Je reste un instant à le fixer sans comprendre. Lui, s'inquiète de me voir montrer aucune réaction à la bombe qu'il vient de lâcher.
Quand enfin mon cerveau semble enregistrer l'information, une douleur s'éveille dans ma poitrine, me comprimant, un étau de tristesse vient enserrer ma gorge, m'empêchant de respirer. S'ensuit, un torrent de larme dévalant mes joues à vive allure. Mon cœur s'affole, bat de plus en plus vite, menaçant de sortir de mon corps. De puissants sanglots incontrôlables m'empêchent de respirer normalement.
Je m'effondre contre mon père, dans un état similaire au mien, anéanti par la nouvelle.
Lucas se tient près de nous et nous observe silencieusement. Il connaît, lui aussi, ce sentiment de perte qui vous opresse. Je suffoque. J'entends mon père me parler, mais je n'y fais pas attention. Plus rien n'a d'importance à ce moment.
J'inspire. J'expire. Et répète ce schéma infiniment, jusqu'à l'obtention d'un résultat convenable.
Ni mon père, ni moi ne bougeons. Son torse est agité de spasmes et il tressaille à plusieurs reprises. Lucas fini par nous séparer, mon père doit rentrer à la maison, il n'est pas autorisé à rester. Il me quitte à regret après une dernière étreinte. Je le regarde partir en pleurant à chaude larmes.
Lucas me souffle des paroles réconfortantes, et tente du mieux qu'il peut de me faire sourire. Rien n'y fait.
"J'ai besoin d'être seule, je lui dis."
Je pars en courant jusqu'à ma chambre.Hors d'haleine, je m'écroule à plat ventre sur le lit.
Je pleure, tape le matelas, cri. Mes larmes se tarissent, j'essuie mes joues humides et fixe le plafond blanc. Le désespoir s'empare de moi. Je commence à divaguer à propos de ma mère. Son visage toujours souriant, ses cheveux blonds comme Hanna, son teint hâlé et ses yeux bleus glaciers, les mêmes que les miens. Des heureux souvenirs me reviennent en mémoire, je sourie au plafond. Je l'imagine allongée à côté de moi, elle me carresse les cheveux, me câline. Or elle n'est plus là et ne le sera plus jamais. Plus jamais elle ne me serrera dans ses bras, ne me parlera, me dira que tout va bien. Elle a juste disparue et le restera jusqu'à ce que se soit mon tour.
Puis un autre visage vient la remplacer, celui d'une petite fille au sourire identique. Hanna, ma douce et tendre Hanna. Comment le vit-elle ? Qui pourra s'occuper correctement d'elle ? Je l'ai abandonné et maintenant ma mère aussi. Mon père ne sera pas prévenant comme elle l'était. Ma sœur a hérité de tous les traits délicats de ma mère.
À la mort d'un citoyen, la famille reçoit une large compensation. Mais rien ne compensera le manque d'une mère et d'une épouse.
Hanna grandira seule, évoluera sans repère, sans vraiment personne. Ma mère ne la verra jamais grandir et s'épanouir. Et moi qu'à de rares occasions. Elle nous en voudra longtemps de l'avoir laisser.
Qui aurait pu prévoir une mort aussi soudaine ? Ma mère ne souffrait d'aucun mal et était d'une nature solide.
Des bruits de pas se rapprochent de l'autre côté de la porte fermée. Je me relève pour apercevoir Lucas entrer une enveloppe à la main.
"Je n'ai pas été assez clair ? Je ne veux pas de ta compagnie ! m'ecrié-je furieuse.
-Écoute moi, c'est au sujet de ta mère.
Il me tend l'enveloppe
-Qu'est ce que c'est au juste? je l'interroge méfiante.
- Tu verras.
J'ouvre la lettre et en sors un papier plié et replié. Dessus une écriture arrondit et reconnaissable. Ma mère m'a écrit. Je jette un regard hésitant vers Lucas qui m'encourage à la lire.
"Chère Rebecca,
Si tu reçois ma lettre, quelque chose m'est sûrement arrivé. Après ce qui est arrivé au Judei, je préfère prendre des précautions.
Je te dois et t'ai toujours dû des explications. Mais sache d'abord que cette lettre ne provient pas seulement de moi, ton père aussi en est l'auteur. Pour nous, ta naissance à tout changer. Tout. Notre mode de vie et qui nous étions. La vérité te sera peut-être dure à admettre, pourtant c'est la vérité et il faut l'accepter. Si nous avons décider d'arrêter toute activité, c'était pour te protéger. Nous faisions parti d'une organisation contre la nouvelle ère, nommé les rebelles. Je ne sais pas si au moment où tu liras ceci, le mouvement aura évolué. Nous luttions contre les inégalités de la nouvelle ère. J'espère que tu suivras notre chemin et t'engageras dans cette cause qui nous tenait énormément à cœur.
Ma chérie, nous t'aimons de tous notre cœur et pensons à toi à chaque jour qui passe."La lettre était signé par deux R entrelacés et par le nom de mes parents. Je ferme les yeux. Au fur et à mesure, je rassemble les indices, raisonne. Ils m'ont écrit qu'ils souhaitaient que je rejoigne les rebelles, comme eux, que je me batte, pour eux.
-Qui t'as donné cette lettre ?
-Les rebelles. Je devais te la remettre en main propre.
-Comment l'ont-ils eu ?
-Tes parents leur ont confié à leur départ. À la mort de ta mère ou de ton père, quelqu'un devait te l'apporter.
Je reste sans voix quelques temps, avant que Lucas ne reprenne la parole.
-Il y a autre chose qu'il faut que tu comprennes, Rebecca.
-De quoi s'agit-il ?
-Mes parents ont été assassiné car ils étaient des rebelles.
La phrase qui parlait des Jodei prend alors un sens.
-Ma mère... aurait... été tué pour la même raison ?
-Le gouvernement l'a tué et a tué mes parents.
Une haine violente s'empare de moi et me donne une envie de meurtre. Mais mes parents m'ont confié une autre façon de me venger, de m'engager. Je vais m'opposer au gouvernement, pas pour les raisons que ma mère aurait voulu.
-Je veux devenir une rebelle, déclaré-je à Lucas."

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Rebelle
Science FictionEn réécriture 2130 La nouvelle ère est un nouveau gouvernement. La nouvelle ère est un changement. La nouvelle ère à mis des règles en place. Ce qui ne respecteront pas les règles se verront enlever leur citoyenneté et deviendront esclave. L'esclav...