Chapitre 7 : Cernunnos

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-Mmmmh.

Les rayons du soleil léchaient mon visage, me tirant du sommeil. J'ouvris un œil et le refermai aussitôt, éblouie. J'avais néanmoins pu voir que je n'étais pas à l'appartement. Si c'avait été le cas, la fenêtre n'aurait pas été face à moi. J'ignorais donc où je me trouvais. Et je ne savais pas pourquoi j'avais mal partout. J'avais la légère impression qu'un rouleau compresseur m'avait délibérément écrasée. Je fouillai dans ma mémoire, à la recherche d'un souvenir.

Des images diffuses me montèrent lentement au cerveau. Les dolmens de Brocéliande, les mains de ma grand-mère levées vers le ciel, la lumière aveuglante, et le bel inconnu aux bois de cerfs. Cernunnos ! J'ouvris les yeux, complètement réveillée. Si j'avais pu, j'aurai bondi de mon lit, mais là, j'en sortis plutôt comme une mamie bourrée d'arthrite. Je descendis les escaliers à la vitesse d'un escargot, ponctuant chaque pas d'un « Aïe » à peine retenu. Je gagnai enfin la cuisine, où ma grand-mère buvait son café, en compagnie du magnifique garçon aux yeux d'émeraude.

-C'est pas vrai, soufflai-je, déstabilisée.

-Gwen ! Tu devrais rester au lit ! s'exclama Mamie. Tu es encore très faible.

Je ne l'écoutais pas, fixant Cernunnos. Ses longs cheveux bruns tombaient sur ses épaules musclées, recouvertes d'un vieux tee-shirt qui avait dû appartenir à mon grand-père, décédé depuis longtemps déjà. J'avais du mal à croire qu'il avait près de 2000 ans. Il en paraissait 25 ! Je m'étais attendue à ce qu'un dieu tel que lui arbore une longue barbe blanche, un crâne chauve et des dents jaunes. Quoique, pour un dieu, ce ne serait pas très valorisant.

-Bonjour, articula-t-il avec difficulté. Moi suis Cernunnos.

Je haussai un sourcil.

« Je sais qui t'es, imbécile, c'est moi qui t'ai délivré » avais-je envie de lui répondre, agacée par la douleur que je ressentais.

-Salut, moi c'est Gwenaëlle. Mais je préfère Gwen.

-Gwenaëlle, répéta-t-il avec un sublime sourire sur les lèvres.

Ma grand-mère avait approché une chaise de moi, sur laquelle je m'effondrai avec délice.

-J'apprends le français à Cernunnos, expliqua ma grand-mère. C'est pour que vous puissiez vous comprendre. D'ici une semaine, peut-être moins, il devrait parler notre langue couramment. Tiens, bois-ça, tu te sentiras mieux.

Elle me tendit un grand bol remplit d'une mixture bizarre d'où s'échappaient quelques bulles et une atroce odeur.

-Pouah, ça pue ! me plaignis-je.

-C'est normal, concéda-t-elle. Mais tu vas le boire quand même. Et cul sec.

Je fis la moue et m'exécutai-je. C'était vraiment dégueu ! Quand j'eus avalé la dernière gorgée, j'essuyai ma bouche du revers de la main. Je ne tardai pas à sentir mes muscles se décontracter et la douleur disparaître petit à petit. Je souris, soulagée.

-C'était quoi ? Un truc de druide ?

Elle hocha la tête en débarrassant le bol.

-C'est une décoction d'herbes médicinales. Elles vont aider ton corps à se remettre de l'autre soir. Le sort que nous avons lancé était peut-être trop violent pour une première fois.

-A ce propos, il s'est passé quoi, après qu'on l'ait libéré ? demandai-je en désignant Cernunnos d'un mouvement de tête. Je n'arrive pas à me souvenir.

-Tu es tombée dans les pommes. La magie demande beaucoup d'efforts. En gros, libérer Cernunnos t'a demandé la même énergie que pour courir l'équivalent de deux marathons d'affilée.

Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant