Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)

Chapitre 2 : Le médaillon

– Gwen...

La voix avait beau être douce, elle venait de me réveiller, et je n'aimais pas ça. Je grommelai et fourrai la tête dans l'oreiller.

– Gwen, chérie, réveille-toi. Ninon va encore s'énerver si on ne se lève pas.

Il y avait un léger trémolo dans la voix, mais mon cerveau embrumé de sommeil ne sut déceler s'il s'agissait d'un rire mal contenu ou d'un tremblement de peur.

Des lèvres délicates s'appuyèrent légèrement sur la peau de mon cou. Je souris de délice avant de me tourner sur le dos. Nico était au-dessus de moi, et me fixait de ses fantastiques yeux noirs, illuminés par les rayons du soleil qui filtraient à travers les volets. Je le regardai tendrement et il se pencha vers moi, déposant un baiser humide sur mes lèvres. Des papillons s'envolèrent dans mon ventre, en même temps que les pas de Ninon martelaient le parquet du couloir. Elle frappa vigoureusement à la porte.

– Vous allez vous lever, oui ? Line est surexcitée, je ne vais pas réussir à la contenir toute la matinée. Je vous préviens, si vous la décevez le jour de son anniversaire, je vous étripe !

Elle poussa un râle digne du grondement d'un taureau en colère, frappa une dernière fois sur le panneau de la porte et tourna les talons en fulminant bruyamment.

– On arrive, lançai-je sans vraiment parvenir à retenir mon fou-rire.

Je me tournai et embrassai la joue de Nico, avant de me lever. J'ouvris les volets en grand et laissai entrer le soleil de mai qui dardait déjà ses rayons sur la ville ensommeillée. De ma chambre, j'avais une vue imprenable sur le parc. Nico s'approcha de moi et passa les bras autour de ma taille. Son souffle chaud souleva quelques-unes de mes mèches rebelles.

– J'aimerais vraiment retourner au lit avec toi, ma belle, susurra-t-il à mon oreille, mais je tiens réellement à garder ma tête sur mes épaules, donc je pense qu'on devrait les rejoindre.

J'acquiesçai et l'embrassai une dernière fois avant d'aller me laver. Nico voulut me rejoindre sous l'eau, mais je savais d'expérience que les douches à deux prenaient beaucoup plus de temps que nous n'en avions. Aussi attendit-il que j'aie fini, son dos nu appuyé contre le mur froid et les bras croisés sur son torse, le regard ardent fixé sur ma peau nue. Une fois rincée, je passai à toute vitesse devant lui et filai dans ma chambre pour m'habiller.

J'enfilai une légère robe blanche en dentelle, décolletée juste comme il faut par-dessus ma lingerie, blanche elle aussi. Il faisait anormalement chaud à cette période de l'année, mais la petite sœur de Ninon avait décidé de passer la journée à Brocéliande pour son anniversaire. Je trouvais l'idée complètement absurde, nous aurions été bien mieux au bord de la mer, mais je n'avais rien à dire, la petite décidait. C'était sa journée. Je sortis de la chambre et gagnai la cuisine au pas de course. Line avait une discussion animée avec sa sœur, agitant dans les airs sa cuillère dégoulinante de lait pour ponctuer ses paroles. Elle s'arrêta au beau milieu de son geste en me voyant et jaillit littéralement de sa chaise pour se propulser dans mes bras.

– Gwennie chérie ! s'écria-t-elle de sa petite voix enfantine. C'est mon anniversaire aujourd'hui !

– Oui, bon anniversaire !

– J'ai huit ans maintenant !

– Je sais, tu es tellement grande ! Tu vas bientôt dépasser ta sœur !

– Elle te dépassera avant moi, je te signale ! s'exclama l'intéressée depuis le plan de travail.

Je ris en serrant la petite fille dans mes bras. Elle enroula ses bras autour de mon cou avant de se dégager, relevant vers moi son visage poupon illuminé des ses yeux aussi bleus que le ciel. Elle finit par s'écarter de moi et regagna sa place, plongeant la cuillère qu'elle n'avait pas lâchée dans son bol de céréales. Je m'installai face à elle et me servis un grand bol du café qui était sur la table. Ninon préparait les sandwichs, juste derrière moi. Elle adorait tout contrôler, et je n'allai pas m'interposer entre elle et son organisation. Je n'étais pas suicidaire, tout de même !