Patron! Du vin de lune!

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Etes-vous déjà allés à Vendôme? Déjà si vous avez répondu par la négative je vous recommande vivement d'y aller, ensuite, ceux étant restés plus longtemps que l'espace d'un simple coup de vent auront sans doute foulé la place Saint-Martin. La "Grand-Place" comme dit mon père en bon Loir-et-Chérien convaincu. Cette ville est internationalement connue (on peut rêver) pour son beffroi. Là ou dans vos villes et villages vos clochers se contentent de sonner les coups proportionnellement à l'heure, le clocher de Vendôme lui fait mieux! Il émet à chaque heure la chanson « Orléans, Beaugency, Notre-Dame-de-Cléry, Vendôme... »!

Bon, je sens que j'ai perdu tout le monde donc je vais m'arrêter là pour en venir aux faits. Deux jours après la visite de Jonathan, le Mardi, finissant à seize heures (vive les emplois du temps souples de STMG), je décidai d'aller acheter une bouteille de vin de lune pour l'anniversaire de mon père. Il y avait fort à parier qu'avec tout ce qui se passait en ce moment mon père ait oublié que son anniversaire était le 15 novembre, soit ce Dimanche. Bien sûr, lui offrir une bouteille de vin était un cadeau de qualité nettement moins supérieur que retrouver ma sœur, mais c'était mieux que rien!

Il faisait beau pour un mois de novembre. Des drapeaux Français ornaient les rues en préparation de la cérémonie qui devait avoir lieu le lendemain. La mairie était sur les dents. Les membres d'associations d'anciens combattants avaient ressorti leurs uniformes en prévision de la cérémonie sur le mémorial face au théâtre (à deux cents mètres de la place Saint-Martin), le maire son écharpe, les commerçants épinglaient des photos de la ville de Vendôme après la guerre de 14-18 et après 40 (là, ce n'était pas beau à voir) et pour certains des membres de leur famille ayant péri dans ce premier conflit. Il y avait peut-être aussi pour la municipalité la volonté de remettre une couche après le 8 mai, 1945-2015, ce n'était pas tous les ans qu'on fêtait les soixante-dix-ans de la libération! (même si Vendôme avait été libérée le 11 Aout 1944, mais ce n'était qu'un détaille).

Mon père m'avait donné l'adresse précise de Chez Rougeard, un bar on ne peut plus ordinaire, si ce n'est que mon père m'a révélé qu'il était tenu par un vampire et son fils, qui fabriquait du vin de lune.

L'établissement était très bien situé, la zone entourant le clocher de la place était dallée, ce qui était idéal pour poser des tables, et il on avait une très belle vue sur la statue de Rochambeau (un noble né à Vendôme ayant participé à l'indépendance américaine que l'histoire oubliera au profit de Lafayette). Celui-ci était représenté levant un doigt conquérant vers l'horizon. Petite anecdote: Avec Mathieu et d'autres potes, j'avais, l'année passée, escaladé cette statue et mis une canette de coca sur le doigt. La mairie avait mis quelques jours à remarquer cette petite modification du monument et l'avait hélas enlevé (je suis un artiste incompris).

A l'entrée du bar, je fus saisi par l'odeur de cigarette qui se dégageait du lieu. Ce n'était pas une heure de pointe, aussi il n'y avait qu'un homme sur un tabouret du comptoir qui ne semblait pas savoir quoi faire de la vie. Deux hommes se tenaient derrière le comptoir. Au vue de leur différence d'âge et de leur frappante ressemblance physique, j'en déduisis que j'étais en présence des Rougeard père et fils. Le paternel devait avoir plus de soixante ans en apparence, des rides et des valises sous les yeux venant le souligner. Il n'était pas nécessairement très gros, il avait juste un bon ventre de buveur de bière. Son fils était plus svelte, presque maigre en comparaison et avoisinait, toujours en apparence, les trente-cinq ans.

J'avais pris soin d'emporté avec moi ma carte d'identité, précieux justificatif venant appuyer ma majorité. J'ignorais si le vin de lune pouvait être considérer comme un alcool mais autant ne pas prendre le risque de faire un allée retour de chez moi à ce bar pour rien.

-Du vin de lune, s'il vous plait, demandais-je au plus vieux des deux hommes.

Le barman se pencha vers moi. Je pouvais voir d'où j'étais son ventre proéminant buter contre le comptoir de bois. Ses traits grossiers se tordirent tandis qu'il me jaugeait d'un œil mauvais. Je retroussai ma lèvre supérieure de façon à laisser entrevoir ma canine droite (elle avait poussé jusqu'à atteindre la taille standard d'une canine de vampire). L'homme acquiesça d'un bref signe de tête. Je venais de montrer le meilleur justificatif du monde.

-Suis-moi, me dit-il simplement en lançant son chiffon sur son épaule.

Il descendit un escalier, je lui emboitai le pas. Des bouteilles s'entassaient dans une pièce d'environ cinquante mètres carrés. Je distinguais du Rhums, de la tequila, du vin bien sûr, bordeaux, bourgogne, du champagne aussi. Une trappe en bois au sol laissait sous-entendre qu'il y avait un deuxième niveau au sous-sol. Peut-être une autre pièce remplit de bouteilles?

Le barman s'approcha d'un coffre-fort placé entre deux étagères de bouteilles. Il sortit de sa poche un trousseau de clefs, qu'il manipula soigneusement. Une fois la bonne clef trouvée, il l'introduisit dans la serrure. D'un grand geste emphatique, il ouvrit la porte, dévoilant le contenu.

-C'est une production artisanale, me précise-t-il, fier de lui, de la qualité.

Les bouteilles ressemblaient à s'y méprendre à des bouteilles de vin si ce n'est qu'elles étaient plus petites. Elles faisaient environs une vingtaine de centimètres. Il n'y en avait que deux, étiquetées "Rougeard père et fils". Le liquide qu'elles contenaient était rouge, on pouvait sans mal le confondre avec du vin. Mais je connaissais sa véritable nature. A cette pensée, mes canines me titillèrent et la soif me dévora les entrailles.

-Je n'ai que deux bouteilles, j'espère que ce sera suffisant, me dit le barman. Le processus de fabrication est lent et difficile mais si tu passes commande, je devrais pouvoir faire en sorte d'avoir un ou deux litres supplémentaires d'ici le mois prochain.

- Une seule bouteille suffira, le rassurais-je, c'est pour un anniversaire.

L'homme sourit.

-Bien, c'est mille euros la bouteille.

C'était cher mais moins que je ne l'avais imaginé. Avec mes vingt euros d'argents de poches par semaines j'avais largement de quoi payer, par carte. L'un des nombreux avantages d'avoir dix-huit ans.

-Il a bien de la chance celui à qui tu vas offrir cette bouteille, affirma-t-il le sourire aux lèvres.

Ok, c'était une flatterie facile de commerçant mais ça m'allait droit au cœur.

-Elle est pour mon père, il fête ses cinquante ans ce Dimanche.

Il approuva d'un signe de tête.

-Je suis persuadé que ça lui fera plaisir. Rien de mieux pour quelqu'un comme nous que ce vin! Tu m'en diras des nouvelles!

Il me donna une caisse en carton qu'il bourra de papier bulle avant d'y mettre la bouteille. Je sortie ma carte bleu. J'imaginais la réaction que mon père allait avoir. Cette semaine s'annonçait sous les meilleurs hospices...

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