Chapitre 22

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Je me relève et retombe par terre aussi sec. La chute déclenche une vive douleur dans ma hanche.

Heureusement, une grande main réconfortante vient à mon secours.

De nouveau sur mes pieds, je remercie gentillement Jonathan d'être venu m'aider. Moi, sa soi-disante nouvelle "amoureuse" d'après sa mère.

Je me détache instinctivement de lui, pour ne pas devoir subir le courroux de Barbara une seconde fois.

Je marche durement, ma hanche m'empêche d'avancer correctement et mes membres ont l'air d'être congelé; je n'ai d'ailleurs aucun mal à le croire.

Je replie mes bras sur ma poitrine et tente vainement de me réchauffer. Ma peaux est encore douloureusement froide.

Mme Lyvia est parti comme si de rien n'était, comme si peu lui importer d'avoir laissé une jeunes fille en si mauvais état.

Jonathan m'enveloppe de ses bras et je me sens en sécurité... Mais pas trop quand même. Cette fois-ci, il s'écarte avant que sa mère est le temps de nous voir.

Barbara m'ignore royalement durant tout le long du trajet.

En rentrant, Lucas nous attend dans l'entrée. Il débarrasse Mme Livya de son manteau, puis Jonathan, avant de me regarder une mine inquiète.

Barbara Livya part se coucher. Mon ami en profite pour palper mon cou, toujours froid.

"Que c'est-il passer, là-bas? s'enquiert Lucas.

Jonathan cherche mon regard et nous nous écrions, tous les deux simultanément:

- Rien !
- Elle m'a embrassé!

- Tu l'as quoi ?

- Bien sûr que non... Enfin oui... Non, jamais... Ou peut être que si, je bafouille, confuse.

Je reprends mon souffle et je lui réponds clairement:

- Il se peut bien que oui.

- Et? me demande Lucas qui est devenu pâle, presque autant que moi.

- Pourquoi penses tu qu'il y a eu un et? Ce n'est pas déjà assez affreux! je m'exclame horrifié en imaginant une scène mentalement où nous allions un peu plus loin.

- Parles pour toi, rétorque Jonathan sur la défensive.

J'avoue être légèrement flatté par son commentaire. Mais j'évite que se soit trop évidemment.

- Désolé pour ton égo, ricané je.

- J'assume mes décisions et leur conséquences, moi au moins.

- Ce fut un brève moment de faiblesse de ma part, et rien d'autre.

Il m'agace, je n'ai pas d'autre mot. Qu'il peut être pénible

- Arrêtez tous les deux, vous me rendez malade, s'emporte Lucas.

- Ne sois pas jaloux, lui chuchote Jonathan à l'oreille."

Ce dernier fait comme s'il n'avait rien entendu.

Pendant que Lucas est allé me chercher de l'eau, je lui fais part de mes inquiétudes à Jonathan lui expliquant que j'avais ressenti une sensation de froid beaucoup plus intense que la première fois.

Le jeune homme me donne un petit cours improviser sur leurs incroyable capacités, il m'informe qu'en associant un don avec un sentiment ressenti, il décuple la puissance de celui-ci. Par exemple les émotions négatives l'amplifieront, bien plus que des positives, et aggraveront leur effets néfastes. Plus précisément, la capacité de récupération sera diminué, les blessures resteront plus longtemps et certaines modifications peuvent devenir irrévocable.

Je ne suis pas rassuré par son discours   qui n'a fais qu'accroître mon mal-être et me terroriser d'avantage.

Quand mon ami revient avec le verre, il insiste pour me ramener dans ma chambre. Je me laisse faire et m'affale sur son épaule. Je ne me sens pas bien, mais alors pas bien du tout.

Assise sur mon lit essoufflée, seule, mes côtes douloureuses et mes pensées confuses, je réfléchis à ma bêtise.

Je me promets de ne plus rien faire de ce genre à l'avenir. Cela pourrait s'avérer plus dangereux qu'il n'y paraît. Un simple baisers peut vite se transformer en exécution.

En me réveillant le lendemain matin, la douleur dans mes côtes est parti, mais mon cou est encore froid. Je ne me sens pas bien et la journée me paraît bien plus longue que d'habitude. Les secondes se transforment en minutes, les minutes en heures et ainsi de suite.

La punition d'hier m'a beaucoup affaibli. En plus d'avoir froid en permanence, j'ai une affreuse migraine. Je renifle sans arrêt et ma gorge me fait souffrir.

Jonathan, n'a pas l'air vraiment préoccupé par mon état et Lucas, lui, ce comporte comme une mère le ferait avec son enfant. Ce qui est franchement exaspérant.

Je m'occupe de Lauria, comme d'habitude. Elle est toujours aussi mignonne que d'habitude,et toujours aussi débordant d'énergie... Comme d'habitude.

À un moment donné, la fillette semble s'apercevoir que je ne mets pas autant d'entrain que les autres jours dans nos jeux. Elle me demande si tout va bien; ne voulant pas inquiéter pour rien, je lui réponds que oui.

Mais le seul problème, c'est que rien ne va. Rien ne va! Même Lauria s'en aperçoit. Je suis épuisée, je ne souhaite qu'une chose dormir.

Après avoir couché la petite fille, je ne prends pas le temps de manger et traverse le long couloir désert et silencieux.

Il fait noir dehors et le couloir est peu éclairé. Je frissonne et marche lentement, de peur de me cogner contre un meuble.

Je ne pense pas rejoindre les autres ce soir. Je préfère de loin dormir.

Une silhouette apparaît au bout du corridor. Une silhouette féminine me semble t-il. Elle s'approche à grande enjambé, et à l'air pressé de me rattraper.

Quand enfin elle arrive à ma hauteur, je reconnais les traits de Barbara Livya. De la même façon qu'hier soir, sans explication, elle plante de nouveau son doigt dans mon cou et une vent glacial s'insinue à l'intérieur de mon corps.

Je ne cries pas, je ne me débat pas. Barbara se contiendra t-elle peut être cette fois-ci?

Je lutte pour rester debout, mais mes membres gelé lâchent et je tombe en poussant un petit gémissement.

Personne ne peut me venir en aide, madame Livya le sait, et je le sais.

Mon cerveau n'arrive plus à sortir une pensée correcte, il est congelé.

Je ne sens plus mes pieds et j'aperçois mes doigts désormais d'une teinte bleuté. Sur me bras, mes veines ressortent. Les battements de mon cœur ralentissent. Je ne pense plus correctement. Mes paupières faiblissent, jusqu'à se refermer.

Puis plus rien.

RebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant