Chapitre 37

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« A cette époque, les filles ne m'aimaient pas, alors je restais avec les garçons plus par obligation qu'autre chose, en tout cas au début. Mais finalement c'était drôle de jouer avec eux... expliquais-je
-Et je suppose que rester toute seule n'était pas une option pour toi...
-Qu'est-ce qui te fais dire ça ? m'étonnais-je.
-Je t'ai pas mal observé depuis qu'on se connaît et j'ai remarqué que dès que tu dois te retrouver toute seule même pour deux minutes, tu fais en sorte de discuter avec quelqu'un. »

Je me suis arrêtée de marcher d'un coup...

Non mais c'est quoi, ça ? Il manque plus que la phrase débile du genre : « je t'ai toujours protégé dans le noir, tu es plus importante que n'importe qui pour moi »...

« Bin, pourquoi tu t'arrêtes ? me demanda-t-il en se tournant vers moi.
-Euh, pour rien... mais t'as raison, enfin presque... en fait j'aime bien être toute seule, mais pas au milieu d'une foule. Je déteste le regard des gens...
-Je vois, mais tu sais, si t'arrêtais de faire semblant de me détester, y'aurait plus de moment où tu serais toute seule.
-Hein ?
-Bin, ouais, parce que premièrement je discute quasiment avec personne d'autre que Logan et Aaron au lycée, et deuxièmement, les mecs vont beaucoup moins aux toilettes que les filles, m'énonça-t-il très sérieusement. »

Ah bin ça y'est je suis morte de rire ! Autant son premier point me choque pas vraiment puisque je le savais déjà, mais le deuxième est tellement débile !

« Et bin tu vois, le troisième point c'est que j'arrive très facilement à te faire rire ou te mettre en colère, me lança-t-il en souriant. »

Il faut vraiment qu'il arrête là, j'ai l'impression d'être dans un film à l'eau de rose...

« T'as oublié que t'as réussi à me faire pleurer déjà deux fois aussi, lui rappelais-je.
-Ouais, mais t'es un fille, t'as pas besoin de moi pour pleurer, on a qu'à te coller devant un film super triste et ça viendra tout seul.
-Décidément tu dis vraiment n'importe quoi... Et en plus, tu te rends compte du nombre de phrases nian-nians que t'as dites depuis tout à l'heure ?
-Je crois qu'entendre Baptiste parler de fictions pendant une semaine m'a un peu ramolli le cerveau... »

Il est sérieux ? C'est ça son excuse ? C'est vraiment une nouille celui-là...

« Bon, je tourne là pour rentrer chez moi, lui dis-je. Je te laisse, je dois me dépêcher pour parler à ma mère, je crois qu'on a beaucoup de choses à se dire... D'ailleurs, tu devrais discuter avec ta belle-mère de tes parents biologiques, me rappelais-je.
-Euh... je suis pas sûr que ce soit une bonne idée, déjà que mon double à pas dû être agréable avec elle cette semaine, j'ai pas envie de la vexer en plus.
-Moi, je crois que vous devriez en parler, et avec ton père aussi, d'après ce que je sais, ça pourrait t'aider d'en savoir un peu plus.
-Si tu le dis... ma lança-t-il en haussant les épaules. Je lui demanderai demain, elle doit sûrement dormir là... Bon bin bonne nuit ! »

Cette fois j'en suis sûre, il est bizarre. Mais bon, je suppose que passer une semaine saucissonné comme un rôti dans un bâtiment abandonné et avec pour seul compagnie un mec fan de fictions, ça doit changer quelqu'un.

Quand je suis arrivée chez moi ma mère m'attendait dans le salon, elle avait l'air très fatiguée, ce que je peux comprendre puisqu'il était déjà 23 heures et quelques... mais dès qu'elle m'a vue, elle s'est jetée sur moi et s'est excusée d'avoir agi bizarrement cette semaine. Apparemment ce soir elle a vraiment eu peur que je fasse une fugue... Mais je l'ai interrompu dans son monologue pour lui demander clairement si elle m'en voulait pour la mort de papa. Au début, elle n'a pas compris ma question et quand je lui ai expliqué que je me sentais coupable de son accident, elle n'a rien dit et s'est contentée d'aller chercher un album photo.

Dedans, il y avait des portraits de tous les hommes de la famille du côté de mon père, à la différence de la dernière photo qui n'était pas un portrait de lui mais une photo de nous deux. Ma mère m'a expliqué qu'elle avait beaucoup hésité avant d'accepter de fonder une famille parce qu'ils étaient jeunes et qu'elle avait peur de le perdre ; mais mon père avait insisté en disant que de toute façon la vie n'est pas éternelle et que s'ils n'avaient jamais d'enfant, le jour où l'un d'eux mourrait, l'autre se retrouverait vraiment seul... Apparemment, son argument a convaincu ma mère et quand ils ont appris que j'étais une fille, ils n'ont pas su comment réagir, comme il n'y en avait jamais eu dans la famille de mon père, ils ne savaient pas si c'était un signe ou si ça ne changerait rien. Mais ils ont fini par se mettre d'accord sur le fait que quoi qu'il arrive, ils ne regretteraient jamais leur décision. Finalement, au cours de cette conversation ma mère s'est mise à pleurer et je n'ai pas pu m'en empêcher plus longtemps non plus... Avoir discuté avec elle m'a fait réalisé à quel point j'avais été stupide de douter autant...

Le lendemain, quand je suis allée en cours, Manuella et Roxie m'ont sautée dessus et se sont totalement perdue dans leurs propres excuses. Elles n'arrêtaient pas de répéter qu'elles étaient les pires amies du monde et que je devrais les fouetter pour m'avoir laisser tomber. La remarque m'a fait rire et, quand je leur ai dit que je ne leur en voulais pas, elles ont quand même insisté pour me faire un cadeau d'excuse. Du coup, après les cours, elles me payent le cinéma.

Raphaël, de son côté, a eu un peu plus de mal avec Logan et Aaron... Enfin c'est ce qu'ils ont voulu lui faire croire. Quand il leur a proposé de leur payer les sandwichs de leur prochaine sortie, ils lui ont répondu que s'il voulait se faire pardonner « un pauvre sandwich tout sec va pas suffire, il faudrait au moins un bon resto ! ». Bien sûr Raphaël n'a absolument pas les moyens de leur payer ça, il leur a fait remarquer et, après l'avoir fait tourner en rond pendant un certain temps, ils ont repris une conversation normale. Enfin c'est ce que je croyais jusqu'à ce que j'entende Raphaël crier un « Quoi ? » très sonore... Quand je me suis tournée vers eux, il était tout rouge et Logan s'excusait à moitié en riant alors qu'Aaron n'essayait même pas de se retenir.

Je devine assez facilement ce qu'ils viennent de se dire...

Quand Baptiste est arrivée, il a failli s'installer dans un coin tout seul, alors je suis allée le voir et je l'ai traîné jusqu'aux garçons. D'abord un peu perturbés, Logan a fini par agir normalement, au contraire d'Aaron qui en a fait des tonnes comme quoi j'étais cruelle de leur imposer la présence de la personne qui les a embrouillés avec Raphaël, ce à quoi j'ai répondu que premièrement : s'ils n'avaient pas été en froid, ils ne m'auraient jamais parlé, et deuxièmement : il réagissait comme une petite fille. Le dernier argument l'a achevé et il a arrêté de faire semblant d'être dans une mauvaise série télé.

Finalement, cette année aura été mouvementée, mais elle est bientôt finie et j'ai hâte de savoir ce qu'il va se passer ensuite, même si j'en ai bien une petite idée. Avec un peu de chance l'année prochaine, Raphaël et Baptiste n'auront plus besoin d'en faire des tonnes avec moi... Mais pour je ne sais quelle raison, j'ai l'impression qu'à partir de maintenant, peu importe ce qu'il m'arrivera, j'arriverai à le surmonter. En fait, c'est probablement parce que je sais que je ne serais jamais vraiment toute seule.

Le jour où tout a basculé (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant