Depuis mon emménagement à Bordeaux, ma vie a changé. Ma conception du travail et de ma vie de femme aussi.
Avant j'étais fêtarde, bon je le suis encore. Je passais mes nuits avec des hommes sans lendemain. J'aimais ça. Je ne voulais pas de relation. Je ne me voyais pas rendre des comptes à quelqu'un sur ce que j'ai fait ou n'ai pas fait. Où j'étais et avec qui. J'en avais bien assez de mes parents pour ça. Alors je vivais au jour le jour avec mes petites aventures.Le travail, j'aimais ça parce que j'ai choisi ce métier. Je travaillais dans un salon de coiffure depuis plusieurs mois avec des patrons très cons. Je ne m'entendais pas du tout avec eux. Ils ont cru que j'étais leur larbin. Puis comme je me suis tapée leur fils, ça s'est encore moins bien passé. Un soir où j'étais de fermeture, ils nous ont surpris alors qu'on sortait du vestiaire à moitié dévêtu. Ils étaient censés être à une réunion. Nous avons fini par nous arranger à l'amiable, parce que l'ambiance était devenue morbide. De nos temps il est difficile de se trouver un boulot. Le travail manque, les places coûtent chères. J'ai lâché la place. Je ne pouvais en prendre qu'à moi. En même temps c'était ça, ou un meurtre.
Quand Salomé m'a dit que le salon où elle bossait faisait faillite, nous avons reparlé de notre fameux projet. Notre rêve. Au début c'était plus pour rigoler. Puis c'est devenu sérieux. Après toutes nos démarches et l'aide de nos parents, nous avons monté notre projet.
Qui aurait cru que moi la reine des sorties et des déconnades serait devenue patronne aussi jeune. Encore Salomé on peut le comprendre. Réservée mais intelligente. Elle est posée, patiente et a le sens de l'écoute. Mais moi ? Vraiment, je ne l'aurais jamais, oh non jamais imaginé.
Notre institut fonctionne bien. Encore quelques semaines et nous pourrons employer du personnel pour nous aider. Pour l'instant les bénéfices sont limites pour nous. Heureusement nous avions économisé un peu ces derniers mois. Ça nous permet les petits plaisirs d'à côté que nous n'aurions pas pu nous permettre juste avec le travail.
Ça fait quelques semaines que nous sommes à Bordeaux. Nous sortons le week-end dans un bar de nuit. Là-bas, j'ai rencontré quelqu'un : le videur de la boîte. Au début c'était pour un soir, et voilà trois semaines que nous sommes ensemble. Jamais je n'aurais cru tomber amoureuse. Encore moins aussi vite. C'est la première fois que ça m'arrive. Je me suis toujours interdit de ressentir quoique se soit. J'ai sûrement eu tort. Qu'est-ce que je me sens bien dans ses bras. En lui aussi. Faut dire que nos moments au lit sont extras. On super s'entend super bien sûr ce point-là.
Salomé est heureuse pour moi.
Son avis compte beaucoup pour moi. Ma meilleure amie, que est-ce que je la kiffe.
Si elle m'avait dit qu'il n'était pas fait pour moi, je l'aurais cru.Par contre, je suis un peu triste pour elle.
Elle a du mal à dire ce qu'elle ressent. Je le vois bien depuis toutes ces années.
Combien de fois j'ai remarqué qu'elle préférait se taire plutôt que d'aller voir la personne qui lui plasait.Elle ne va pas me la faire à l'envers, même si niveau coeur elle ne m'en parle jamais. Je l'avais vu des dizaines fois être triste à cause d'un mec qu'elle n'a pas su aller lui parler. Sa timidité l'empêche bien des choses. Parfois elle me faisait la tête le lendemain d'une soirée. Je ne savais pas trop pourquoi. Puis j'ai fini par comprendre qu'elle aurait bien aimé être à ma place, que le fameux coup d'un soir l'intéressait elle aussi. Difficile de savoir quand elle se braque sur le sujet. Malheureusement les seules et peu de fois qu'elle repartait avec un homme, c'est quand elle avait trop picolé. Quand on dit que l'alcool fait des ravages, je suis d'accord avec cette expression. Elle n'est plus tout à fait elle. Sa timidité s'envole et ses paroles défilent à une vitesse. Elle se libère. J'aurai tant voulu qu'elle se libère autrement.
Bordeaux nous change vraiment. Pour la première fois, elle a su me dire qu'elle était intéressée par un homme. Qu'il lui plaisait vraiment. Il est plutôt charmant, même sexy. Je ne l'avais pas remarqué comme il était dans son box de mixage. Mais ce n'est pas grave ! J'ai Mika et je suis contente qu'elle m'en ait parlé.
La coquine a fini par l'avoir dans son lit. L'alcool l'a peut-être aidée. Ce salop est parti comme un malpropre au petit matin et depuis, il ne donne plus de nouvelles. Elle avait l'air si heureuse et si triste à la fois. Je crois que chaque minute qui passait, elle espérait une visite de sa part. Il n'est jamais venu.
Hier soir je suis aller au Dream of The Nigth. Elle n'a pas voulu venir avec moi. Au fond j'ai bien compris qu'elle ne voulait pas le voir, qu'elle avait peur de se faire rejeter. La vérité parfois fait mal. Elle a sûrement préféré garder sa pour elle, et renoncer.
Quand je suis arrivée au bar, il était là. Je l'ai regardé. Je n'avais qu'une envie, c'était d'aller le gifler. Je crois que mes yeux me trahissaient.
Je ne sais pas ce qui m'en a empêché, mais je ne l'ai pas fait. Il avait l'air triste. L'impression qu'il cherchait après quelqu'un. Peut-être Salomé ? Peut-être pas !
Je l'ai vu regarder à plusieurs reprises sa montre comme s'il était pressé. Sa musique était moins fluide que d'habitude, elle ressortait beaucoup de mélancolie. Peut-être juste une idée que je me fais.À la fin de soirée, je suis partie avec Mika à mon appartement au-dessus de l'institut. Je me suis mise sur mon petit balcon pour fumer ma cigarette. J'ai aperçu Benji en bas, devant le salon. J'ai fait en sorte qu'il ne puisse pas me voir. Il marchait tout doucement, la mine dépitée. Il a levé la tête vers l'appartement de Salomé. Puis il l'a baissée, avec ses mains sur son visage. Il est reparti aussi triste, qu'il n'est arrivé.
Peut-être n'est-il pas un salop !
Je ne sais pas s'il faut que j'en parle à Salomé.Je n'ai pas le temps de réfléchir plus.
Mika me tire du balcon puis m'enlace.
Il m'embrasse et me jette sur le lit.
Après quelques instants, nos deux corps ne font plus qu'un.
Nous nous endormons collés l'un à l'autre.
Et pour la première fois de ma vie ; j'aime ça !
VOUS LISEZ
Passionnellement
RomanceUn regard , une caresse , s'est par là que tout a commencé. Salomé est une jeune fille réservé, pas très à l'aise face à ses sentiments. Sa timidité l'empêche bien des choses, surtout au contact des hommes. Un nouveau départ s'offre à elle grâce à u...