Chapitre 26.

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J-40.


Louis est accroché à moi, il doit être cinq heures du matin et je n'arrive pas à dormir. Louis ne dort pas non plus. Je crois que le mois de février approche ou que l'on est déjà en février, mais en tout cas, le mauvais temps persiste. Il fait tellement froid. Ont n'ose plus bougés, nos corps sont paralysés et on fait tout notre possible pour partager la chaleur corporelles de nos corps. C'est la journée la plus froide que nous avons jamais connus, je ne sens même plus mes pieds, la jambe de Louis qui passe par dessus une de mes jambes pèse une tonne sur ma jambe pétrifié par le froid. La couverture est au dessus de nos têtes, nous sommes entièrement sous la couette, avec des énormes pulls, plusieurs joggings et beaucoup d'habilles par dessus la couette pour avoir le maximum de chaleur. J'ai l'impression que nos vies vont se finir ce soir, dans ses couettes pas assez chaudes pour nos corps. J'ai l'impression que tout va se finir dans quelques temps, on commence par ne plus sentir nos jambes puis notre corps, pour au final ne plus rien ressentir, un vide, un néant. Même si j'ai déjà songé à mourir plusieurs fois depuis que je suis enfermé dans cette fichus cave, je ne veux pas mourir aujourd'hui. Je ne vais pas dire que je vais "bien" car le mot est peut-être vraiment trop exagéré mais je suis un minimum bien, je m'entends bien avec Louis, on parle souvent de tout et rien même si la plus part de temps nous ne parlons pas, cela fait longtemps que nous nous sommes pas disputés, j'arrive à faire le deuil de mon père -ou du moins à ne plus trop y penser, je ne veux vraiment pas mourir. Surtout je ne veux pas mourir en ayant des regrets. Je veux sortir d'ici, voir la tombe de mon père -ou du moins la croix où il y aura son nom, prénom, date de naissance et date de mort. Je veux pouvoir lui dire tout ce que j'ai sur le cœur depuis maintenant trop d'années. Je veux revoir ma mère et ma sœur. Je veux savoir pourquoi la guerre qui à gâché ma vie à débuté, et cela même si je consacre toute ma vie à le découvrir. Au stade où l'on est, je suis sur que c'est la troisième guerre mondiale qui se passe au dessus de nos têtes. Nous avons appris la première et la deuxième guerre mondiales au collège et nous vivons la troisième alors que je devrais être à la fac à ruminer parce que les profs sont tous des gros con, qu'ils nous mettent trop de devoirs, que je dois apprendre trop de leçon et que je ne peux pas sortir en boite ce week-end parce que, va savoir, j'aurais un empêchement à cause de ma famille qui débarque parce que ça fait longtemps qu'on ne les a pas vue ? Ou peut-être aussi car c'est mon anniversaire, je ne sais même pas quel jour nous sommes, on est peut-être le premier février -le jour de mon anniversaire, ou alors le deux, peut-être sommes nous encore en janvier ? J'aimerais allumer cette radio maudite pour le savoir, mais j'ai cette boule au ventre rien quand y pensant, je me trouve ridicule mais c'est comme ça et je ne peux pas me battre contre moi même pour une chose aussi débile, je l'allumerais quand j'aurais fait le deuil de mon père à 100%. Je comprends maintenant pourquoi Louis était aussi déprimé à l'idée de passer son anniversaire ici, c'est vrai que cela n'a rien de marrant. Je devrais être avec ma famille autours d'un repas ennuyeux où j'aurais le droit à des "que ce que tu as grandi", "comme tes cheveux on poussés" et à certaines blagues complétement connes sur la longueur de mes cheveux.  Je devrais prévoir une énorme fête avec tout mes potes, alcool, pizza, musique à fond, une sortie en boite de nuit, ou aller juste avec mes meilleurs potes dans un parc d'attraction immense. Louis bouge légèrement contre moi, en essayant de fermer son poing, une larme coule le long de sa joue, et en cette instant, je me dis que j'aimerais passer mon anniversaire qu'avec lui, mais loin de tout ça, loin de cette cave horriblement froide, juste nous deux, près d'un feu à regarder des films et des séries un peu comme dans les films, on auraient des bières et des pizzas à volontés. Je me colle un peu plus à Louis en passant fermement mon bras sur sa taille, je le maintient coller à moi, si on doit mourir aujourd'hui, je veux qu'il comprenne qu'en quarante jours, je me suis accroché à lui, et qu'ici, dans cette cave froide et humide, que dans cette nouvelle vie toute droite sortie d'un film dit "d'action" au cinéma et "d'horreur" dans la vraie vie, il est devenu mon ancre. Je sais que jamais je n'aurais pus me permettre d'être comme ça avec un de mes potes, j'aurais peur de son jugement, honte de moi d'être aussi faible, et même si je l'étais au début avec Louis, Louis a eu les mots. Je ne dis pas ça, car c'est avec lui que j'ai vécu cela donc forcément c'est qu'avec lui que je peux être ainsi, mais je sais que cela n'aurait pas du tout été pareil avec un de ses gens qui me servent d'amis. Tout ce temps libre à ne rien faire dans cette cave me fait penser à ma vie avant la guerre, j'avais de merveilleux amis à mon goût, on rigolais toujours, on sortais toujours, ce n'étais jamais pareil, mais je n'ai jamais été moi même, quand il se moquait de certaines personnes, je me moquais aussi alors que je déteste critiquer par rapport au physique, il ne m'ont jamais vue "triste" car avec eux, je me montrais toujours heureux, insensible et sur de moi. Et je suis loin d'être comme ça. J'ai mis longtemps à avoir confiance en moi et je suis loin d'être insensible. Plus le temps avance ici, plus j'ai l'impression que ma vie était qu'une énorme merde, que j'étais qu'une merde. Louis s'accroche à mon t-shirt et je sens qu'il est épuisé, qu'il n'a plus aucune force en lui, je passe ma main tremblante sur son visage et il frémit. Je regarde ses yeux bleus perdus dans les miens, il a l'air tellement vide. Il ferme ses yeux et je sens sa respiration diminuer, je le secoue légèrement mais pour seule réponse c'est toujours sa respiration si lente qui diminue encore et encore. Je panique entièrement, et si il mourrait à cause d'une hypothermie ?  Je murmure son prénom avec la dernière force qu'il me reste, je sens mon corps se réchauffer et ma voix devenir de plus en plus forte. Je hurle presque son prénom en fixant ses yeux fermés, je hurle une dernière fois son prénom en laissant ma voix se briser et je pleure toutes les larmes de mon corps contre son torse. Je ne sens pas son torse se soulevé quand il respire, je regarde son visages les yeux débordant de larme en me demandant pourquoi cela m'arrive à moi ? J'essaie de chercher son pouls mais je ne le trouve pas, je laisse tombé ma main sur ses pectoraux.

-Tu n'as pas le droit de me laisser Louis, tu n'as pas le droit, tu ne peux pas, je ne peux pas... Louis, je t'en... t'en supplie. J'ai be..be.. merde Louis ! J'ai besoin de toi !

Je frappe légèrement son torse et tombe à côté de lui, je le colle à moi et respire son odeur, il sent la lessive car son pull est propre. Je pleure contre son cou, mes larmes roulent le long de mes joues et continuent leurs chemin jusqu'à se glisser sous le pull de Louis. Puis comme dans un rêve alors que je vois floue à cause de mes larmes, que je n'entends que mes sanglots, je sens la main de Louis bouger sur me cuisse, j'essaie de chasser les larmes de mes yeux et je le vois les yeux mi-clos me caresser la cuisse tout doucement. J'enlève sa main, la porte à mes lèvres en l'embrassant, j'enlacent nos mains et je lui demande de se reposer, il referme automatiquement les yeux.  Sa respiration est toujours aussi insuffisante à mon goût. La seule question que je me pose à cette instant, alors que mon corps redescend de ses émotions, est : est-ce que Louis vient de se ressusciter ou est-ce que j'ai paniquer et me suis inventer sa propre mort ? Je regarde toujours son torse se soulever doucement et se rabaisser encore plus lentement, mais cela m'apaise, je pose ma tête sur son cœur et m'endors la boule aux ventre en me concentrant sur ses battements si lents.

-Merci Louis...




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