I

268 7 6
                                    


"Je suis triste, je suis fatiguée, je suis seule. Mais tout va bien, parce que je me bats et je respire toujours."

                           ~~~~~~

La nuit a été longue. Je sens à côté de moi un corps, lequel? Aucune idée. Il arrive une ou deux fois par semaine que je me réveille à côté d'un homme que je ne connais pas, mais que ma mère a ramené après une de ses soirées bien arrosées.
J'ouvre doucement les yeux, je regarde mon réveil "6h30", je soupire doucement et me lève finalement de mon lit. Je marche discrètement vers la cuisine afin de prendre mon petit déjeuner. "Discrètement" non pas parce que je suis une fille bien élevée et que je souhaite que les autres "habitants" de l'appartement profitent de leurs sommeils, mais parce que je ne souhaite en aucun cas qu'un de ces individus viennent perturber ce moment. Ce qui était pour mon père, le moment le plus important de la journée. Lors de nos petits déjeuners lorsqu'il était encore là, la journée commençait toujours bien. Mon père venait me réveiller avec sa voix grave et douce à la fois. Il trouvait toujours une blague ou une anecdote pour nous faire rire ma mère et moi, même si la plupart du temps il racontait les mêmes, rien n'importait plus que ces moments ensembles et mon père l'avait très bien compris. Aujourd'hui tout est différent. Je me réveille et prends mon déjeuner seule, comme si le passé n'avait jamais existé.

Le bruit d'une porte qui s'ouvre me sort de mes pensées. Au fond de moi j'espère qu'il s'agit d'un des hommes ramenés par ma mère, car la plupart du temps ils partent directement sans rien demander, ce que j'apprécie particulièrement. Malheureusement, aujourd'hui mon bon Karma n'est pas au rendez vous, puisque je vois ma mère faire son entrée dans la cuisine.

-"Où est mon p'tit dej?" Me demande t-elle, accompagnée de son adorable humeur quotidienne.

-"Pour le lait c'est dans le frigo, et les céréales dans le placard. Si tu veux te faire un café la machine est à ton entière disposition, si toute fois tu sais encore t'en servir." Dis je avec le même ton hautain qu'elle.

-"Est ce que tu sais au moins à qui tu parles? Je suis ta mère je te rappelle!" Me cracha-t-elle à la figure avec le plus haut degrés de dégoût qu'un être humain puisse avoir.

-"Ma mère est partie depuis bien longtemps." Mon ton définissait parfaitement l'état d'esprit dans lequel j'étais. C'était vrai, j'avais perdu ma mère le jour où mon père a disparu. Après cela, c'est une ivrogne et une femme sale qui avait pris sa place. "Ma mère n'était pas une alcoolique qui traînait de bars en bars, et se taper des ivrognes en les ramenant à la maison pour faire profiter à sa fille ce superbe spectacle de décadence!" Retorquai-je rapidement. Mon ton était cassant et méchant. Mais cela ne me posait aucun problème. Autant au début j'étais douce avec elle, même lorsqu'elle buvait et me frappait puisque que je comprenais sa douleur. Mais les temps on changé, jai grandit et tout ça est terminé. Elle n'est pour moi qu'une étrangère que je loge par pitié.

Sans que je m'y attende, un violent coup me fit tomber de ma chaise me faisant renverser au passage mon bol de céréales. Un coup sec et bien placé comme elle sait si bien les faire.

-"Espèce de petite peste! Après tout ce que j'ai fait pour toi! Après tous les efforts que j'ai fait pour que mademoiselle est une vie confortable, voilà comment elle me traite. Tout ce que tu mérites c'est que je te mette à la rue!" Hurla t-elle aussi fort qu'elle pouvait. Ses traits étaient tirés et fermes. Elle n'était pas vielle, mais son visage abîmé par l'alcool paraissait 10 ans plus vieux. Son regard était mauvais. Je pouvais même y lire une déception jamais vu avant.

-"Excuse moi?! Me mettre à la rue? Te rends tu compte que c'est moi qui paie le loyer? Que sans moi tu n'aurai aucun endroit où vivre? Et après tout ce que tu m'as donné?! Tu me fais bien rire!" Je hurlai maintenant, mon sang ne faisait qu'un tour, et je ne pouvais croire ce qu'elle disait. Je me rapprochai d'elle et la regardai droit dans ces yeux similaires au miens, qui étaient de couleur noisette. Ces yeux qui autrefois étaient bienveillants et doux. "Cela fait 1 an que tu n'es plus là pour moi, que tu n'existes plus pour moi! N'espère pas avoir une once de reconnaissance de ma part! Jamais!"

Je Vais Bien Ne T'en fais PasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant