Chapitre 23 : Conseil de Guerre

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Ma grand-mère nous attendait sur le ponton. Elle semblait fatiguée, mais au moins, elle était bien en vie.

-Mamie ! Je t'avais dit de te reposer, rouspétai-je quand je fus à sa hauteur.

Elle me lança un sourire angélique avant de me prendre par le bras et de m'entrainer avec elle.

-Tu sais, ma chérie, l'inaction, ce n'est pas fait pour moi, en particulier dans un moment pareil. Ce que nous a fait Merlin ne doit pas rester impuni, et nous devons nous préparer pour une éventuelle attaque. Un conseil de guerre sera dressé. Demain. Pour l'instant, nous devons nous reposer, reprendre nos esprits.

-Ça veut dire que nous rentrons à la maison ? demandai-je avec espoir.

La simple idée de me retrouver dans mon lit, sur le matelas douillet et emmitouflée dans ma couette me faisait baver. C'était même plus fort que la faim, qui me tiraillait pourtant depuis un bon moment. Moi qui étais si gourmande, je ne me souvenais même plus de quand j'avais mangé pour la dernière fois.

-J'ai bien peut que non, Gwen, répondit cependant ma grand-mère. Le trajet ne ferait que nous fatiguer inutilement. Nous allons passer la nuit ici. C'est plus prudent.

Je soupirai. Adieu le lit douillet, bonjour la pauvre couche de feuilles.

-Mais ne t'en fais pas, continua Mamie. Je pense que Cernunnos se ferait une joie de nous accueillir dans son palais.

Je la fiai, incrédule, puis me tournai vers Cernunnos, qui nous suivait aux côtés de Ninon.

-Ton palais ? articulai-je sans comprendre.

Un magnifique sourire se peint alors sur son visage.

-Eh bien oui, Gwen, mon palais. Cet endroit est mon sanctuaire, tu te souviens ? Il est normal que je me sois construit une maison pour m'y reposer. Tu ne pensais pas sérieusement que j'habitais une pauvre tente de fortune ?

Je ne savais pas quoi répondre à cela. Je n'avais vu aucun palais, pas même une maison de brique depuis que nous étions arrivés, et je ne voyais pas vraiment où il pourrait y en avoir, dans cette clairière.

-Allez, venez, allons-y. La nuit va bientôt tomber et nous sommes tous exténués. Un peu de repos ne fera pas de mal, après ce que nous venons de vivre.

-Je suis bien d'accord ! s'exclama Ninon avec joie. Et un bon bain ne serait pas du luxe non plus.

Je souris, amusée. C'est vrai que, concrètement, on puait. L'idée d'une baignoire remplie d'eau brûlante et savonneuse me paraissait presque irréelle, mais bon sang, ce que j'en avais envie, d'un coup. Cernunnos nous mena jusqu'à un petit sentier qui serpentait entre les arbres de la forêt. Gwydion ne nous avait pas suivis. Il devait être rentré dans son propre sanctuaire, si tant est qu'il en avait un. Nous marchâmes pendant quelques minutes, puis nous débouchâmes dans une autre clairière, un peu plus petite que la précédente, dépourvue de lacs. Plus qu'une clairière, c'était en fait un immense jardin au centre duquel était posé une sorte de manoir trapu tout en pierres. Le soleil déclinant se reflétait sur les ardoises du toit, les faisant briller comme de l'obsidienne. Même si l'édifice était magnifique, avec ses pierres apparentes et l'espèce de donjon à l'arrière, il ne ressemblait en rien à un palais. Malgré tout, il serait largement assez grand pour nous accueillir tous les quatre. Tout autour, dans l'immense jardin, des statues semblaient avoir poussé là comme des champignons, représentant des animaux ou des femmes largement dénudées. Il y avait aussi, juste devant l'entrée, dans une cour pavée, une immense fontaine représentant un cerf majestueux. Je distinguai aussi un petit cours d'eau, dans le fond du terrain, dans lequel s'abreuvaient une biche et son faon. Des oiseaux multicolores s'envolèrent des arbres, sentant certainement la présence de Cernunnos, et se mirent à danser dans les airs pour nous souhaiter la bienvenue.

Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant