Chapitre 17 : la danse des fées

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Un vent léger soufflait sur le lac, faisant vibrer la surface. A mes côtés, Cernunnos était tendu. Ses bois pulsaient de manière irrégulière et sa main était posée sur le pommeau de son épée. Il n'avait pas quitté son armure. « Juste au cas où » avait-il précisé. Sur la berge, les fées préparaient la cérémonie. De ce que j'avais compris, la danse des fées était une sorte de rite pour percer à jour le cœur d'une personne. On allait poser des questions à Gwydion et s'il disait la vérité, il ne se passerait rien. Sinon, les fées le tueraient. Purement et simplement. Et le fait qu'il soit un dieu n'y changerait rien. Alors je ne savais pas si Cernunnos était stressé à l'idée que Gwydion meurt ou à celle qu'il vive. A côté de moi, Ninon piaffait. L'idée qu'un homme puisse être potentiellement assassiné sous ses yeux n'avait pas l'air de spécialement lui plaire. A moi non plus, d'ailleurs. En plus, nous étions au premier rang. Génial.

-En même temps, si Gwydion a proposé de le faire, c'est qu'il dit la vérité, non ? demandai-je, perplexe.

Cernunnos secoua la tête.

-Tu ne connais pas Gwydion. Il serait capable de proposer de se soumettre à la danse des fées pour faire croire qu'il est sincère, tout en espérant que l'on n'aille pas jusque-là. Tu comprends ?

-En gros, tu penses qu'il bluffe ?

Il hocha la tête gravement. Un frisson me parcourut l'échine. J'avais peur de ce qui allait se passer.

-Cette danse des fées, elle peut échouer ? demandai-je.

-C'est-à-dire ?

-Est-ce que Gwydion pourrait mentir sans que les fées ne s'en rendent compte, où est-ce qu'elles pourraient croire qu'il ment alors qu'il dit la vérité.

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Cernunnos.

-Les fées ne se trompent jamais, Gwen. Jamais.

Je ne savais pas si cette réponse m'inquiétait ou me rassurait.

-Quand même, c'est un peu barbare, vos méthodes, grimaça Ninon. Je veux dire par là que nous, les humains, les gens normaux, on ne tue pas les gens s'ils mentent. C'est vrai quoi, tout le monde ment !

Cernunnos esquissa un léger sourire.

-Nous ne tuons pas tous les menteurs, rectifia-t-il. Mais les fées ont un sens très particulier de ce qu'est un mensonge, et des conséquences qu'il peut entrainer. C'est pour ça qu'on ne fait presque jamais affaire à elles. Seulement dans les cas extrêmes.

Mon amie ne répondit rien et se contenta de pincer les lèvres. Autour de nous, personne ne disait mot. On entendait même la douce musique du vent qui sifflait entre les arbres de la forêt. Ce silence pesant me faisait froid dans le dos. C'est alors que nous entendîmes l'agréable son des instruments à corde (sans doute des harpes). Au départ, il était à peine audible, puis le jeu des musiciens s'intensifia pour devenir une musique enivrante. Ensuite vinrent les chants. Je ne savais pas d'où venaient cette musique et ces voix cristallines, mais la musique me berçait, accompagnant mon esprit dans des contrées lointaines. Je fermai les yeux pour apprécier encore plus ce doux son qui parvenait à mes oreilles. J'étais transportée, enivrée par ce son qui emplissait mes oreilles.

-Hé, Gwen, ça va ?

Je relevai les yeux vers Ninon. Je ne m'étais même pas aperçue que j'étais tombée à genoux. Tout autour de moi, des regards inquiets et des chuchotements nerveux. Ninon m'aida à me relever.

-Ne t'inquiètes pas, je vais bien.

-Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle, inquiète.

Je fronçai les sourcils.

Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant