Passionnellement

10 : Salomé

J'ouvre un œil. Il est déjà 14h00.
Je me demande si c'était un rêve ou bien réel.
Je suis nue ! Mes sous-vêtements traînent par terre. Je me retourne et je suis seule dans le lit.
Il est parti. Je prie pour qu'il soit juste dans la pièce à côté.

Je me lève, enfile un jogging. J'espère qu'il est encore là.
Je passe voir dans la salle de bain. Pas de Benji ! Puis dans le salon et la cuisine. Personne !
La cafetière est chaude et remplie. 
Il a dormi ici.
Il m'a préparé du café et il est parti sans dire au revoir.
Je ne sais vraiment pas comment je dois le prendre.
Mes sentiments se mélangent : colère, déception, souvenirs intenses de cette nuit.

Je m'assois sur le tabouret du bar de cuisine.
Je découvre un petit mot posé sur ce bar :

"Merci pour cette nuit. J'ai passé un agréable moment et une très belle nuit. Je t'embrasse."

Je rougis en repensant à la nuit passée à ses côtés.

C'est bien gentil tout ça, mais moi ? Comment je fais pour lui répondre ?
Je vais encore devoir attendre une semaine et sortir ce week-end pour le voir ?
On ne s'est même pas échangé nos numéros,...
Je m'en veux de ne pas l'avoir entendu partir.

Je passe mon après-midi à essayer de ranger un peu mes cartons. J'ai du mal tellement les questions fusent dans ma tête.
Je suis tellement bête d'avoir cru qu'il pouvait être à moi. Et quand j'y repense, il m'a bien fait comprendre qu'il ne voulait pas de relation.

J'ai rendez-vous avec Naëllia dans une demie-heure.
Je me douche avant d'y aller. Pas de froufrou pour y aller, nous sommes juste entre copines pour une soirée papotage. Ça va me changer les idées, mais je sais d'ores et déjà qu'elle va me bombarder de questions.

Je sonne à son appartement.

- Hey salut ma chérie, me dit Naëllia avant de me faire la bise.

- Coucou, dit donc, ta bonne mine toi !

- Oui, pourtant ma nuit a été courte. Par contre toi ça n'a pas l'air d'aller très fort.

- Si si, je suis juste fatiguée !

- Alors raconte ? Tu as réussi à parler au DJ ?

Je me suis piégé moi-même ! D'attaque elle passe aux questions indiscrètes. Je n'ai pas le choix que de lui répondre.

- Oui, il s'appelle Benji.

Un blanc s'installe ; je ne sais pas comment lui raconter.

- Et ? Tu n'as rien de croustillant à me raconter ?

- Non ! Enfin,... Si, mais,...

- C'est oui ou c'est non ?

- Oui, il y a du croustillant, mais pas que,....

- Bah alors qu'est ce que tu attends pour me raconter ?

- Il m'a raccompagnée comme la semaine dernière. Il s'est mis à pleuvoir comme pas possible. Nous sommes arrivés trempés devant le salon. Je l'ai invité à attendre que la pluie cesse, et lui ait proposé une serviette. Lorsque je le lui ai tendu, nos mains se sont frôlées et j'ai ressenti un truc bizarre. Comme la semaine dernière. Il m'a rattrapé la main, et là on s'est embrassé. On a passé un moment de folie, des instants magiques.

- Bah c'est super, je suis contente pour toi. Je ne comprends pas ce qui cloche ?

- Je me suis endormie enlacée dans ses bras.

- S'il a dormi avec toi, il est où le problème ?

- Quand je me suis réveillée à 14h, il n'était plus là. Il a juste laissé un foutu mot de remerciement !

- Il va peut-être t'appeler demain ?

- Tu parles ! Nous nous sommes pas échangé nos numéros.

- Ah merde !

- C'est vraiment le cas de le dire ! La seule façon de le revoir, c'est de retourner au Dreams of The Night la semaine prochaine. Je n'ai pas envie de passer tous mes week-ends à sortir !

- Tu m'étonnes ! Il n'y a vraiment pas d'autres moyens de le revoir ?

- Je ne pense pas. Je ne sais quasiment rien de lui. De toute façon, en parlant avec lui, j'ai bien compris qu'il ne cherchait rien de sérieux.

- Tu es sûre ?

- Oui, il dit qu'il n'est pas fait pour les relations, que l'amour ce n'est pas pour lui bla-bla-bla.
Il me plaît vraiment. Il y a quelque chose de fort dès que je le vois, dès que nos regards se croisent. Je pensais vraiment que ça aurait pu coller.

Une larme s'écoule sur mon visage.

- Oh ma chérie. Il ne faut pas pleurer. Je suis sûre  qu'on peut trouver une solution.

- Je n'y crois pas !

- Tu veux que je demande à Mika comment le joindre ?

- Hors de question ! S'il veut être avec moi, c'est à lui de se débrouiller pour me voir. Je ne vais tout de même pas courir après lui tout le temps.

- Tu as raison, mais tu n'as pas peur de louper ta chance ?

- Non ! Ça voudra dire qu'il n'était pas fait pour moi.

- Allez ma chérie ! Ça va aller.

Naëllia me prend dans ses bras. Son câlin me fait du bien et me remonte le moral.

- Bon ! Nous n'allons tout de même pas passer la soirée à parler de moi quand même ! Ta fin de soirée à toi, c'était comment ?

- Sexuelle, me dit-elle toute joyeuse.

Elle a le don pour me rendre le sourire.

- Vous allez vous revoir ?

- Oui, nous nous voyons mardi soir. Je crois que lui et moi sommes compatibles. Ça colle pas mal quoi !

- C'est super, je suis contente pour toi. Dis donc , c'est la première fois que je te vois si enthousiaste dans une relation.

- Oui c'est vrai. On a bien fait de venir à Bordeaux.

- Bon ! On la commande cette pizza ? J'ai la dalle ! Je n'ai rien dans l'estomac depuis hier soir !

- Et ! On ne saute pas un repas pour un mec Mademoiselle Salomé.

- Oui maman, lui dis-je d'un ton ironique.

- J'ai faim aussi. Le sexe m'a creusé l'estomac et pourtant j'ai bien mangé ce midi.

- Alors va pour deux pizzas.

- Parfait !

Nous les commandons et continuons nos papotages. Nous rions comme d'habitude. Nos liens n'ont pas changé. Je dirais même qu'ils évoluent. Pour la première fois j'ai su lui parler de ce que je ressentais. D'habitude, je garde ça enfoui dans ma tête, juste pour moi. C'est une bonne décharge de pouvoir se libérer et parler à une personne de confiance. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai jamais fait auparavant.

Nous finissons la soirée par un DVD. Les bronzés font du ski. Il me fera toujours autant rire ce film-là.

Il est minuit et demi, je fatigue. Heureusement que le lundi notre l'institut est fermé.
Je rentre dans mon appartement, m'allonge sur mon lit et m'endort sans difficulté.