Trouver la motivation d'aller en cours

93 20 9
                                    


Ce fut le plus long week-end de ma vie. Mes parents passèrent ces deux jours à faire le tour des hôpitaux en boucle pour vérifier que ma sœur n'y aurait pas été transportée depuis leur dernière visite. Sa disparition avait été signalée, faute de l'avoir retrouvée, au lycée. Quant à moi, mon père avait exigé que je l'informe désormais de où et quand je sortais et de me contenter du lycée pendant quelques jours. Mine de rien, je comprenais. Certes malgré le fait que j'avais passé mes dix-huit ans le mois dernier et donc que j'étais légalement majeur et par conséquent indépendant, j'étais aux frais de mes parents et je préférais nettement ne pas les inquiéter davantage. Et puis je n'avais pas réellement la tête à ça.

Le lundi avait commencé mal, non pas qu'il y ait eu un incident qui m'aurait fait démarrer la journée du mauvais pied, mais j'étais tellement dans la lune et ce dès mon arrivée au lycée que je savais d'ores et déjà que je n'arriverais pas à me concentrer de toute la journée.

Comme je vous l'ai déjà dit, les cours de sciences se déroulaient au bâtiment S, les cours de Management et organisation aussi. Mathieu était arrivé depuis au moins dix bonnes minutes et m'avait envoyé un texto comme quoi il était déjà devant la salle, au deuxième étage. C'était, à vrai dire, très fréquent qu'on ne s'attende pas en début de journée. Entre son car qui pouvait avoir dix minutes d'avance comme de retard (surtout de retard) et moi qui pouvais quelques fois me faire déposer par la voiture de mon père, on préférait ne pas risquer d'arriver bêtement en retard en attendant l'autre qui des fois était déjà devant la salle.

Mais ce jour-là, j'étais tellement mal que je ne pouvais m'empêcher de lire derrière ce message sur écran: Laisse tomber, je préfère passer mon temps avec le reste de la classe plutôt qu'un raté incapable de jouer correctement son rôle de grand frère.

J'avais même l'impression de suer, il faisait assez chaud pour un mois d'octobre. Je portais juste un T-shirt dévoilant mes bras que j'espérais pouvoir bientôt voir musclés. Pourtant il ne faisait pas une chaleur étouffante, vingt degrés peut-être.

Alors que je longeais les murs, j'entendis un léger couinement derrière le bâtiment. La curiosité, ainsi que cette certaine paranoïa inculquée par mon père, l'emportèrent, vu le temps qu'il me restait je pouvais bien jeter un petit coup d'œil.

Je tentai de me faire discret. A cinq mètres se trouvaient deux silhouettes. Etrange, la scène auquel j'assistai n'était pas vraiment celle que j'avais imaginée. Non je n'ai pas un esprit tordu! Où êtes-vous allés chercher ça?

M. Corman se tenait droit, à à peine un mètre du mur. Face à lui, tétanisé, incapable d'esquisser le moindre mouvement, Jonathan. Rien ne venait colorer son visage aussi pâle que s'il voyait un fantôme. Le professeur lui était rouge, je parvenais à distinguer nettement ces traits tordus de fureur. Une chose était claire: Jonathan allait passer un très sale quart d'heure.

-Qu'est-ce que c'est que ça? hurla-t-il.

Dans sa main se trouvait un paquet. Malgré l'excellente vue dont je semblais jouir en cet instant, je ne pus identifier le contenu, je pouvais juste distinguer qu'il avait peut-être la forme de pilule.

-Rien monsieur, je vous jure, gémit l'adolescent.

M. Corman recula de quelques pas et brandit le sachet sous le nez de Jonathan.

-Si je te reprends avec ce genre de chose sur toi, j'en avertirais ton père et crois-moi il sera surement bien moins conciliant que moi! C'est comme ça que tu comptes te maitriser?

Jonathan hocha négativement la tête, des larmes ruisselaient sur ses joues.

-Allez! File, enchaina le professeur d'une voix plus douce mais néanmoins résonnante de fermeté. Tu n'as pas intérêt à arriver en retard en cours.

Vin de luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant