Cela faisait plus d'une semaine que j'avais trouvé le médaillon à Brocéliande. Je n'avais pas encore eu le temps d'aller voir ma grand-mère pour lui en parler. J'avais fait des recherches à la bibliothèque universitaire, mais je n'avais rien trouvé d'intéressant sur le bijou. Peut-être que ce n'était qu'une babiole qu'on vendait dans ces magasins de souvenir. Toujours est-il que je le gardais continuellement sur moi. On ne savait jamais, tête en l'air comme j'étais, j'aurais très bien pu le perdre.
– Gwen, tu es prête ?
Je soupirai et jetai un coup d'œil assassin à mes baskets, posées à côté. J'avais pris un peu de poids, ces derniers temps, et avais décidé de me mettre au footing avec Ninon.
– Presque, il ne reste plus que mes chaussures, lançai-je d'une voix morne.
J'attrapai le médaillon, caché sous mon oreiller, et le glissai sous mon tee-shirt trop grand. Le métal froid sur ma poitrine me fit frissonner. J'aurais pu le laisser ici, mais une petite voix dans ma tête m'incitait à le prendre. Je me regardai dans le miroir pour vérifier qu'il n'était pas visible. Ça ne risquait pas : mon haut était tellement ample que j'aurais pu rentrer deux fois dedans.
– Allez, courage ! Ne t'inquiète pas, on va commencer doucement, m'encouragea-t-elle alors que je la rejoignais dans le salon.
Honnêtement, je n'y croyais pas trop. Je n'ai jamais été sportive, et je pense que je ne le serai jamais. Je finis de lacer mes chaussures et nous partîmes. Ninon avait l'habitude de faire son footing dans une forêt légèrement éloignée de la ville, pour ne pas être dérangée. Elle se gara sur le parking de terre et nous pûmes démarrer.
– Allez, c'est parti ! lança gaiement Ninon. Je vais commencer avec toi et puis tu continueras à ton rythme. Tu as bien ton inhalateur sur toi ? Je ne voudrais pas que tu tombes dans les pommes.
Je sortis le petit tube de ma poche et l'agitai sous son nez. Et oui, en plus d'avoir une peau blafarde qui crame au moindre rayon de soleil, j'étais aussi asthmatique. Youpi !
– Super. Allez, on y va doucement.
Nous nous mîmes à courir. Pendant les 500 premiers mètres, je me sentais bien. J'inspirai et expirai comme Ninon me l'avait montré et je ne me sentais pas si essoufflée que ça.
– Si ça continue comme ça, je peux faire un marathon à l'aise, plaisantai-je.
Ninon émit un petit rire, et elle tourna la tête vers moi.
– Ne parle pas trop, Gwen. Tu vas t'essouffler bien plus vite.
Je hochai la tête, docile. Je sentis quelque chose bouger au creux de mon ventre. C'était si agréable de voir Ninon s'occuper de moi, de s'inquiéter pour mon bien-être. J'en avais presque les larmes aux yeux. Oui, je sais, je suis super-émotive. Rapidement, je vis que Ninon accélérait. Elle avait du mal à m'attendre, ses jambes élancées ne demandaient qu'à se déployer en d'élégantes foulées, tandis que moi, je traînais des pieds.
– Je vais te laisser, me dit-elle. Continue doucement, à ton rythme, et je viendrai te chercher de temps en temps. Suis les balises vertes, tu ne peux pas te perdre. À tout à l'heure !
Je lui adressai un signe de la main et elle s'éloigna. Dès qu'elle fut hors de ma vue, je me sentis faiblir. C'est fou comme ses bonnes ondes m'aidaient à tenir ! Là, j'avais du mal à aspirer l'air, et je commençai à voir trouble. J'essayais de me motiver intérieurement, mais rien à faire. Je n'ai jamais été du genre à abandonner facilement, aussi continuai-je tant bien que mal mon épreuve. Je tournai au coin d'un arbre, suivant la route indiquée par ces fichues balises. Une immense ligne droite s'enfonçait dans la forêt. De quoi me faire déprimer. Je fermai les yeux et inspirai un grand coup.
VOUS LISEZ
Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)
FantasiaLa vie de Gwenaëlle a toujours été des plus banales, ce dont elle se félicite. Mais le jour où elle trouve un antique médaillon au cœur des bois, sa vie bascule et prend un tournant beaucoup plus ... périlleux. Sa découverte la plonge au cœur d'une...