Chapitre 8

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« Je suis ravie que tu acceptes. Je me présente je suis Pénia, Déesse de la Pauvreté, tu comprendras donc que je ne le ferai pas gratuitement. »



Je me disais aussi qu'il y avait anguille sous roche.



« Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?

-Accepte la proposition de Raphaël.

-Quoi ?

-Si tu veux que je t'aide tu n'as pas vraiment le choix.

-Mais...

-J'ai une idée ! Explique la situation à ta mère et prends une décision avec elle. Mais rassure-toi, si elle refuse, je ne t'en tiendrai pas rigueur et je t'aiderai quand même. Tout ce que je veux, c'est que tu ne sois pas si catégorique sur ta décision. Par contre, je ne t'apprendrai rien tant que tu ne lui en auras pas parlé. »



Dans quoi est-ce que je me suis encore fourrée...



J'ai attendu que ma mère rentre du travail et je me suis lancée quand on était à table.



« Euh... maman ? Je voudrai te parler d'un truc, un peu compliqué à expliquer et tu vas probablement m'engueuler de te dire ça, mais tu veux bien m'écouter ?

-T'es enceinte ?

-Hein ? Non !

-Alors je t'écoute.

-Et bin, voilà. Y'a un garçon de ma classe qui s'appelle Raphaël. C'est pas mon ami, mais je lui dois un service et il voudrait que je fasse semblant d'être sa petite-amie devant sa mère au premier de l'an, parce qu'elle le harcèle pour qu'il sorte avec quelqu'un. Évidemment j'ai refusé, parce que je voulais pas te laisser toute seule mais il m'a proposé que tu viennes avec moi. Le truc, c'est qu'il faudrait que tu mentes toi aussi, du coup...

-C'est une situation compliquée. »



Je savais qu'elle allait dire ça. Elle va refuser j'en suis sûre. Je suis sauvée !



« D'un autre côté, tu ne m'as jamais ne serait-ce que parler d'un garçon alors... j'ai quand même bien envie de le rencontrer ce Raphaël.

-Quoi ? Mais je te parle pas vraiment de lui ! Enfin si, mais c'est juste parce qu'il m'a aidé y'a pas longtemps et je lui en dois une. On est même pas amis, c'est à peine si on s'adresse la parole alors tu penses bien... »



J'ai été coupée par le regard de ma mère. La situation l'amuse visiblement. J'ai soufflé.



« Alors qu'est-ce que tu décides ?

-Et bien... tu lui dois quelque chose et c'est important de rembourser ses dettes alors pourquoi pas ? Ça changera de d'habitude. Et puis ce qui est un mensonge aujourd'hui peut toujours devenir la réalité. »



Et elle me dit ça avec un grand sourire. Elle se fiche de moi ! La situation l'amuse beaucoup trop, bizarrement je le sens pas trop ce coup-là... Quel est le pourcentage de chance qu'elle me fasse un coup fourré quand on sera là-bas ? A peu près 80% je dirai. Ma mère me désespère...



Nous avons fini de manger tranquillement en riant. Enfin c'est plutôt elle qui riait... elle a passé son temps à se moquer de moi et de la drôle de situation dans laquelle je suis, et où je l'embarque. Le lendemain, Pénia m'a réveillée à 6h du matin. Si j'avais pu je l'aurai frappée (d'ailleurs j'ai essayé mais elle m'a évitée et je suis tombée du lit). Du coup je me suis levée. Autant dire que ma mère était étonnée de me voir debout aussi tôt pendant les vacances. Quand elle m'a demandée pourquoi je ne dormais pas , j'ai juste grogné en disant que je n'avais plus sommeil. Je ne suis pas sûre qu'elle m'ait crue mais on va faire comme si c'était le cas. Elle est partie travailler et Pénia m'a rejointe dans le salon.



« Alors ! Tu es prête ?

-T'es un peu trop joyeuse je trouve...

-C'est normal ! Maintenant j'ai la garantie que tu vas aider Raphaël ! D'ailleurs il faudra que tu le préviennes.

-J'ai pas son numéro et je veux pas prendre le risque de tomber sur sa mère si je vais chez lui. Alors il faudra trouver une autre solution. Bon on commence ? »



Après ça Pénia a commencé à m'enseigner comment contrôler mon pouvoir et toutes ses variantes. Je devais absolument le maîtriser avant le réveillon de l'an, ce qui ne me laissait qu'à peine plus d'une semaine. Ses cours étaient très éprouvants et surtout très fatigants. Ma mère se demandait ce que je pouvais bien faire pour être aussi calme le soir, mais j'évitais la question à chaque fois. Les minutes, les heures et même les jours s'écoulaient et s'enchaînaient à une vitesse beaucoup trop rapide à mon goût. Certains jours étaient plus dur à récupérer que d'autres mais je refusais obstinément de faire une pause. L'enjeu est trop grand, d'après ce que m'a dit Pénia, il y aura beaucoup d'invités chez Raphaël et je ne veux pas prendre le risque de modifier quelque chose en eux sans le faire exprès. Grâce à elle, j'ai également appris que sa mère avait prévu beaucoup trop de nourriture et que Raphaël n'avait trouvé personne pour jouer sa fausse petite-amie. J'ai donc l'avantage, je pourrai aller là-bas avec ma mère à l'improviste et inventer un mensonge énorme pour nous faire entrer.



Nous sommes l'avant-veille du réveillon et mon entraînement est terminé. Seul problème : j'ai une migraine atroce et je suis clouée au lit. J'ai dit à ma mère que j'étais juste fatiguée mais en réalité, j'ai trop forcé. Mon corps et mon esprit sont trop fatigués pour me laisser bouger ou même réfléchir.



« Je t'avais dit qu'il fallait réduire le rythme, me dit Pénia en posant un gant humide sur mes yeux.

-C'est pas comme si j'avais le choix. On a fait un marché et aller à cette fête sans contrôler complètement mon pouvoir aurait été trop risqué.

-Ce n'est pas une raison ! Te ruiner la santé ne te permettra pas d'aider Raphaël !

-Tu t'inquiètes trop. Je vais me reposer toute la journée et cette nuit ; demain j'irai beaucoup mieux. Tu verras !

-J'espère... dit-elle en soufflant. »



Pénia est retournée chez Raphaël. Elle voulait s'assurer que tout se déroulait comme il fallait là-bas. Je me suis rapidement endormie, faisant toute sorte de rêves et de cauchemars étranges. Pendant cette semaine, j'ai découvert toute la portée de mon pouvoir et maintenant il m'effraye. La plupart des fantômes de mon subconscient étaient des créatures vivant à la limite entre l'imaginaire et la réalité, et possédaient toutes une particularité qui me rappelaient mes phobies. Je me suis réveillée le lendemain matin, en sursaut, cette phrase gravée dans mon esprit "Je suis un monstre.". Ce cauchemar était atroce, tellement que j'en ai des sueurs froides. Je ne sais pas si j'arriverai à tenir si je bloque là-dessus. Et encore moins si mon corps a suffisamment récupéré pour résister jusqu'à ce soir, je préfère ne pas prendre de risques. Je vais déjeuner, me doucher et retourner me coucher, de cette façon, je suis sûre de pouvoir m'amuser autant que je le peux en faisant semblant d'être la petite-amie de l'autre idiot.



Cette fois c'est ma mère qui m'a réveillée. On s'est préparées et nous nous sommes dirigées vers la maison de Raphaël. J'avais prévenu ma mère qu'il avait une "grande maison", mais visiblement elle ne s'attendait pas à ça. C'est la première fois que je la vois avec un tel regard de merlan frit.



« T'es sûre que c'est la bonne maison ?

-Ouais, lançais-je dans un soupir de désespoir. »



Nous nous sommes avancées jusqu'à la porte et avons sonné. C'est Raphaël qui nous a ouvert. Il a l'air surpris et me détaille de la tête aux pieds. Je sais pas s'il est surpris de me voir en robe ou de me voir tout court.



« Qu'est-ce que tu fous là ? me lance-t-il en reprenant le ton habituel de nos conversations.

-Je te rends service. Tu poses pas de questions ! Tu me suis dans mon mensonge ! Et je ferai peut-être un effort pour te dire ce qui m'a fait changer d'avis plus tard. »



J'avais à peine fini ma phrase qu'une femme d'une trentaine d'années arriva derrière Raphaël qui assimilait encore toutes les informations.



« Bonsoir ! Lança-t-elle joyeusement. Je suis Madame Jones, la mère de Raphaël.

-Enchantée ! Je suis Anna-Lisa sa petite-amie et voici ma mère. dis-je en la montrant.

-Enchantée ! lança-t-elle à son tour.

-Oh ! Je ne m'attendais pas à vous voir, Raphaël m'avais dit que vous ne pouviez pas venir.

-Je suis désolé nous ne nous sommes libérées qu'à la dernière minute et il n'a pas dû voir le message que je lui ai laissé.

-Ce n'est pas grave ! Vous êtes les bienvenues ! Je suis ravie de vous rencontrer ! Entrez ! »



Nous l'avons suivie à l'intérieur sans rien ajouter, mais quand j'ai remarqué que Raphaël était toujours figé devant la porte, je n'ai pas pu m'empêcher de lui lancer une pique.



« Fais attention Casanova ! Si tu restes planté là tu vas t'enrhumer. »

Le jour où tout a basculé (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant