Chapitre 36

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« Quoi ? Mais... qu'est-ce que tu racontes d'un coup ? paniquais-je.
-Tu ne l'as probablement pas remarqué, c'est quelque chose de quasiment imperceptible chez l'original, mais Roxie a changé depuis ce jour... Parce que lorsqu'un original rejette trop de choses, ça devient insupportable pour nous, au point qu'il est fréquent d'entendre parler de suicide dans notre monde... Mais, quand nous mourrons, l'original devient une coquille vide parce qu'il n'a plus aucun moyen de récupérer tout ce qu'il a rejeté, et il ne peut plus agir que par réflexe... D'ailleurs, tu n'as pas dû essayer de lire les pensées de quelqu'un d'autre que ta mère ou tes amies parce que tu aurais remarqué qu'il n'y a pas que leurs pensées que tu ne peux plus lire... »

Mais c'est quoi cette histoire encore ?

« Quand Roxie s'est jeté du pont, je suis arrivée, un seconde trop tard pour la rattraper. Et je l'ai vu tomber dans le fleuve glacé, elle n'a même pas essayée de nager... elle s'est juste laissée porter toujours plus profondément, toujours plus loin. Et à ce moment-là, j'ai eu peur... Pour la première fois de ma vie, j'ai eu peur de moi-même! Mais je savais que cette peur n'était pas bon signe, parce que si je la ressentais, ça voulait dire que toi non ! continua-t-elle »

Mais à quel point est-ce que je l'ai blessée ?

« Je me suis évanouie et j'ai bien crue que c'était la fin... Mais je me suis réveillée avec un mal de crâne monumental. Et encore pire, ce n'était pas tout... je ressentais... des émotions, que je ne connaissais pas... et ce n'était pas bon signe du tout ! J'ai eu peur pendant des semaines ! A partir du moment où tu es entrée au collège, tu as commencé à te rejeter et j'ai commencé à avoir des envies suicidaires, moi aussi... m'entailler le poignet ou la cuisse ou même le ventre... Mais quand j'ai vu Roxie, j'ai compris que je ne voulais pas mourir... Cette nuit est devenue la seule chose qui me motivait pour rester en vie... poursuivit mon double »

J'ai vraiment fait ça ? Mais... je ne me suis même pas rendue compte que je rejetais quoique ce soit !

« Quand tu as commencé à traîner pour telle ou telle raison avec Raphaël, son double à commencé petit à petit à perdre sa personnalité, ses émotions et même des souvenirs, et quand tu as rencontré Baptiste, il s'est passé la même chose... Mais, alors qu'eux commençaient à s'accepter, toi, tu continuais à te torturer encore plus... J'ai eu peur de mourir, c'est pour ça que je suis venue ! Je voulais te forcer à ressentir de la peur, de la colère et toutes les autres émotions que j'ai ressentie beaucoup trop de fois depuis Décembre...
-Et pourquoi je ne peux plus lire les pensées ? questionnais-je, le gorge serrée.
-Parce que tu es presque devenue une coquille vide, m'annonça-t-elle en pleurant... J'ai échoué, en m'en prenant à tes proches, je voulais que tu te mettes en colère et que tu te ressaisisses, mais j'ai échoué ! »

Alors, je vais devenir une sorte de robot ?

« Non ! »

Euh... cette voix... c'est Raphaël ! J'ai oublié d'éteindre mon micro !

« Si tu crois qu'on va te laisser finir comme ça, tu te goures ! ajouta-t-il.
-Ouais, quel genre de super-héro abandonnerait son amie dans un moment pareil ? »

Ah ! Encore son histoire de super-héro...

« Sérieux ? C'est tout ce que tu trouves à dire ? Elle est en train de crever de l'intérieur et tu lui sors ça ? râla Raphaël.
-Bin quoi, je suis sûr qu'elle aura trop la classe dans le costume que je lui ai imaginé. Et puis, t'es mal placé pour me faire des reproches ! Normalement dans les fictions, c'est à ce moment-là que le mec fait une déclaration toute dégoulinante d'amour et que la fille lui tombe dans les bras ! rétorqua Baptiste.
-Ouais mais on est pas dans un film !
-Et alors ? Tu vas pas me dire que t'es pas...
-Ah ! Mais on s'en fout de toute façon ! Dans tous les cas, je le répète on va pas te laisser tomber maintenant ! coupa Raphaël.
-Ouais, j'approuve ce message ! Dès qu'on sera sorti d'ici, on va t'asticoter jusqu'à ce que tu ne sois plus en danger ! termina Baptiste en riant. »

Quelle bande d'abrutis... Ah ! Mais qu'est-ce que... je pleure ? Mais, et mon double ?

En me tournant vers elle, j'ai pu remarqué que ses yeux étaient rouges, mais il n'y avait plus aucune larmes. Juste un peu de surprise sur son visage quand elle m'a regardé, puis un sourire et finalement du soulagement.

« On dirait que je vais pouvoir partir finalement... A partir de maintenant, je n'ai plus de soucis à me faire, on ne risque plus rien toute les deux, dit mon double en se dirigeant vers la sortie.
-Attend ! Je... je te promets qu'un jour j'arriverai à m'accepter complètement !
-Merci, répondit-elle en souriant. Tes amis sont dans la pièce au fond du couloir à droite, totalement à l'opposé de la porte de la pièce. Ah et, n'oublie pas l'avertissement que je t'ai donné lors de notre première rencontre « l'amour le plus pur qu'une femme puisse éprouver te mènera à ta perte », mais même en sachant ça, je voudrais que t'arrêtes de réfléchir autant... Pour ton bien et celui de Raphaël... »

Et elle a disparue avant de passer la porte.

Euh... pourquoi elle m'a parlé de Raphaël d'un coup ? Bah, on verra ça plus tard.

Je suis donc allée libérer les garçons, mais dès que je les ai vu... j'ai explosé de rire ! Je ne sais pas comment il se sont retrouvés dans cette position mais ça doit pas être très confortable ! Par contre, c'est parfait pour embêter Raphaël...

« Dites donc les gars ! Si vous voulez faire ce genre de choses , je peux vous détacher et vous laisser si vous voulez.
-Arrête de dire n'importe quoi et magne-toi ! Baptiste est un intello, c'est un sac d'os, il est pas confortable ! râla Raphaël.
-Tu peux parler, t'es lourd franchement ! »

Ah ! Je sens que ces deux-là vont bien s'entendre au lycée...

Après les avoir détachés, je les ai guidés vers la sortie, mais à peine arrivés dehors, on s'est retrouvés face aux doubles des garçons. Raphaël était totalement figé, et Baptiste en extase...

« Pas besoin de vous inquiéter, on va rien vous faire, nous dit le double de Raphaël.
-On venait juste s'assurer que tout était rentré dans l'ordre, compléta celui de Baptiste. »

Puis ils ont tout les deux disparus à leur tour.

« Non ! Je voulais discuter avec moi-même ! s'écria Baptiste. »

Mais qu'est-ce qu'on va faire de lui ?

Finalement on a pu rentrer chez nous, après que les deux idiots se sont moqués de mon vélo évidemment. L'accro aux super-héros nous a laissés juste après le panneau d'entrée de la ville, mais il a adressé un clin d'œil très suspect à l'abruti qui me sert d'ami depuis Noël.

« Je peux savoir, ce qu'il s'est passé entre vous deux ?
-Je t'ai déjà dit que j'étais pas intéressé par les mecs.... souffla-t-il.
-Je sais. Ce que je voulais savoir c'est ce dont tu lui as parlé pour qu'il te fasse un clin d'œil en partant...
-Hein ? Euh, bin, c'est que... c'est rien d'important... et comment ça « je sais » ? Tu veux dire que tu te fous de ma gueule depuis le début ?
-Euh, non... je ne l'ai su avec certitude que récemment en fait... »

A cause de Logan... Mais bon, je vais peut-être pas lui en parler maintenant...

« Au fait, toi et Baptiste vous allez avoir du boulot en revenant au lycée, parce que vos doubles ont pris votre place, et du coup, côté relationnel vous êtes pas au top...
-Merde ! Bin j'ai plus qu'à payer un sandwich à Logan et Aaron...
-Leur payer un sandwich ? Pourquoi tu t'excuses pas, tout simplement ?
-Tu me vois aller les voir et leur dire « désolé pour mon comportement de cette semaine, j'étais pas vraiment moi-même, sans rancune ? »...
-C'est vrai, que ça ferait bizarre... Mais bon, vous êtes des mecs, tant qu'on parle de bouffe vous êtes d'accord avec n'importe quoi.
-T'as vraiment une vision négative des mecs... Mais pourtant, au primaire t'étais plutôt du genre à jouer au foot qu'à la poupée non ? »

Ah, c'est vrai qu'il a vu les photos de moi, dans la valise...

Le jour où tout a basculé (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant