Chapitre 30 : Le destin d'une druidesse

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Un hurlement retentit, juste derrière. J'ouvris un œil, surprise de ne pas avoir été touchée par la lance. Je baissai les yeux vers le fantôme sous moi. Une pique était plantée en plein dans sa tête, auréolée d'or. Je me retournai sur ma selle.

Ninon.

Elle était juste là, resplendissante dans son armure de cuir, une impressionnante décharge de magie sortant de son corps. Elle ne devait pas savoir comment contrôler tout ce pouvoir, qui s'échappait d'elle, diffus, et s'enroulai autour de la lance.

-Tu vas bien ? me cria-t-elle en lançant son étalon brun vers d'autres morts.

-Ou ... Oui, ça va ! lui répondis-je fébrilement.

Je serrai les doigts autour de mon épée et, comme Ninon, fit glisser mon pouvoir vers la lame, qui brilla d'une douce lueur d'émeraude. Bien, ça devrait fonctionner, à présent.

D'un geste violent, je balançai le bras au travers d'un corps fantomatique. Avec un hurlement strident, la créature se recroquevilla sur elle-même et explosa en une myriade d'étoiles sombres. Je ne m'attardai pas sur le spectacle et fondis sur un autre ectoplasme. Ma lame fendait tous les fendait tous les fantômes qu'elle rencontrait, les renvoyant dans l'au-delà. En tout cas, c'est ce que j'espérais, c'est que les détruire les soulage plus que cela ne les accable. Je voulais que ce soit une libération de la manipulation de Merlin, pas une extermination pure et simple qui les enverrai je ne sais où.

Je relevai la tête et distinguai, loin devant, la silhouette de Cernunnos qui maniait sa lame avec grâce, auréolé d'un nuage pailleté. Sa lame devait être imprégnée de magie, contrairement à celle des centaures, qui tombaient l'un après l'autre. Le sang imprégnait le sol, entre les pieds fantomatiques et les sabots noirs. L'odeur qui se dégageait des corps me prenait à la gorge, et la nausée finit par s'emparer de moi. Les cris et les râles qui s'échappaient de la gorge des blessés me fendaient les tympans et les éclairs de magie qui fusaient dans le ciel ne faisaient que souligner l'horreur du spectacle. Mais je ne m'arrêtai pas pour autant.

Je ne pouvais plus reculer, et chaque seconde que je passais au milieu de ce champ de bataille était une petite victoire. Une victoire de la vie sur la mort. Ma jument traversait les lignes ennemies comme un navire au milieu des icebergs, sa corne empalant les morts qui passaient à sa portée. J'avais peur. Oh oui, j'avais peur, mais c'était sûrement ce qui me maintenait en vie.

Soudain, les morts s'agglutinèrent autour de nous. Ils semblaient avoir compris que Ninon et moi étions plus dangereuses que les centaures qui ne pouvaient pas les toucher. Ils se rapprochèrent dangereusement, leurs épées et leur lance menaçantes. J'attrapai les rênes et tirai dessus pour que ma jument ne fonce pas dans le tas et que je me fasse arracher la jambe au passage. Car je savais que je ne pourrai pas tous les retenir. La licorne se mit alors à tourner en rond, cherchant une issue. Je me rendis alors compte que nous étions encerclés. Le nombre de centaures encore en vie était dérisoire et les rayons de magie venant de l'arrière se faisaient de plus en plus rares. Je ne savais pas si c'était parce que les lanceurs étaient fatigués ou parce que les morts les avaient atteints. Toujours était-il que la situation n'était pas bonne. Pas bonne du tout.

-Gwen !

Une lumière verte passa devant mes yeux et fit exploser un mort, jute derrière moi. Cernunnos apparut alors entre les fantômes, sa lame d'or brillait comme un soleil.

-Il faut battre en retraite, ils sont trop nombreux ! hurla-t-il, sa lame décrivant des arcs de cercle mortels.

-Ça ne servirait à rien, déclarai-je. Nous n'avons nulle part où nous cacher, ils nous trouverons où que l'on aille. On est déjà mort.

Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant