12 : Benji

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Lundi matin je me réveille. J'ai passé une nuit agitée. J'ai très peu dormi. Heureusement que c'est ma matinée de congé, je peux me reposer un peu. J'ai un cours de musique qui débute à 14h. Ça me laisse le temps de traîner un peu.

Je pense encore à la nuit précédente. J'étais bien dans ses bras. Quel moment merveilleux. Jamais je n'avais ressenti ça auparavant. Un plaisir foudroyant. Je passe mon temps à regretter d'être parti comme un voleur. C'est mieux pour elle. D'ailleurs je n'aurai pas dû succomber. C'est mieux ainsi. Je n'ai pas envie de la faire souffrir. Mais putain que c'était bon. Elle me manque. J'aimerais tant la toucher.

Les sentiments en moi se mélangent. Culpabilité, manque, désir, plaisir, amour. Non pas amour. Je n'ai pas le droit !

J'ai passé toute ma semaine à penser à elle. Chaque nuit, elle rejoint mon sommeil. Chaque nuit, c'est passionnel. Chaque nuit, j'ai le coeur amoureux. Chaque nuit, je suis le plus heureux. Chaque matin c'est la même histoire. Je suis triste de revenir à la réalité.

Je me suis efforcé chaque jour qui passe de ne pas aller la voir. Puis mercredi, je suis passé devant son institut sans me faire remarquer. Elle était belle. Elle était pensive, plutôt triste.
J'espère que je ne lui ai pas brisé le coeur.
Jeudi et vendredi je suis encore passé sans avoir le courage d'entrer. Son visage était adouci, mais toujours ce grain de tristesse. Peut-être est-ce de ma faute ? Non ! Le monde ne tourne pas autour de moi. En plus je lui ai fait comprendre que je ne cherchais pas à m'engager.
J'ai envie d'y retourner. Aller lui parler, tout au moins m'excuser. Pourquoi m'y rendre si je ne veux rien après ?
J'ai l'impression d'être accro.
Tout est vraiment confus dans ma tête.

Samedi matin je me suis décidé à retourner au salon, mais cette fois pour lui rendre visite, pour m'excuser d'être parti comme ça, juste avec ce petit mot limite ringard.
Au travers de la vitrine, je l'ai vu rire aux éclats avec son amie. Du coup je n'ai pas voulu lui retirer son si beau sourire. Je suis parti.

Elle viendra sûrement ce soir.
Je n'ai qu'une envie ; c'est que ce soir elle vienne au bar.
Pourquoi je pense tant à elle. J'ai l'impression qu'elle m'a envoûté.
J'ai tellement envie d'elle. Je veux tellement la toucher, la prendre dans mes bras. Sentir son parfum, ses cheveux.
J'ai tellement envie d'être auprès d'elle. Si seulement je pouvais lui offrir plus.

23h je démarre la soirée. Mes platines sont lancées. Je jette un coup d'œil partout. Pas de Salomé. Elle va peut-être arriver après.

23h30 mon coeur bat la chamade. J'aperçois sa copine. Elle doit être là, pas loin. Je regarde partout. Je ne la vois pas. Si je pouvais, je lâcherais mes platines pour aller à sa rencontre. C'est plus fort que moi. Je ne peux pas. Jamais je ne prends de pause pendant mon service. C'est contre ma volonté. Je veux donner le meilleur de moi-même. Les gens dansent moins quand on leur lance un disque comme ça, sans en donner de l'importance. Alors arrêter ne serait-ce que deux minutes le mixage, gâcherait tout le plaisir pour le public comme pour moi.

Sa copine me lance un regard de tueuse. Je crois qu'elle ne m'aime pas. En même temps si j'ai fait souffrir son amie, je la comprends.

Pour la première fois de ma vie, mes heures de mixage sont longues. J'ai hâte que la soirée s'achève.

Elle n'est pas venue. Elle n'avait peut-être pas envie de me croiser. Je suis triste.

Je viens de finir mon dernier mixage. Je remballe le matériel. Je me dépêche, j'ai besoin d'air.

- Benji ?

- Oui Monsieur Carven ?

- Tu n'avais pas l'air en forme ce soir. Des soucis ?

- Non du tout Monsieur, juste l'accumulation de fatigue sûrement.

- Il faudrait que nous fixions un rendez-vous dans la semaine pour une réunion.

- D'accord ! Lundi matin ou jeudi à partir de 17h.

- Va pour jeudi à 18h00 alors. Reposes-toi pour être en forme demain soir.

- Oui Monsieur Carven.

Monsieur Carven est le patron du bar. C'est un bon mec. Toujours disponible pour ses employés. Il a la cinquantaine, divorcé de sa femme depuis 2 ans. Il protège sa fille de 18 ans. Je l'ai déjà aperçue une fois ou deux, elle est jolie, un peu trop maigre à mon goût. Il n'aime pas qu'elle traîne la nuit. En même temps je le comprends. Il sait ce que c'est le monde de la nuit. Il ne veut pas que sa fille tourne mal. Je crois que si j'avais eu des enfants, je les aurais aussi bien protégé que lui. Enfin la question ne se pose pas. J'en ai pas ! J'en aurai jamais !

C'est quand même bizarre qu'il me convoque à une réunion. D'habitude il me parle de tout, tout de suite ou par téléphone. J'aimerais bien savoir quel est le problème !

Je pars du bar et me balade avant de rentrer chez moi. Mes pas, me mènent devant le salon de Salomé.

Je voudrais la réveiller, sauter dans son lit. Sauter sur elle. Lui dire combien elle est belle.

Pourquoi c'est si compliqué ?
J'ai bien eu une relation durant des années  avec Vanessa, alors pourquoi pas elle ?
Non Benji, tu sais que tu ne peux pas !

Je finis par rentrer chez moi.
Une bonne douche s'impose avant d'aller dormir.

L'eau qui coule sur moi est chaude, limite bouillante. J'aime ça quand le moral n'est pas au beau fixe.  Je suis appuyé contre la paroi de la douche, le pommeau accroché sur la colonne de douche. Le jet coule à flot. Je ferme les yeux un instant.

Elle ouvre la porte de la douche. Elle s'invite à entrer avec moi. Elle caresse mon torse d'une de ses mains. L'autre vient se poser sur mon dos, puis descend jusqu'à mes fesses. Ma verge se met en état d'alerte. Sous le jet, je la porte et la pénètre d'un coup sec. Elle aime ça. Les va et vient nous transportent dans un monde lointain. Ensemble, nous jouissons d'une puissance phénoménale. 

J'ouvre les yeux.
Ce si beau spectacle n'était encore qu'une illusion.

Je sors de la douche, me sèche. J'enfile mon boxer, mon peignoir.
Je vérifie mon portable avant de me coucher.

Un message sur mon répondeur :

"Salut, c'est Vanessa. J'avais envie de te parler. Tu dois encore être dans ta musique comme d'habitude. Si tu as deux minutes. Tiens-moi au courant. Ciao! "

Manquait plus qu'elle. Elle part, ne donne plus signe de vie, et madame se réveille du jour au lendemain. Si elle croit que je pense encore à elle, elle rêve.

Je suis épuisé. Je n'arrive pas à dormir.
Je tourne sans cesse dans mon lit.
J'ai réellement besoin de sommeil. Je travaille encore ce soir, et je dois avoir la forme.

Je prends un somnifère, et m'endors dans un sommeil profond.

PassionnellementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant