3 : Salomé

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5 heures du matin et la soirée touche à sa fin.

J'attends dehors ma meilleure amie qui se tape la discute avec le videur, plan drague enclenché ! C'est même étonnant parce que ce n'est pas son style habituel.

Ma patience commence à me faire défaut. Mes nerfs bouillonnent d'impatience. Je suis là comme une idiote à attendre seule.

J'aimerais recroiser ce regard qui m'a tant perturbée tout le long de cette soirée. Mais je stress rien qu'à l'idée de devoir lui parler.
D'habitude quand j'ai bu, j'ai la tchatche facile. C'est le seul moment où je sais me libérer et où mes paroles dépassent ma pensée. Les ravages de l'alcool sûrement.
Aujourd'hui et sans aucune raison, j'ai comme des papillons dans le ventre qui m'empêchent de m'exprimer.

Une main se pose sur mon épaule

- Il n'est pas trop tôt ! Dis-je en me retournant.

Merde ce n'est pas Naëllia !

- Oh par,... pardon, j'ai, ... j'ai cru que,...

Je crois que je n'ai jamais été aussi rouge tomate de toute ma vie. Et cette phrase qui ne veut pas se finir. Quelle cruche je suis.

- Vous avez cru que ? Me répliqua-t-il

C'est lui ! Il est canon ! Respires bien fort ma cocotte, tu vas y arriver !

- Pardon, j'ai cru que c'était mon amie qui arrivait.

Roh mon Dieu ! Il est encore plus beau à quelques centimètres de moi.
Qu'est-ce-que je vais bien pouvoir lui dire ?

- Je crois que vous n'êtes pas là de rentrer Mademoiselle, me dit-il.

Il me fait un signe de tête pour que je me retourne.

- Oh non c'est pas vrai ! Elle a conclu ! Je suis bonne pour repartir seule.

- Si vous voulez je vous raccompagne. Je n'aime pas voir une jolie demoiselle se balader seule dans la rue.

- On ne se connaît pas. Qui me dit que je peux vous faire confiance

- Ce n'est pas ce que je vous demande ! Si vous préférez, je vous appelle un taxi !

Me voilà sur mes gardes, je pouvais pas juste dire oui.
Salomé concentres-toi pour ne pas encore répondre à côté ! Au fond tu sais ce que tu veux alors ne loupes pas ta chance !

- Non, ça va aller pour le taxi, je n'habite pas loin.

- Alors vous acceptez ma compagnie pour votre retour ?

- D'accord, mais ne vous imaginez rien !

Et voilà, ça recommence ! Faut toujours que j'en rajoute quand il ne faut pas.

- Je devrais m'imaginer quoi au juste ?

- Oh rien, j'ai juste dit ça comme ça. C'est par là que j'habite.

- Je ne vous ai jamais vu dans le coin. Vous venez d'arriver ?

- Oui. On vient d'emménager pour ouvrir notre salon. Par contre j'ai une faveur. On fait la route ensemble à condition de se tutoyer parce que là je me sens veille d'un coup !

- C'est ok pour moi ! Et je t'avoue que je préfère.

Nous avançons en direction du salon. Je ne sais pas trop quoi lui dire, et en même temps, j'ai besoin de savoir si c'était lui. Alors je me lance.

- Dis-moi ? Est-ce que c'était toi ?

- Moi quoi ?

- Ces verres payés, cette bouteille ?

- Toi, tu crois que c'est moi ?

- J'ai cette intuition que oui

- Alors crois en celle-ci

Nos regards se croisent. Ils ne font plus qu'un !
Qu'il est beau ! Il est plus que beau ! Il est sexy !
Il est grand, brun avec des cheveux ondulés. Et son regard bleu océan,... Comment ne pas se noyer dedans ?
Mes yeux se détachent des siens quand j'ai manqué de tomber à cause de se foutu talon.

Je suis sure qu'il voulait m'embrasser. J'en avais tellement envie.
Ses lèvres si belles , elles ont l'air si douce qu'on a envie d'y goûter.
J'aimerais me jeter à son cou. Pourquoi ce blocage ? Il me plaît tant.

Nous finissons par reprendre la route, dans le calme. Les paroles se sont dissipées.

- Voilà nous sommes arrivés, merci de m'avoir raccompagnée.

- C'était avec plaisir ma douce.

Il me tient la main, me lâche un baiser sur la tempe, recule et s'en va.

Je suis debout, devant mon salon, hypnotisé par ce geste, par cette sensation que j'ai ressentie à son toucher.
Je ne vois plus que l'ombre de ses fesses s'éloigner.
Je ne l'ai pas retenu.
Je ne connais même pas son prénom.

Je rentre dans mon nouvel appartement.
Je m'écroule sur mon lit, désespéré de ne pas avoir su retenir un homme, comme d'habitude.
Je me sens tellement nul d'être aussi coincé.
Les larmes coulent, la tristesse m'envahit.

PassionnellementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant