Que dire du lycée Charles Baudelaire? Absolument rien ou presque. Il était constitué de quatre bâtiments: une paire pour les cours et l'autre pour l'administration.
Il y avait aussi la salle Pompidou, celle de réunion. Quelques fois, les options arts plastiques et danses y faisaient une exposition. En début d'année, le proviseur délivre son discours, variant peu d'une année sur l'autre à vrai dire, aux élèves des différents niveaux. Arguant, à coup de schémas et de statistiques projetés derrière lui que son lycée occupe une place plus qu'honorable au classement national et que nous, génération succédant à tant d'autres, avions comme devoir d'honorer la réputation de ceux qui nous avaient précédés.
Bien sûr, trônant en plein de milieu de la cour, se trouve le saint des saints: la cantine, dont les vapeurs n'ont de cesse de nous empuantir du matin au soir mais qui a au moins le mérite de nous fournir de la nourriture pas trop mauvaise. Pour la diététique en revanche... il y avaut de quoi faire grincer les dents de certains parents. Frites deux fois par semaine, trois pour les internes (les petits veinards), viande à chaque repas, peu de légumes hormis les entrées... On a vraiment de la chance non?
Pour ma part, j'étais en terminale STMG, science et technologie du management et de la gestion. Et oui! Le bac que personne ne connaît. C'est vrai, je n'étais pas particulièrement studieux. Je faisais le minimum sans plus. Contrairement à vous qui passez des nuits blanches sur le site de l'Onisep à chercher quel métier pourrait vous plaire et qui vous échinez à maintenir une moyenne de notes suffisante pour ne pas vous fermer trop de portes, mon avenir professionnel était tout tracé.
Mon père était le PDG de Belle vacance une marque qui vendait divers produits pour les vacances, en particulier des crèmes solaires efficaces et des lunettes de soleil. Mine de rien, cette entreprise était l'une des plus grosses d'Europe et mon père prévoyait même d'étendre ce commerce en Amérique. Eh oui, c'était moi qui était destiné à diriger ce groupe une fois mes études fini. Tout le monde n'a pas la chance d'être né avec une cuillère en argent dans la bouche et je savourais pleinement cette veine.
Comme vous avez pu le constater dans ce petit résumer de ce qu'était ma vie au lycée il y a de ça quelques mois, à part ma peau pâle et grasse, mais sans acné, et des cheveux noirs que je lavais tous les deux jours et coiffaient à grand renfort de gel pour paraître présentable, ma vie marchait à peu de choses près convenablement. Mais ça c'était avant.
Le mois d'octobre était bien entamé. L'air frais charriait les effluves infects de la cantine à travers tout le bahut. La journée de mercredi avait commencé sous les meilleurs auspices et il ne me restait plus qu'une heure de cours avant de quitter les lieux à quinze heures.
Notre ancien professeur d'histoire avait pris un arrêt-maladie, ou était parti en dépression on n'a jamais vraiment su, de faits, le principal sujet de la journée était l'identité de son remplaçant. Celui qui allait nous mener vers le bac, promettre un avenir radieux à ceux le méritant ou au contraire fermer des portes à certains.
Il avait visiblement dépassé la trentaine, arborait un teint hâlé, ses cheveux étaient bouclés et frisés, ses yeux dorés et s'habillait de vêtements sobres, jeans et chemise blanche. Il prit son temps, posa une photo sur son bureau, il la tourna et sourit à sa vue. Il sortit ensuite ses cahiers ainsi qu'un classeur où s'étalaient nos têtes sur papier verglassé.
L'instant était capital. Vous savez, cette heure, cette première heure, celle où élèves et professeur se jaugent. Les élèves vont essayer de le jauger, de cerner ses failles pour mieux les enfoncer si besoin est. Pour le professeur, l'enjeu est de faire bonne impression, de montrer que l'on sera ferme et tenter d'instaurer un climat de confiance et de travail adéquat. M. Corman y arriva bien pendant les dix premières minutes... jusqu'au moment où il ouvrit la bouche pour se présenter. Toute la classe éclata de rire, moi y comprit. Il avait un sacré accent du sud qui ne fut pas sans me rappeler le film ''la gloire de mon père ''.
Il écorchait nos noms et pas qu'un peu pour certains.
- Bénail?Je mis un moment à comprendre qu'il s'adréssait à moi.
-On dit Benoit, Benoit, le corrigeais-je en articulant.
Mes camarades rirent, le professeur haussa légèrement les sourcils mais ne dit rien. Il poursuivit sa présentation en prononçant les phrases tout aussi mal.
-Attend tu vas voir, glissais-je à Matthieu, mon voisin de table.
-Pouvez-vous répétez s'il-vous plaît? demandais-je.
-Je disais donc... Je suis M. Corman et je serais votre professeur d'histoire-géographie cette année.
Nouvelle explosion de rires. On fut plusieurs à imiter sa prononciation.
-Si vous veniez en Provence, je ne pense pas que vous apprécieriez que l'on se moque de votre façon de parler.
-Vous n'aviez qu'à pas venir ici, fait remarquer un élève du premier rang.
Le professeur poussa un long soupir et appuya ses paumes sur son bureau.
-Les méandres de l'Education nationale sont impénétrables. C'est ça être fonctionnaire. Mais là n'est pas le sujet.
Visiblement, ce changement de conversation ne l'enchantait guère. Il stoppa net la discussion en reprenant un air plus sérieux.
-Bien je vais vous donner mon adresse E-mail ainsi que mon numéro de téléphone. S'il y a un cours que vous avez mal compris ou bien si vous avez des questions, n'hésitez pas.
Je notai les informations qu'il écrivit au tableau sur mon agenda. Mathieu et moi ne pouvions-nous empêcher de pouffer de rire. Certains élèves du deuxième rang montrèrent quelques signes d'agacements mais c'était plus fort que nous.
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Vin de lune
FantasyBonjour, je m'appelle Mike, j'ai dix-huit, je suis beau, fort et je vie dans une immense villa dans le Montana. Je suis également le plus puissant Alpha du monde... Vous auriez aimé, hein? Moi aussi. Mais c'est une histoire bien différente que je...