Chapitre 12

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Je me déshabille lentement en prenant tout mon temps, mon esprit toujours embrumé par les vapeurs du sommeil et mon corps exténué malgré le repos. Enfin dans la douche, j'allume le jet d'eau chaude et pousse un soupir de contentement en sentant le liquide brûlant couler le long de ma peau. Dommage que je doive attendre un mois avant de pouvoir prendre une nouvelle douche chaude. Je cesse toutes réflexions inutiles accaparant mes pensées. Je laisse l'eau réveiller mes muscles endormi et lutte pour ne pas m'assoupir. Après mettre laver, je termine finalement assise sur le carrelage, les paupières à demi-closes. Malheureusement plusieurs coups énergiques tapés à ma porte, me retiennent de sombrer dans un sommeil que je désire ardemment.

Je me dépêche de couper l'eau et d'attraper une serviette blanche dans laquelle je me drape. J'essor mes cheveux encore dégoulinants et trempés. C'est une Marta tirée à quatre épingles qui entre dans la salle de bain, une robe noir à la main.

"Je suis en retard? m'inquiété-je en me séchant les jambes à la va-vite.

-Non ne vous faites pas de soucis mademoiselle Rebecca. Je viens uniquement vous apportez votre robe pour l'occasion.

Je la remercie poliment et attends patiemment qu'elle parte pour pouvoir me changer. Mais la bonne femme s'éternise sur place, plantée comme un piquet devant moi. Je lui lance un regard appuyé et elle se retourne.

-C'est pour vérifier que la taille vous convient, se justifie Marta.

Je détaille la robe avant de l'enfiler précautionneusement pour éviter de l'abîmer. Elle est noire avec des bordures blanches. A part cette légère fantaisie, elle est assez simple et me va parfaitement. La femme se remet dans la bonne direction et m'observe des pieds à la tête.

- Bien, concède-t-elle. Lina et ses filles arriveront dans trois heures, tachez d'être prête."

Sur ceux, elle repart vaquer à ses occupations. Avec l'aide d'un appareil cylindrique dans lequel je glisse mes cheveux pour qu'il sèche automatiquement, je tente ensuite de les coiffer convenablement. Un autre gadget utile que seule les riches peuvent s'acheter. Je tresse ma chevelure en une natte épaisse.

Le travail achever, je me contemple dans le miroir d'en face. La robe m'arrive un peu près au dessus des genoux et les manches au niveau des coudes. Elle n'est pas spécialement cintré. Je ramène ma natte noir sur mon épaule droite. J'aperçois des poches violettes, sous mes yeux bleus grands ouverts, signe de fatigue, à cause de mes horaires contraignants. 

Les couloirs sont déserts, même pas un domestique. Ils sont tous rassemblés dans la cuisine, la pièce la moins vaste de toute la demeure, ce qui est étonnant vu le reste de la maison. Les quatre esclaves des Livya, à part Lucas, sont ici, eux aussi. Quelques personnes s'activent aux fourneaux dont Théoph, tandis que les autres préparent couverts et assiettes. Je distingue Marta à travers la masse compacte présente. Je me faufile entre les domestiques en tentant de n'en bousculer aucun malencontreusement.

Je sens une main familière se poser sur mon épaule et me retenir. Avant même de me retourner, je sais déjà à qui appartient la main. Je me dégage de sa poigne et continue d'avancer pour rejoindre Marta.

"S'il te plait, écoute moi et ne t'en vas pas! me supplie Lucas.

Soudain l'image de Lucas en compagnie de la mystérieuse jeune fille me revient brusquement en tête. Et ma jalousie avec. Ce qui ne fait que renforcer ma colère.

-Hors de question! 

-Laisse moi un chance, je t'en prie!

Il prend ce ton de jeune garçon et son air d'enfant battu. Je n'ai pas le courage de lui refuser et accepte à contre cœur de le suivre. Nous sortons de la cuisine et nous nous installons dans le couloir d'à côté. Je vois qu'il ouvre la bouche, puis son expression se fige instantanément en une grimace. 

-Qu'est ce qu'il a? je lui demande.

il ne me répond pas et fixe un point derrière moi. A mon tour, je cherche à savoir ce qu'il regarde avec autant d'attention. Et au bout du couloir, je remarque mon père en pleure. Il est là, ici et semble perdu et déconcerté. Mon père s'avance à grand pas vers moi, je prends le temps d'observer ses yeux brillant, ses joues mouillées, ses rides plus nombreuses que la dernière fois et ses cheveux grisonnants. Je cours dans sa direction, les larmes aux coins des yeux. Je me jette dans ses bras et il me serre fort en m'embrassant le haut du crane. Il sanglote dans mes cheveux et j'entends ses reniflements. je n'arrive pas à croire qu'il est avec moi, pas avec Hanna. 

"Qu'est ce que tu viens faire ici, papa?

-Je dois te parler de quelques choses d'importants...

-Où est Hanna? Et maman? le coupé-je.

-Rebecca, écoute moi!  

-Elle sont chez les Lyvia aussi?

-Rebecca! s'énerve mon père. C'est ta mère.

-Vous êtes là sans Hanna? Où est-elle?

-REBECCA! rugit mon père mettant fin à mon interrogatoire.

Je me tais.

- Rebecca, se radoucit-il d'une voix ampli de tristesse. Elle est morte, ta mère est morte."

Si je pensais que ma vie ne pouvait pas être pire, je me trompais lourdement.

RebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant