Chapitre 27 : Le mage noir

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Mille ans plus tôt.

Tout au fond de sa cave, cachée sous la cascade, Merlin fulminait. Il s'appuya sur le dôme de verre enchanté sous lequel reposait Léana. Il avait nettoyé le sang, soigné la plupart de ses blessures et surtout, il empêchait son corps de pourrir. Allongée ainsi sur son lit de feuilles, entourées de fleurs plus magnifiques les unes que les autres, elle semblait dormir. Malgré tout, son visage était terne, vide de vie.

Merlin ne comprenait pas. Il ne comprenait pas pourquoi il n'arrivait pas à la ressusciter. Il avait pourtant tout tenté, tout essayé, mais rien n'y avait fait. Sa magie noire, si puissante, n'arrivait pas à la ramener. Merlin serra les poings sur le cercueil de verre.

Tout ça, c'était la faute de Lug. S'il n'avait pas forniquer avec sa femme, il ne se serait pas emporté, il ne l'aurait pas frappée, il ne l'aurait pas ... il ne l'aurait pas ...

L'idée qu'il aurait pu tuer sa femme était insupportable à Merlin. Il n'arrivait tout simplement pas à l'admettre. Le mage noir regarda le visage de se femme ce qui l'apaisa un peu. Plus que tout, il voulait toucher la joue rose si douce, replacer une mèche d'ébène derrière l'oreille de sa chère et tendre. Mais il savait que s'il troublait l'atmosphère artificielle sous le dôme de verre, le corps de Léana ne serait plus viable pour contenir son âme. Ses doigts effleurèrent le verre au-dessus du visage de sa belle, puis il s'en écarta. Il devait reprendre ses recherches au plus vite. Il devait avoir manqué quelque chose, un ingrédient oublié, un mauvais dosage, un mauvaise prononciation de la formule. Il allait trouver. Bientôt, il trouverait ce qui n'allait pas et il la ramènerait.

Merlin rejoins le meuble sur lequel se trouvaient son mortier et son pilon et tomba sur le bracelet de son fils, caché dans un coin. Avec nostalgie, il saisit le petit objet tintant et le fit tourner entre ses doigts. Son fils lui manquait terriblement. Après la mort de Léana, Merlin avait été le chercher chez la nourrice, mais celle-ci s'était enfuie. Il l'avait cherché pendant toute la journée qui avait suivit, mais il avait vite abandonné. De toutes façons, il n'était même pas de lui.

Merlin avait vite regretté ce choix, mais c'était trop tard. Et puis le garçon devait avoir grandi et être un jeune homme. De toutes façons, mieux valait pour le garçon ne pas le connaître. Après tout, il n'était pas plus son père que l'homme qui l'avait potentiellement recueilli. Merlin reposa l'objet avec délicatesse et s'apprêta à quitter la pièce, munit de ses outils.

-Très émouvant, lança une voix moqueuse.

Merlin se retourna vers l'homme. Il le connaissait. Gwydion, le dieu de la magie et du feu. Son collier retenant sa magie brillait d'une douce lueur mauve, baignant la pièce d'une étrange atmosphère. Merlin reposa son pilon délicatement sur le meuble. Après tout, il allait sûrement avoir besoin de ses deux mains, si jamais l'autre venait à l'attaquer.

-Gwydion. Alors comme ça, Lug a envoyé son chien de garde me débusquer. Bien. C'est vraiment intéressant.

Il toisa Lug avec un regard moqueur. Le dieu ne sembla pas y prêter attention et se dirigea vers le cercueil de Léana.

-J'avais entendu dire que tu essayais de la ramener d'entre les morts. Je ne pensais pas, Merlin, que tu étais assez bête pour croire que cela était possible.

Le mage noir eut un rire nerveux.

-C'est impossible pour la magie des druides. Pas pour la magie noire. Tu devrais le savoir.

Lug se détacha à peine du cercueil, lançant un regard en coin au mage.

-Je suis le dieu de la magie, Merlin. De toutes les magies. La magie blanche des fées, la magie druidique, la métamorphose, la magie noire, je les connaît toutes sur le bout des doigts, je peux toutes les utiliser. C'est pour cela que je te dis que ramener ta femme est impossible.

Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant