sait, c'est qu'il habite à Indicity.



Finalement, je me suis mise aux recherches aussi. Malheureusement, nous n'avons pas trouvé grand chose. Juste quelques informations sur de nouvelles inventions qui rendent service à la ville depuis quelques temps. Mais pas moyen de trouver quoique ce soit sur le type qu'on cherche.



Les deux jours qui ont suivis se sont déroulés sur le même schéma : cours, disputes et recherches infructueuses. On commençait à désespérer quand Pénia est arrivée.



« Ohlala ! Vous avez l'air complètement abattu.

-On trouve rien sur ce type qui pourrait nous aider à Indicity...

-Oh si ce n'est que ça, vous allez adorer ce que j'ai à vous dire ! Osiris était occupé, alors il m'a chargé de faire les recherches à sa place et j'ai trouvé le nom de la personne que vous cherchez.

-Sérieux ? m'écriais-je en me levant brusquement.

-Et oui ! Malheureusement je n'ai pas réussi à trouver autre chose que ça...

-C'est pas grave, ça nous suffira !

-Dans ce cas, il s'appelle Baptiste Spencer. »



Je me suis jetée sur l'ordinateur et ai inscrit le nom dans le moteur de recherche. C'est merveilleux, on a son adresse !



« Mais... il a notre âge ? demanda Raphaël. »



Interloquée, j'ai vérifié l'écran.



C'est vrai ça, il a 17 ans !



« Bin... dans un sens, je vois pas ce qu'il y a de choquant quand on sait que c'est une déesse grecque qui nous a donnée son nom. »



Il a regardé Pénia puis s'est retourné vers l'écran.



« C'est pas faux...

-Bon, je vais vous laisser, j'ai du boulot qui m'attend ! »



Et elle a disparu sans rien ajouter. Nous avons donc commencé les recherches pour notre séjour à Indicity : billets et horaires des trains, prix et distance des hôtels par rapport à la maison de ce « Baptiste »... Étrangement, nous avons eu beaucoup de chance. Quoiqu'à ce niveau là c'est plus de la chance. Les dieux voulaient qu'on le rencontre sinon c'est pas possible : on a réussi à avoir les deux derniers billets de train et les deux dernières chambres individuelles de l'hôtel le plus proche et le moins cher, de notre destination, soit cinq minutes à pied. Alors, je ne sais pas quel dieu nous a aidé sur ce coup-là, mais je le remercie vraiment beaucoup. Parce qu'après tout, plus vite on aura trouvé une solution pour les yeux de Raphaël, plus vite il sera de retour chez lui.



Même si la chance était de notre côté, nous nous sommes quand même couchés très tard et le réveil a été des plus difficiles. Nous avons quand même réussi à nous traîner jusqu'au lycée, bien que ce ne soit pas l'envie de retourner dormir qui nous manque.



Au grand désespoir des professeurs, j'ai rattrapé mon sommeil pendant leur cours. Et j'ai terminé cette matinée à somnoler sur une chaise du self.



« Anna, m'appela Manuella en prolongeant le « a » final.

-Oui, répondis-je sur le même ton.

-Dis-moi, si, par hasard, tu sortais avec Raphaël... tu nous le dirais hein ?

-Mais de quoi tu parles ? »



Je suis tellement fatiguée que je comprend même pas pourquoi elle me demande ça.



« Bin, ce matin vous dormiez tous les deux pendant les cours, du coup, je me suis dit que, peut-être, hypothétiquement parlant, vous aviez passé la soirée ensemble hier. »



Ça, ça m'a réveillé !



« Quoi ?

-Bin quoi ? J'ai le droit de me poser des questions, depuis quelques temps vous discutez plus souvent et là vous... »



Je l'ai arrêtée avant qu'elle dise quelque chose de stupide.



« Je n'ai pas passé de temps avec Raphaël que se soit en journée, en soirée ou la nuit. J'ai juste eu de mal à m'endormir hier soir.

-Pff, t'es pas drôle, t'as jamais rien d'intéressant à raconter.

-Sympa...

-Non, mais c'est pas ce que je voulais dire. C'est juste que tu nous parles jamais de garçons, mais depuis quelques temps, t'as changé. Dans un sens positif hein ! Du coup je me suis dit que t'avais peut-être rencontré quelqu'un et que ça aurait pu être Raphaël. Et que t'aurai pu nous en parler. »



J'ai levé un sourcil.



Elle a pensé à ça toute la matinée ?



« Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai dis ça mais : e ne sors pas avec Raphaël ou avec qui que se soit.

-Mais si c'était le cas, tu nous le dirais ? intervint Roxie. »



J'ai soufflé. Elles sont pas possibles, elles me demandent ça à la moindre occasion. Je me suis contentée de manger. De toute façon c'était pas vraiment une question et elles sont déjà passées à autre chose. Elles sont maintenant en train de débattre sur l'utilité des dessins animés. Ou autrement dit : quelque chose qui n'a absolument rien à voir avec notre conversation de base.



Je comprend pas comment fait Raphaël pour supporter toutes ses rumeurs. A moins qu'il n'y ait que Roxie et Manuella qui se fasse des films... ceci est à confirmer. Mais j'avoue que quelque chose me perturbe dans ce qu'elles m'ont dit : elles trouvent que j'ai changé ? En quoi ?



« Dites pourquoi vous trouvez que j'ai changé ? les interrompis-je.

-Bin quand tu parles aux gens, t'as plus d'assurance, me dit Roxie.

-Un peu comme si tu savais qu'ils peuvent rien te cacher, ajouta Manuella. C'est comme si tu pouvais lire dans leurs pensées pour vérifier ce qu'ils disent. »

Le jour où tout a basculé (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant