Chapitre 12

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La semaine s'est écoulée à une vitesse impressionnante et nous sommes déjà vendredi. Tout au long de cette semaine, je me suis appliquée autant que possible à détester, éviter et maudire Raphaël.



A cause de cet idiot, Manuella et Roxie n'arrêtent plus de se faire des films et veulent que je leur donne les détails. Mais quels détails ? Il n'y a rien entre nous de toute façon ! Non ?



Le sommeil ne m'est pas vraiment revenu non plus, mais ça s'arrange un peu avec les somnifères, et pour mes maux de tête, j'ai beau prendre tous les anti-douleurs que je connais, rien n'y fait.



Par je ne sais quel miracle, ou plutôt, par quel malheur, je suis arrivée au lycée en même temps que Raphaël. Mais il avait des lunettes tintées. J'allais lui demander pourquoi mais il m'a mis un vent royal en entrant dans la salle de cour, me laissant la bouche ouverte dans le couloir.



C'est définitif : je le hais !



J'ai fini par entrer moi aussi et je me suis assise à ma place pour regarder par la fenêtre en attendant la pause déjeuner.



« Alors ? Tu veux toujours pas admettre que t'es amoureuse de Raphaël ? me demande Manuella avec un grand sourire.

-Je suis pas amoureuse de lui ! C'est un abruti, narcissique, dragueur et menteur en plus de ça!

-Oula ! Il s'est passé quelque chose entre vous ?

-Je vois pas ce qui te fait dire ça. Je le déteste depuis qu'on se connaît.

-Peut-être, mais c'est la première fois que tu utilises l'adjectif "menteur" pour lui. Il t'a posé un lapin ? Il t'a dit qu'il avait pas de copine et t'as découvert que c'est faux ? Il a couché avec toi et t'a jeté juste après ? Me dis pas que t'es enceinte ?

-Quoi ? Mais tu dis n'importe quoi ! Je suis pas amoureuse de lui, je sors pas avec lui, j'ai pas couché avec lui et je suis pas enceinte ok ?

-D'accord mais alors explique-moi : qu'est-ce qui fais de lui un menteur ? »



J'ai détourné le regard ne sachant pas vraiment quoi répondre.



C'est vrai, il m'a dit qu'il viendrait me voir s'il avait un problème, mais c'en est peut-être pas un. Mais pourquoi cet abruti refuse de sortir de ma tête ? C'est pas comme si j'étais... Ok, je vais arrêter ma phrase ici avant de partir dans des divagations absurdes.



Finalement j'ai changé de sujet. Je n'avais pas la réponse à sa question alors ça ne servait à rien de continuer d'en parler. Ou plutôt je ne voulais pas savoir.



Quand on est retourné en cours, on a croisé Raphaël, Aaron et Logan. Et il faut croire que le voir faire comme si de rien n'était m'a énervé parce que je lui ai lancé un regard tellement noir que ces amis ont fait un pas en arrière.



"Qu'est-ce qu'on a fait ? Pourquoi elle nous regarde comme ça ?"



"Elles est bonne, mais là elle fait flipper. Mais... c'est Raph' qu'elle regarde comme ça ? Qu'est-ce que cet idiot a encore fait ?"



Là, je me sens mieux ! J'avoue que Logan est moins idiot que ce que je pensais.



La fin des cours est arrivée plutôt rapidement et c'est déjà le week-end. Je suis rentrée chez moi et j'ai trouvé un mot sur la table, il était écrit: "Je vais rentrer tard, mange sans moi. Maman". Bon, c'est peut-être pas plus mal, au moins je me défoulerai pas sur elle... J'allais prendre quelque chose à manger dans le frigo, quand on a sonné à la porte. J'ai ouvert et là, le choc !



« Raphaël ? Qu'est-ce que tu fais là ?

-C'est toi qui m'a dis que je pouvais venir te voir si j'avais un problème.

-Et ?

-J'ai un problème. Après si tu veux pas m'écouter je peux toujours partir.

-Entre. »



Je l'ai emmené dans le salon.



« Euh, je préférerai aller dans ta chambre. Y'a trop de fenêtre ici, on pourrait nous voir.

-Pourquoi j'ai l'impression que tu vas me sauter dessus ?

-Peut-être parce que t'aimerais que je le fasse.

-Prend pas tes rêves pour la réalité Casanova. Je te montre le chemin.

-Pas la peine, je sais comment on y va, dit-il en commençant à partir.

-Quoi ? Mais comment tu sais ça ? dis-je sur ces talons.

-Euh, j'ai mes sources.

-Y'a un truc que tu m'as pas dis?

-Tu vas le savoir dans pas longtemps. »



Et il a plus rien dit jusque dans ma chambre. Il a juste ouvert la porte et s'est dirigé vers mon lit pour s'y asseoir sans jeter un coup d'œil au reste.



« Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que t'es déjà venu ici ?

-Et si tu me laissais t'expliquer mon problème ? »



Je me suis assise à côté de lui.



« Je t'écoute.

-D'abord y'a un truc que je t'ai pas dis sur mes yeux.

-Ouais ça j'avais compris.

-Non, s'il-te plaît m'interromps pas ! On parlera de pourquoi je porte des lunettes teintées après. »



Il a pris une grande inspiration et il a continué.



« Je vois des choses que les gens normaux ne peuvent pas voir. »



Ouais ça j'étais au courant. Mais je vais pas le dire, sinon il va s'arrêter.



« Rien qu'à ta tête je sais ce que tu penses. Et c'est pas ce que je voulais dire. Je vois tout. Littéralement tout. Si tu veux je te donne un exemple, le tapis à nos pieds, t'avais fait une tâche dessus juste ici, dit-il en pointant l'angle en haut à droite du rectangle.

-Comment tu sais ça ? C'était l'année dernière, t'habitais même pas ici.

-Il reste des traces de, je sais pas ce que c'était, dans la fibre du tissus de base.

-La fibre ? Dis-moi, jusqu'où tu peux voir?

-Jusqu'à la composition des cellules d'un corps et aussi... »



Qu'est-ce qu'il veut que je réponde à ça ? Je peux même pas refermer ma bouche.



« Parce qu'il y a autre chose ?

-Si je me concentre, je peux voir à travers un mur normalement.

-C'est... énorme ce que t'es en train de me dire là. Tu t'en rends compte ?

-Plus que lire dans les pensées ?

-Non, mais c'est... je... c'est tellement... C'est pas grave, j'arriverai pas à faire une phrase cohérente alors si tu continuais ? »



Il s'est contenté d'enlever ses lunettes, il avait encore ses lentilles et pourtant...



« Oh mon dieu ! On voit tes yeux à travers.

-Je peux pas prendre le risque que ma mère me voit comme ça. Elle serait tellement surprise qu'elle s'évanouirait.

-Attend une minute, comment c'est possible que ta mère soit pas au courant ?

-Parce que c'est pas vraiment ma mère. Ma mère est morte à ma naissance et mon père s'est remarié quand j'étais en cinquième. J'ai jamais eu de mère alors ça m'a paru évident de l'appeler comme ça au début et c'est resté.

-Et ton père ?

-Il passe sa vie à l'étranger en voyage d'affaires. Je veux pas qu'elle me voit comme ça. Je peux pas rentrer chez moi tant que j'ai pas trouvé une solution pour mes yeux. »

Le jour où tout a basculé (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant