Chapitre 21 : Le royaume des naïades

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-Vous ne pouvez pas passer.

La créature liquide avait croisé les bras sur sa poitrine et son visage s'était fermé.

-Je suis le gardien du pont des naïades, et Sa Majesté m'a ordonné de ne laisser passer aucun intrus. Or, tous dieux que vous êtes, vous restez des intrus.

J'allais m'arracher les cheveux. Ce machin ne comprenais rien à rien !

-Mais puisqu'on vous dit que la Grande Naïade a été possédée par un sbire de Merlin ! Criai-je, profondément agacée.

L'homme d'eau secoua la tête, m'éclaboussant au passage.

-Je ne vous croies pas. Elle avait prévu que vous viendriez récupérer la perle des druides. Ma reine a jugé que vous n'étiez pas compétents pour veiller sur un tel objet. Elle m'a défendu de vous laisser passer, et j'obéirai à ma reine jusqu'à ma mort. J'en ai fait le serment. Vous ne passerez pas.

Raah ! J'allais le tuer ! Pourquoi est-ce qu'il ne voulait pas nous croire ? Cet être refusait de nous laisser emprunter le pont qui menait à l'île des naïade, au centre du lac, alors que c'était le seul passage pour nous y emmener. Et la présence de Cernunnos et de Gwydion n'avait pas l'air de changer quoi que ce soit.

-Mais ... protestai-je.

Le dieu mage s'approcha alors de moi.

-Laissez-moi faire, jeune druidesse, m'intima-t-il en passant devant moi.

Il s'approcha de l'être et se pencha vers lui, chuchotant à son oreille. La créature écarquilla ses yeux d'un bleu si froid et son visage se figea, sans aucune expression. Gwydion finit par s'écarter de lui.

-Vous pouvez passer, vos Excellences. Je vous souhaite une agréable journée, et soyez les bienvenus au royaume des naïades.

Satisfait, Gwydion s'avança à grands pas sur le ponton grinçant. J'entendis Cernunnos soupirer, avant de lui emboîter le pas. Moi, je ne comprenais rien de ce qui venait de se passer. Qu'est-ce que le dieu avait bien pu dire à ce type pour qu'il nous laisse passer ? Ninon n'avait pas l'air de savoir non plus, à en juger par son expression troublée. Je décidai de me dépêcher de suivre les dieux avant que l'étrange bonhomme d'eau ne revienne sur sa décision. Quand je fus à leur hauteur, j'entendis Cernunnos pester.

-Tu n'étais pas obliger d'utiliser ta magie sur ce triton, Gwydion ! On aurait réglé ça autrement.

-Réglé ? S'esclaffa le dieu mage. Ta charmante amie était sur le point de lui coller son poing dans la figure ! Je n'appelle pas cela régler les choses, mais plutôt les envenimer. Tu ferais mieux de me remercier au lieu de toujours me contredire. Je sais que nous avons été ennemis par le passé, mais avant cela, souviens-toi que nous étions frères. Je n'ai pas toujours été la brebis galeuse.

-Non, tu ne l'a pas toujours été. Mais après cela, tu t'es allié avec Merlin et vous avez tué Lug.

Gwydion se retourna, un feu rouge animant ses yeux.

-Ce n'était pas de mon plein gré, Cern ! Tu ne sais pas ce qui s'est passé, alors n'en parle pas, persifla-t-il, venimeux.

Le dieu cerf ne répondit pas, mais son expression montrait qu'il n'en pensait pas moins. L'ambiance était électrique entre les deux dieux, et je doute que cela nous serve à récupérer la perle dans de bonnes conditions. Le visage fermé, Cernunnos grimpa dans la barque amarrée au bout du pont. Je l'imitai, aidée de Gwydion qui me tint la main, un sourire de tombeur aux lèvres. Bon sang, mais qu'est-ce qu'il avait, celui là, à toujours me rendre mal à l'aise ? Je m'installai sur le banc, face à Cernunnos, et Ninon se posa à côté de moi. À l'avant, la proue était finement ciselée, représentant une sirène plongeant vers l'avant. Elle avait l'air nettement plus charmante que celles que j'avais déjà rencontrées. Enfin bref.

Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant