Chapitre 38

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Je me rappelle que si j'avais écrit tout ça, à l'époque, c'était parce que je voulais laisser une preuve que j'avais existé. Ça remonte déjà à une vingtaine d'année, c'est tellement nostalgique... Mais si j'ai décidé d'écrire dans ce carnet aujourd'hui ce n'est pas pour parler d'événements qui ont déjà été racontés.

A la fin du lycée, tous le monde a fait des études différentes. De temps en temps, j'ai des nouvelles de Logan et Aaron, ils sont devenus respectivement designer et prof... d'ailleurs maintenant que j'y repense, ça nous avait tous choqué qu'Aaron veuille devenir prof... Aujourd'hui, il n'y a que Logan qui soit en couple, son copain est plutôt sympa d'ailleurs.

Manuella est devenue esthéticienne, ce qui lui permet d'être au courant de vraiment beaucoup de choses, principalement des ragots en fait ; mais elle dit que ça fait partie des avantages du métier.

Roxie ne nous a pas donné de nouvelle depuis qu'on a reçu nos diplômes, mais sachant qu'elle n'est plus capable de ressentir quoi que ce soit, ce n'était pas très étonnant. Elle s'est contentée de suivre le mouvement, elle est partie pour ses études et en même temps elle nous a consignés dans ses souvenirs.

Loki, Pénia et Osiris ont continué à veiller sur Baptiste, Raphaël et moi.

D'ailleurs, Baptiste travaille en temps qu'inventeur et informaticien pour les services secrets. Enfin, officiellement parce qu'il a aussi un deuxième boulot encore plus secret que le premier. A l'insu de tous ses collègues, lorsqu'il y a une affaire trop compliquée et qu'il est le seul à voir la solution sans pouvoir en parler aux autres, il récupère des informations et nous dirige Raphaël et moi pour ces missions « super-héroïques ».

Au début on a eu quelques difficultés avec les autorités, mais aux vues de nos bons résultats et comme on ne faisait de mal à personne, ils ont fini par reconnaître qu'on n'était quand même d'une grande aide pour eux. Après tout nous n'avons jamais blessé personne.

Raphaël va d'abord les voir et leur laisse un message comme quoi le jour du jugement est arrivé, il leur laisse alors deux choix : soit ils se rendent d'eux même soit ils le feront sous la contrainte. C'est Baptiste qui a imaginé ce mode opératoire, au début les criminels ne nous prenaient pas au sérieux, ils trouvaient juste super bizarre qu'un mec avec des « lentilles pour faire des yeux de chat », habillé tout en noir et portant un masque, les menace. Mais petit à petit, ils ont fini par prendre les avertissements au sérieux, puisque lorsqu'ils refusaient de coopérer, j'entrais en scène. Je les pointais juste du doigt, m'introduisait dans leur tête et les obligeait à aller au commissariat le plus proche pour avouer tous leurs crimes. Évidemment, j'étais moi aussi déguisée alors, sur demande de Baptiste, je leur laissait leur mémoire pour qu'on puisse se forger une réputation et qu'on ne soit pas obligé, à chaque fois, de se montrer tout les deux Raphaël et moi.

Mais il est arrivé que certains criminels aient aussi des pouvoirs, dans ces cas là, on en venait souvent aux mains, et c'est là que le programme d'entraînement de Baptiste entrait en jeu. A l'époque les arts martiaux ne m'intéressaient pas du tout, alors il avait modifié mon entraînement pour faire correspondre les mouvements de combats à des mouvements de gymnastique. C'était beaucoup plus drôle de cette façon.

Quand à Raphaël, et bien... il est devenu médecin, le meilleur en fait. Les gens n'ont jamais compris comment il faisait pour trouver ce qu'avait un malade avant de faire une quelconque radio, scanner ou autre test. Il soigne donc des gens le jour et en arrête la nuit. Mais d'un autre côté, il est aussi un très bon mari, parce que oui le rêve de nos parents s'est réalisé : nous nous sommes mariés. Mais par esprit de contradiction, nous ne vivons pas dans une grande maison et nous n'avons pas de chien non plus.

Quand à moi, je suis devenue psychologue, me servant de mon pouvoir pour aider les gens à se confier à moi plus facilement. Mais aujourd'hui je n'ai plus aucune activité professionnelle que ce soit le jour, ou la nuit. C'est d'ailleurs pour cette raison que je reprends ce carnet, c'est parce que je pense avoir enfin compris l'avertissement que mon double m'avait donné à l'époque : « l'amour le plus pur qu'une femme puisse ressentir te mènera à ta perte ». En fait, je suis enceinte... et j'ai bien peur de ne pas survivre à cette grossesse. Raphaël s'inquiète aussi, mais il essaye de ne pas trop le montrer. Il me répète tout le temps que même s'il doit le faire seul, il s'occupera bien de notre fille. Parce que oui, c'est une fille. Mais de mon côté, je ne suis pas très sûre que la malédiction de ma famille soit réellement terminée, et, si ce n'est pas la cas, je ne suis pas sûre qu'il reste en vie encore longtemps lui aussi, puisque seul les hommes mouraient dans ma famille. Peut-être que pour mettre fin à cette malédiction, nous devons mourir tout les deux... Si cela devait arriver, je veux que ma fille soit confier à Baptiste, il est notre ami le plus proche et je sais qu'on peut lui faire confiance pour élever notre enfant. Au final, je me sers de ce journal comme d'un testament. J'ai également une deuxième requête : quand notre fille sera assez grande, je voudrais qu'elle lise ce journal pour qu'elle sache quel genre de personnes étaient ses parents.

C'est en pleurant que j'ai achevé les dernières lignes de mon journal, je l'ai ensuite mis dans une boîte au nom de Baptiste et j'ai déposé le tout sur la table du salon. J'avais l'intention de la lui donner dès qu'il arriverait puisqu'il devait passer me voir, mon terme était passé depuis déjà deux jours, le temps pressait... Mais lorsque Baptiste, est arrivé chez moi, je venais de perdre les eaux. Il m'a conduite en catastrophe à l'hôpital où j'ai été admise en urgence. Comme Raphaël n'était toujours pas là, Baptiste m'a tenu compagnie en l'attendant. Ma fille dormait dans mes bras quand les infirmières ont commencé à s'agiter dans le couloir, l'ingénieur est sorti voir ce qu'il se passait mais quand il est revenu, il était totalement paniqué.

« Raphaël a eu un accident en venant, il est vraiment très mal ! »

J'aurai préféré que mon hypothèse soit fausse...

« Baptiste... Paniquer ne servira à rien.
-Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi t'es aussi calme ?
-Écoute-moi. Je n'ai probablement plus beaucoup de temps, je savais déjà que Raphaël mourrait après mon accouchement, et je vais très probablement le rejoindre rapidement. Alors, je voudrais que tu ailles chez moi, j'ai laissé un boîte à ton nom sur la table de la cuisine. J'aimerais que tu fasses ce que je te demande...
-Mais qu'est-ce que tu racontes ? La malédiction est levée non ? »

J'allais répondre, mais une violente douleur m'en a empêché. Je ne pensais pas que ce serait si rapide, mais je ne suis déjà plus consciente. La dernière chose dont je me rappelle sont les cris de Baptiste qui essayait désespérément de me réveiller.

Le jour où tout a basculé (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant