Brulures et crème solaire

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-Mon dieu! s'écria l'infirmière.

Je me tenais dans son bureau, Victor était reparti une fois que l'infirmière lui avait assuré que j'allais être pris en charge. Celle-ci m'auscultait depuis cinq minutes. Je tentai de rouvrir mes yeux. D'abord, la douleur les transperça à nouveau. Puis, petit à petit, je pus les maintenir ouvert de plus en plus longtemps. Des mains vinrent se poser sur mes maxillaires. A travers la brume de ma vue, je devinais le visage rond de l'infirmière ainsi que ses yeux bleus. Elle me demanda de tourner la tête, ce que je fis.

-Tu ressens des raideurs à la nuque? s'enquerra-t-elle.

-Non, ça va.

Elle partit taper ses informations sur son ordinateur.

-Bon, au moins ce n'est pas la méningite. Tes yeux ont l'air d'aller beaucoup mieux mais je vais donner l'adresse d'un ophtalmologiste à tes parents pour surveiller ça. Par contre je n'explique pas ces coups de soleil.

Heureux de savoir qu'il était peu probable que je finisse aveugle je ne m'étais pas inquiété de ce problème, mais à présent je le voyais net: des brulures rouges vif couvraient toutes les parties de mon corps non couvertes par mes vêtements.

-Il est préférable que tu rentres chez-toi, termina-t-elle.

Elle venait de consulter ma fiche médicale et disait cela le téléphone à fil collé à l'oreille.

-Allo? Oui, c'est l'infirmière du lycée Charles Baudelaire. Votre fils est avec moi. Voilà, il a eu d'importants coups de soleil... Oui... Je vais vous le passer.

Elle me tendit l'appareil et après m'avoir signifié qu'elle me laisserait un peu d'intimité et sortit de la pièce.

-Benoît? Explique-moi tout, me somma la voix de mon père.

-Je ne m'en suis aperçu qu'au cours de physique mais si ça trouve ça datait déjà. J'ai des coups de soleil sur tout le corps. Mes bras sont rouges! Et pas qu'un peu. Et en sortant je ne supportais pas la lumière du soleil...

Tout en énonçant les symptômes. Une explication me vint, logique, claire. Comment avais-je fait pour ne pas l'avoir eue avant? Elle était plausible, pourtant je priais pour qu'elle soit fausse.

-D'accord. J'arrive tout de suite, répondit mon père, d'ici une demi-heure je suis là. Surtout ne sort pas de l'infirmerie! me lança-t-il fébrile.

Là-dessus, il raccrocha.

L'infirmière me passa de la crème pour apaiser mes rougeurs. Déjà, la peau pelait à certains endroits, formant des trainés blanches qui me démangeaient atrocement. Une surveillante m'avait apporté mon sac... et à voir la tête qu'elle avait faite, je n'étais pas beau à voir.

Mon père débarqua dans l'infirmerie comme promis, en costard cravates, j'espérais ne pas l'avoir interrompu dans une affaire importante. Il arborait ce franc sourire, celui que tous les adultes de ce monde ont, l'hypocrite qui souhaite donner l'illusion du bonheur et de la sérénité. Contrairement à ce que j'eus pu penser, il ne se pressa pas et prit le temps de remplir les formulaires.

Il discuta également avec l'infirmière posant quelques questions. Promettant de me faire voir dans les jours suivant un ophtalmo et un dermatologue (bien qu'avec les délais d'attente ce soit dur). Mon père s'approcha de moi et me tapota l'épaule.

-Allez debout, on rentre à la maison.

Il adressa un signe de la main à l'infirmière qui hocha la tête, bienveillante.

Vin de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant