Chapitre 30

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« Tu ne peux pas gagner sans moi »... cette phrase a tourné en rond dans ma tête toute la matinée. Et j'ai eu tout le temps de ruminer dans mon coin puisque plus personne ne me parle. J'étais toujours en train de broyer du noir quand j'ai percuté quelqu'un.


Ah ! Ça me rappelle la première fois que j'ai parlé à Raphaël... Non mais je pense à quoi moi ? C'est n'importe quoi !

« Désolé, dis-je en levant la tête pour apercevoir Arthur.
-C'est pas grave. Mais dis-moi, tant que je t'ai sous la main, tu as des problèmes en ce moment ?
-Euh pas plus que d'habitude, pourquoi ? »

Bon, je lui ai pas dit la vérité, mais techniquement je lui ai pas menti non plus...

« Hier et aujourd'hui, tu n'as pas discuté en cours, je trouve ça assez étonnant, remarqua-t-il.
-Ouais je suis euh... en froid avec mes amies en ce moment...
-Tu sais si tu as des soucis, tu peux m'en parler. Je suis un peu là pour ça aussi.
-Oui, merci. Bon au revoir Art... euh, M. Shaddy, me rattrapais-je un peu gênée en m'éloignant. »

Mon Dieu, mais quel boulet ! D'abord je me mets à dos mon double maléfique qui est en fait une partie de moi.

« Ne t'inquiète pas trop ça se terminera bientôt, me cria Arthur alors que j'atteignais le bout du couloir. »

Euh... What ? « ça se terminera bientôt » ? Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? Bizarrement je le sens pas trop... Enfin, c'est pas comme si il pouvait m'arriver quelque chose de pire que ce que je vis en ce moment.

Je suis allée sur le toit qui est devenu, depuis hier, mon endroit préféré. C'est pratique, il n'y a jamais personne et ça me permet de réfléchir tranquillement. A peine arrivée, je me suis avachie contre le mur à côté de la porte. J'étais en train de me rappeler que j'avais croisé Baptiste avec Raphaël ce matin. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, c'est chelou, quand je lui ai parlé ce week-end il m'a dit qu'il sécherait cette semaine pour s'installer correctement chez lui... J'en étais là quand quelqu'un est apparu devant moi. Portant une sorte de combinaison verte un peu bizarre, il me souriait de façon euh... non je sais pas trop comment d'écrire son sourire, mais ça non plus je le sentais pas.

« Bonjour, je suis Loki, Dieu de la tromperie, ravi de te rencontrer. »

Je vois c'est pour ça que je le sentais pas...

« Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? demandais-je.
-Oh, tu me tutoie déjà ! Génial, ça m'évitera de te convaincre que je ne suis pas ton ennemi. J'ai besoin de ton aide, Baptiste a disparu.
-En fait c'est surtout parce que tu me tutoie que je fais pareil... pour ce qui est de la confiance, on peut pas dire que « Dieu de la tromperie » m'incite à te croire. Surtout que Baptiste est en ce moment avec Raphaël, quelque part dans le lycée.
-Je comprends ton point de vue, mais je t'assure que celui que tu prends pour mon disciple n'est pas celui que tu crois.
-Ton « disciple » ? répétais-je perplexe.
-Bon d'accord peut-être pas mon disciple, mais n'empêche que je détecte les entourloupes à des kilomètres. Et je sais qu'il y a deux personnes se faisant actuellement passées pour Baptiste et Raphaël. »

Nous appellerons ça la technique « prend-moi pour une cruche ».

« Si ce que tu dis est vrai, alors Pénia serait immédiatement venue me voir, probablement en larmes, dis-je alors que la dénommée apparaissait devant moi, effectivement en larmes. »

Nous appellerons ça la technique « je me suis montrée comme une cruche mais c'est pas grave ».

« Anna ! C'est la catastrophe, articula la Déesse du mieux qu'elle put à travers ses larmes.
-Laisse-moi deviner, Raphaël a disparu et quelqu'un se fait passer pour lui... la devançais-je.
-Comment tu l'as su ? demanda-t-elle. Tu ne peux pas lire dans mes pensées normalement !
-Bonjour Pénia, l'interrompit le Dieu en souriant, amusé.
-Bonjour Loki, répondit la dénommée par réflexe avant de capter qui lui avait parler. »

C'est ce que j'appelle un visage choqué. C'est assez drôle à voir, j'avoue.

« De toute façon, je vois pas ce que je peux faire pour vous, je ne leur parle plus depuis qu'on s'est vus chez Raphaël lundi...
-Raphaël n'est pas rentré lundi, m'annonça Pénia.
-Quoi ?
-Baptiste non plus, ajouta Loki.
-Mais alors, depuis combien de temps ils ont disparu ? »

Mon Dieu, j'espère que j'ai rien dit de bizarre au faux Raphaël !

« De toute façon, on doit trouver une solution avant qu'il leur arrive quelque chose. Qui sait peut-être que là où ils sont ils ont froid, faim et se font affreusement mal traiter, explosa subitement Pénia, toujours en larmes.
-Tu es un Dieu intelligent, tu n'as aucun moyen de les localiser ? demandais-je à Loki.
-Aucun... je ne peux rien faire tout seul, c'est pour ça que je suis là, sinon je ne t'aurais jamais demandée.
-Sympa... Bref, de toute façon, je n'ai aucun moyen de savoir où ils sont pour le moment. Mais retrouvez-moi chez moi ce soir. Osiris sera sûrement là, il pourra peut-être nous apprendre quelque chose. »

C'est ainsi que cette conversation s'acheva. Par contre la fin de la journée fut affreusement longue, je ne pouvais pas m'empêcher de surveiller « Baptiste » et « Raphaël ».

Ils ressemblent tellement aux vrais. A la différence près qu'ils ne m'embêtent pas, eux... Non mais franchement, à m'entendre on pourrait croire qu'ils me manquent ! Bien sûr que non, en fait c'est même le contraire, je suis ravie de ne plus les avoir sur le dos ! Je m'inquiète de leur disparition c'est tout !

Et c'est en essayant de me convaincre moi-même qu'il ne s'agissait que d'inquiétude que je suis rentrée chez moi. Sachant pertinemment que ma mère m'ignorerait ou me crierait dessus, j'ai choisi de ne pas passer par la cuisine. Par contre en arrivant dans ma chambre, j'ai eu l'impression d'avoir organisé une soirée pyjama puisque trois Dieux étaient en train de discuter. En m'entendant ouvrir la porte ils se sont tous tournés vers moi.

« Alors, Osiris, qu'est-ce que tu peux nous apprendre de nouveau ?
-J'avoue : pas grand chose, malheureusement... Tout ce que je sais, c'est que lundi en rentrant chez lui, Raphaël a été attiré dans une petite rue pas loin du lycée, et celui qui en est ressorti n'était pas lui. Baptiste a disparu de la même façon, il sortait de chez lui, a été attiré dans une petite rue et a disparu, remplacé par quelqu'un d'autre... exposa Osiris.
-Je vois, mais si ce que tu dis est vrai, alors on a une chance de les retrouver.
-Vraiment ? s'exclamèrent les trois divinités ensemble. »

Maintenant que j'y pense, on forme une sacré équipe de bras cassé : les Dieux de la mort, de la tromperie et de la pauvreté et une fille totalement paumée... Mais bon, on fait avec les moyens du bord !

« Ouais, Baptiste nous a donné des micros et des oreillettes il n'y a pas longtemps, alors ils doivent toujours les porter puisqu'ils les avaient au moment de leur disparition... »

Je me suis dirigée vers ma table de chevet, où j'avais rangé ces objets, et les ai sortis de ma boîte à bijoux.

« Si ils vont bien, ils répondront d'une façon où d'une autre. »

J'ai mis mon oreillette avant d'allumer mon micro-micro. J'ai entendu un grésillement et ai commencé à appeler Baptiste et Raphaël. Un deuxième grésillement s'est fait entendre suivit d'un « aïe ».

« Putain, dégage, t'es lourd ! cria une voix qui sembla être celle de Baptiste.
-Ouais bin facile à dire, mais c'est pas si simple quand on est saucissonné comme ça, râla une deuxième voix qui devait être celle de Raphaël.
-Bon, les mecs je veux pas vous interrompre, mais vous êtes où ? demandais-je subitement.
-Dans un entrepôt très glauque visiblement...
-Nos doubles nous ont enlevés, apparemment on les amuse plus, intervint notre génie en herbe.
-Vous voyez rien qui pourrait m'aider à vous localiser ?
-Bin moi j'y vois rien tout court donc... annonça Baptiste.
-Y'a plein de caisses partout, mais elles sont vides, je pense pas que l'endroit soit encore utilisé, m'expliqua l'abruti dont le seul but semble être de me causer des problèmes. On est contre un mur à l'opposé de la porte donc je peut pas te dire à quoi elle ressemble y'a trop de trucs devant.
-Raphaël, concentre-toi, tu m'as dit que si tu le faisais suffisamment tu pouvais voir à travers un mur, alors c'est le moment de le prouver. »

Le jour où tout a basculé (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant