Pourquoi?

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Je m'étais longtemps imaginé où se trouvait ma sœur. J'avais dans mon esprit esquissé le moindre élément. Plusieurs scénario s'était imposé: une cage sordide, un sous-sol, une cabane dans la forêt. Mais une ravissante petite maison de campagne, avec un salon bien décoré dans un style un peu ancien... ça ne m'était jamais venu à l'idée. Pourtant c'était la réalité, j'y ait même bus un thé.

Nous étions assis autour de la table. Des apéritifs divers: cacahouète, chips garnissait le meuble. M. Corman et moi faisions face à Charles et ma sœur. Cet homme se révélait bavard. Son attitude était pour le moins déconcertante. Il était... accueillant, très avenant. A peine assis il avait engagé la discussion.

-Enfin on se rencontre.

-Oui.

Je ne savais pas quoi répondre d'autre.

-T'es au lycée c'est ça?

-Oui en terminal. Je passe mon bac en fin d'année.

-Vous voulez vous jeter un truc? On a des bières si vous voulez.

Il s'appuya sur la table pour se lever.

<<vue son poids ce doit être dur.>> me disais-je.

Chloé posa sa main sur son épaule.

-Ne bouge pas. Je vais le faire.

Etonnant, bien qu'enceinte ma sœur était plus rapide que lui. Elle ne tarda pas à ramener un pack de bière.

Chloé s'approcha de l'homme, celui-ci redressa la tête et l'embrassa. Je du réprimer la violente nausée qui me secoua.

-Tu fais attention avec ton cholestérol, hein? lui dit-elle.

-Ne t'en fais pas, je sais ce que je fais.

Chloé se tourna vers moi.

-Tu veux quelque chose Benoît?

Je manquais de sursauter.

-Non, ça va aller.

-C'est marrant Angus, dit Charles, figures-toi que j'ai eu ton père au téléphone il n'y a même pas deux semaines! Comment va-t-il?

M. Corman se raidit.

-Bien, il est sorti... de prison.

Le malaise de mon professeur était hautement perceptible par tous... sauf Charles visiblement.

-Tu sais que j'ai toujours été de son côté? dit-il. C'est un grand homme et ses travaux sont tout simplement prodigieux. Je crois toujours à l'erreur judiciaire.

-Il cherche à se reconstruire, fit mon professeur, à oublier les années perdues. Ce sera long mais il a toujours été solide. Avec ma mère pour l'épauler il pourra passer de belles journées chez nous.

-Ah ces sorciers! pesta-t-il. Pas foutus de trouver le moyen d'annoncer la présence de surnaturels aux humains mais par contre pour enlever son père à un enfant, là il y a du monde!

Il but une gorgée avant de poursuivre.

-Ces maudits sorciers! Je les combattais déjà alors que tu n'étais pas sorti des couilles de ton père.

Je manquais de m'étouffer. M. Corman se contenta de lever les yeux au ciel.

-Merci de votre sollicitude.

-Et toi gamin? demanda-t-il. Tu veux une bière?

-Je ne pense pas que ce soit raisonnable, dit mon professeur.

Vin de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant