Chapitre 6 (réécrit)

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Tout naturellement, Raphaël a profité du fait que l'on soit dans lamême classe pour jouer avec mes nerfs. Toute la journée, il meglissait un très peu discret « oublie pas de m'attendre à lafin des cours » dès qu'il me croisait. Une fois, alors que jem'appliquais à l'ignorer en sortant du self, il passa derrière moiet répéta cette même phrase, me faisant sursauter, ce qui le fitbeaucoup rire... C'est ainsi que la journée s'est passée :dans l'attente, l'impatience d'y mettre un terme et l'énervement.

Je sortis en dernière de la classe à la fin de la journée.C'était plutôt inhabituel pour moi mais si j'avais une chance pourque Raphaël parte en m'oubliant, je n'hésiterais pas à la saisir.Pourtant en passant le portail, il était là. Adossé au murd'enceinte, scrutant les élèves qui quittaient le lycée, ils'approcha dès qu'il me vit.

J'avais remarqué que les gens commençaient à lancer des rumeursdepuis ce matin là. C'était probablement due à l'impressiond'inaccessibilité que donnait Raphaël, mais je ne me voilais pasla face : ma tendance à éviter les hommes en général y étaitprobablement pour 50% aussi. C'était très énervant pour moi. Detoute les personnes avec lesquelles j'aurai pu être associée, ilfallait que ce soit lui qui soit élu gagnant à la loterie de mamalchance.

Je me demandais vaguement si lui aussi était agacé par lasituation mais je me repris aussi tôt. Cet abruti n'avait qu'à sedébrouiller tout seul ! Après tout, c'était sa faute si cesrumeurs existaient.

Nous marchions depuis quelques minutes et le silence devenaitpesant quand je commençait à m'impatienter. Il était venu pour meparler et me l'avait fait comprendre de façon très peu subtiletoute la journée, alors qu'est-ce qu'il attendait ?

« Alors ? Qu'est-ce que tu me voulais ? cédais-jefinalement.

-Est-ce que tu leur parles ? »

La surprise m'arrêta net au milieu de la rue. D'où sortait-il ça ?Je ne voyais qu'une seule solution, maintenant que j'étais face aumur : nier en bloc en espérant qu'il n'avait pas de preuves.

« Bien sûr que non. D'où sors-tu ça ? C'est n'importequoi !

-Je t'ai vu parler avec cet homme sur le toit du lycée le jour oùtu t'es évanouie. »

Et bien, les dieux ne m'avaient pas entendue cette fois...

« Si tu connaissais déjà la réponse, pourquoi as-tu poser laquestion ? Tu veux me faire du chantage ? Pourrir maréputation inexistante ? Qu'est-ce que t'attends de moi ?

-Pour commencer, tu pourrais arrêter de voir le mal partout. J'aijuste besoin que tu me rendes un service, mais je peux pas t'en direplus là.

-Et pourquoi je ferais ce que tu me demandes ? Je n'ai aucuneraison de faire ce que tu veux, on n'est même pas amis.

-Pour me remercier de t'avoir emmener à l'infirmerie l'autrejour ? »

Il y avait des fois où j'aurais vraiment dû me taire. A ce momentlà, par exemple, j'aurais pu me contenter de tourner les talons etrentrer chez moi, mais non... Je lui avais demander desjustifications... Quelle idiote ! Et lui aussi, qu'est-ce qu'ilpouvait m'énerver !

« Très bien alors dis-moi au moins où on va.

-Chez moi, conclut-il. »

Comment ça « chez lui » ? Qu'est-ce que c'étaitque ce plan ? Je commençais à imaginer les pires scénariosquand une solutions aussi stupide qu'inutile s'imposa à moi :si je restais immobile peut-être qu'il m'oublierais ici, ou qu'ilpenserait que je me suis endormie et partirait sans moi...

« Tu devrais avancer, ça m'étonnerait que tu acceptes que jete porte. »

Cette phrase me convainquit immédiatement. Aller chez lui nem'enchantait pas vraiment mais je préférais encore ça à me faireporter à travers toute la ville, surtout par lui.

Le jour où tout a basculé (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant