Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)

Chapitre 22 : L'esprit maléfique

L'étau se resserrait et j'avais l'impression d'étouffer.

-Attendez, nous pouvons vous expliquer, tenta d'argumenter Cernunnos.

Mais les naïades ne voulaient rien entendre. Certaines n'avaient de cesse de hurler qu'il fallait nous planter une pique en plein cœur. Autant dire que je ne préférais pas. Mes yeux étaient restés fixés sur la perle des druides, qui continuait de flotter dans les airs. Nous étions venus pour la récupérer, et voilà que maintenant, nous nous faisions attaquer par l'ensemble du peuple naïade. On était dans de beaux draps.

-A l'attaque ! Hurla quelqu'un dans la foule.

Je réagis au quart de tour, alors qu'une jeune naïade plongeait vers Ninon, sa lance en avant.

-Avel ! Grondai-je d'une voix qui ne semblait pas être la mienne.

Un vent violent emplit la caverne, repoussant nos assaillants vers l'arrière. J'en profitai pour attirer la perle vers moi. Au moins, maintenant, nous pouvions fuir avec le précieux objet. Hébétées, les naïades mirent un moment à comprendre ce qui venait de se passer, laissant le temps à la perle de flotter dans ma direction. Quand elle fut à ma portée, je tendis les doigts vers elle et l'effleurai. Elle glissa lentement dans ma paume, puis je refermai le poing sur elle.

A ce moment-là, toute la caverne se mit à trembler avec violence.

-Oh oh, fis-je alors que le plafond s'effritait par endroits.

La grotte se mit à vibrer plus fort et bientôt, les stalactites du plafond cédèrent et plongèrent vers nous. Seul le bouclier magique que Gwydion déploya au-dessus de nos têtes nous empêcha de finir transformés en brochettes. Un peu partout, les naïades hurlaient de terreur.

-Regardez ce qu'ils ont fait ! Éructa la naïade maigrichonne. Ils ont tué notre reine et maintenant, ils détruisent notre temple ! Ils ne méritent que la mort ! Allez-y, mes sœurs ! Tuez-les.

-Mais c'est pas vrai, couina Ninon, derrière moi. Gwen, qu'est-ce que t'as fait, encore ?

Je me retournai vivement et le foudroyait du regard.

-Moi ? Mais rien, j'ai juste récupéré la perle ! Me justifiai-je avant d'invoquer l'écorce sur mes bras.

J'étais prête à me battre, bien que j'aurais préféré une autre solution. J'allai me jeter dans la mêlée, épaulée de Cernunnos et de son épée, quand la caverne arrêta de trembler. Un silence de plomb tomba alors. Les naïades avaient elles aussi stopper leur geste et nous attendions ce qui allait se passer ensuite.

C'est alors que corps de la Grande Naïade s'anima. Elle se redressa en tremblant et se tourna vers nous. Son visage arborait un rictus dément et ses yeux rouges nous fixait avec un air fou. Elle rejeta la tête en arrière et éclata d'un rire sinistre qui me glaça le sang. Le pire, s'était le trou béant dans sa poitrine, résultat de l'attaque mortelle de Gwydion. Heureusement qu'elle n'était composée que d'eau, sinon je crois que j'aurais vomi. Enfin, ce n'était quand même pas très ragoutant, ce sang bleu nuit qui perlait de la plaie béante.

Immédiatement, toutes les naïades se prosternèrent aux pieds de leur souveraine.

-Votre Majesté, vous êtes revenue d'entre les morts ! S'exclama la naïade malingre entre deux sanglots.

-Mais bande d'idiots, vous ne voyez pas que ce n'est pas votre reine ? S'emporta Ninon, rouge de fureur. Elle est possédée ! Possédée ! Sinon comment pourrait-elle être encore debout avec ce trou dans le ventre ?

Mais les naïades ne réagirent pas. Ils restèrent plantés là, presque allongés sur le sol devant leur morte-vivante de Grande Naïade. Gwydion en profita pour nous rejoindre.