Le jour où tout a basculé (En Réécriture)

Chapitre 17

« Ah ! Vous êtes rentrés ! Les lasagnes sont dans le four, elles sont cuites. Je sors avec Annie ce soir! Bonne soirée les enfants et ne faites pas trop de bêtises, débita-t-elle à une vitesse anormalement rapide. »



Je n'ai même pas eu le temps de répondre qu'elle était déjà dehors.



« Ta mère est une vraie tornade, dit Raphaël en riant doucement devant mon manque de réaction.

-Elle est cool à petite dose mais sur le long terme la tornade est fatigante, répondis-je en soufflant. Mais bon, je dois vivre avec et comme elle a fait des lasagnes, je lui pardonne. Bon, à table ! Ça sent trop bon ! »



Nous sommes donc aller manger ces délicieuses lasagnes au goût si fondant.



J'ai jamais compris comment ma mère peut aussi bien les réussir, la seule fois où j'ai essayé, je les ai cramées alors que l'intérieur n'était même pas cuit. Techniquement mon manque de talent culinaire est un exploit quand j'y pense. Je me rappelle que, pour me rassurer quand j'étais petite et que j'arrivais pas à cuisiner, ma mère me disais que c'était parce qu'elle avait un super pouvoir que seules les mamans ont.



Ce souvenir me fit sourire niaisement devant mon assiette. Quand j'ai relevé la tête, Raphaël me regardait, un air interrogateur sur le visage.



« A quoi tu penses ? demanda-t-il. Tu fais une tête chelou.

-Un vieux souvenir, rien d'important. »



Malheureusement pour lui de un : je n'ai pas spécialement envie de lui parler, et de deux : on ne peut pas vraiment se permettre de perdre notre temps à parler d'autre chose que de notre problème oculaire.



Nous avons donc repris la conversation que nous avions laissée en suspens, quand nous sommes arrivés à la maison. Nous avions beau tourner le problème dans tous les sens, impossible de trouver une solution acceptable et possible. La seule chose possible, la plus proche de la réalité en tout cas, que nous ayons trouvée, serait des lentilles de contact avec un verre plus épais et une pigmentation plus prononcée. Mais je nous imagine mal aller chez un opticien et demander ça... Nous étions en pleine réflexion quand Osiris est arrivé, nous interrompant au passage.



« Euh... J'ai loupé un épisode ? demanda-t-il perplexe. Depuis quand vous êtes amis au point que Raphaël mange ici ?

-En fait, il a un problème d'œil alors il squatte ici en attendant de trouver une solution. En gros il se cache de sa mère quoi ! expliquai-je.

-Un problème d'œil ? répéta-t-il incrédule.

-Montre-lui tes yeux, dis-je à Raphaël. »



Il s'exécuta sans résister.



Ça devient de plus en plus fréquent, je vais finir par m'y habituer.



Il enleva ses lunettes et ses lentilles, qu'il avait gardé au cas où ma mère aurait oublié quelque chose.



« En effet, c'est un problème... »



Non ! On avait pas compris ! C'est vrai j'héberge la personne que j'aime le moins juste pour le kiff!



« Vous avez trouvé une solution ?

-Ba, le mieux, ça serait de trouver des lentilles de contact plus épaisses et plus foncées, mais celles qu'il porte sont déjà difficiles à trouver dans le commerce alors...

-J'ai peut-être une solution pour ça. En fait quand je travaille, ça m'arrive de croiser d'autres Dieux et les rares fois où ça arrive, en général on en profite pour discuter un peu.

-Abrège ! Où tu veux en venir ?

-Il n'y a pas longtemps j'ai croisé Loki et...

-Loki ? De la mythologie nordique ? le coupais-je. Sérieux ?

-Il n'est pas aussi méchant que vous le pensez. Enfin bref, toujours est-il qu'il s'est lié à quelqu'un et depuis cet humain à des capacités plutôt... impressionnantes. Je pense qu'il pourra vous aider.

-Cool et tu sais où est-ce qu'on peut le trouver ?

-A environ deux heures de voiture d'ici. A Indicity.

-Indicity ? C'est quoi ce trou paumé ? Tu connais Indicity ? demandai-je à Raphael.

-Non, mais ça doit pas être très grand...

-Ok, deuxième question alors, est-ce que par hasard tu aurais dix-huit ans, ton permis et une voiture ?

-Non, non et oui.

-Ça sert à rien d'avoir une voiture si tu peux pas la conduire... soufflai-je dépitée.

-C'est parce que je fais ma conduite accompagné, mon père avait peur que je casse la sienne... »



Nous avons donc finis de manger avant d'aller nous coucher, soulagés d'avoir une ébauche de solution. Le lendemain, alors que nous déjeunions devant la télé, Raphaël a soudainement monté le son.



« Qu'est-ce que tu fais ?

-Chuuuut écoute ! »



Je me concentrais alors sur l'écran.



« Cela fait déjà plusieurs semaines que nous observons un changement radical auprès de la population. Les étudiants, principalement des lycéens, se mettent à commettre des délits mineurs : vol, vandalisme, tapage nocturne... Les adolescents qui ont été arrêtés affirment tous avoir entendu une voix leur donnant un ordre puis ne se rappeler de rien d'autre avant d'être au commissariat. Les fait montrent... »



J'ai baissé le son.



« Comme si on avait pas assez de problèmes. Tu veux pas qu'on s'occupe de ça aussi quand même ?

-Non, mais je trouve ça bizarre...

-Écoute, si tu veux jouer les super-héros et chercher ce qu'il se passe, vas-y mais d'abord concentrons-nous sur tes yeux, d'accord ?

-J'ai jamais dit que je voulais mener l'enquête, j'ai juste dit que c'était bizarre ! »



J'ai froncé un sourcil.



Il me prend pour une poire ?



« Oui bon ça va, je suis curieux ! Mais c'est normal, regarde ! Ça se passe dans notre ville et autour !

-Si tu veux faire quelque chose attend qu'on ait résolu le premier problème, d'accord ? Et puis de toute façon, je vois pas trop ce qu'on pourrait faire, tu vois les détails et je lis les pensées, pour se battre y'a mieux comme arme...

-Tu dis n'importe quoi, j'avoue que mes yeux servent pas à grand chose mais toi tu peux manipuler l'esprit des gens, tu pourrais leur faire faire ce que tu veux !

-Je ne veux pas forcer les gens à faire quelque chose, parce que ça ne serait pas leur choix, il ne serait pas eux-même.

-Je sais, mais avoue quand même que c'est pratique, parce que même si tu ne les manipules pas directement, tu peux trouver des trucs intéressants pour leur faire du chantage.

-Raphaël... »



J'ai soufflé.



Il ne comprend pas, je ne peux pas m'immiscer dans la vie des gens comme ça. Ça ne serait pas juste.



« Bon, de toute façon je peux pas te forcer, me coupa-t-il dans mes pensées. Mais avoue que ça serait cool de laisser une trace de nous ici. »



Devant mon incompréhension, il précisa.



« Je veux dire, quand on sera mort, à part nos proches, personne se rappellera de nous... Alors peut-être que nos pouvoirs sont là pour nous permettre de laisser une trace de notre passage. »



Je me suis approchée et j'ai goûté son chocolat au lait.



« Hé ! Mais qu'est-ce que tu fous ?

-Je vérifie qu'il y a pas de drogue dedans. Tu dis vraiment n'importe quoi ce matin ! »



Même si je dis ça, je suis obligée d'admettre que moi aussi ça me fait peur que personne ne se rappelle de moi dans quelques années. Peut-être que Raphaël a raison... mais de toute façon je ne l'admettrait jamais ! Ça lui ferait trop plaisir !