J'étais au chevet de Nico, dans la tente qui avait été celle de ma grand-mère. Il avait été retrouvé dans le parc après que Merlin soit parti. Dans le corps de Gwydion. Nous n'étions sûrs de rien, mais il était fort probable que le dieu soit maintenant sous l'emprise du mage noir. Ce n'était pas une bonne nouvelle. Pas du tout. Si Merlin avait été si puissant avec seulement le petit bout de magie que j'avais malgré moi incrusté dans Nico, imaginez ce qu'il pouvait faire avec la magie d'un dieu !
Je secouai la tête. Je ne devais pas penser à cela. Cernunnos allait trouver une solution. Quand il aurait le temps. Parce que là, actuellement, il était en train d'essayer de sortir les survivants (s'il y en avait) des ruines du manoir. Personne ne semblait savoir pourquoi Merlin avait incendier le manoir. Mais moi, je m'en doutait. Merlin était un humain, à l'origine. Il l'était même peut-être encore, au fond de lui. Et pour les humains, le fait d'avoir une maison, un endroit rien qu'à soi dans lequel on se sent bien, il n'y a rien de plus précieux. C'était peut-être l'une des raisons pour laquelle il avait fait cela. Il voulait détruire Cernunnos, par tous les moyens. Et détruire ce qui lui était le plus précieux, tuer ses sujets, était un bon point de départ. A moins que Merlin ait cherché quelque chose qu'il n'aie pas trouvé. Ça aussi, c'était fort probable.
Nico grommela dans son sommeil et j'épongeai son front avec un linge humide. La possession de son esprit par Merlin semblait l'avoir beaucoup affecté. Du bout des doigts, je caressai sa joue, écartai les mèche humides de son front.
-Gwen, je peux entrer ?
J'acquiesçai sans me retourner et Ninon s'installa à côté de moi, sur un petit tabouret de bois. Elle croisa ses mains fines sur ses genoux et baissa la tête. Elle avait l'air exténué.
-Alors ? Demandai-je simplement.
Elle haussa les épaules, extrêmement lasse.
-Presque tous morts. Il reste seulement cinq survivants, et ils sont en état critique. Brûlés au troisième degré. J'ai fait ce que j'ai pu pour aider, mais je suis crevée. Cernunnos m'a dit que je pouvais aller me reposer. Alors me voilà.
J'eus un sourire maussade. Tant de morts, toujours et encore à cause du même homme. Quand cela allait-il s'arrêter ? Délicatement, j'enserrai les doigts autour de ceux de Nico. Le contact de sa peau me réchauffa le cœur. Au moins, je l'avait récupéré. Je sais que c'était une pensée égoïste, mais je m'en fichais. Tout ce qui comptait, c'était son visage d'ange comme endormi.
-Comment il va ? Questionna Ninon à voix basse.
-Il se remet, répondis-je avec un maigre sourire.
Elle me répondit par la même mimique et soupira, lasse.
-Je suis contente qu'on l'ai retrouvé sain et sauf. Tu penses que c'est grâce à Gwydion ?
Je hochai la tête, effleurant la perle des druides qui pendait à mon cou. Je l'avait retrouvé dans l'herbe, non loin du corps de Nico. Oui, Gwydion l'avait sauvé, et c'était peut être même la dernière chose qu'il avait faite. J'étendis mes jambes sous le lit, et mes genoux protestèrent avec un craquement sonore. Je ne savais pas vraiment depuis combien de temps j'étais assise ici, sur ce tabouret inconfortable, mais toujours était-il que mon corps commençait sérieusement à me faire souffrir.
C'est alors que Nico remua un peu plus fort que les autres fois. Je portai mon attention sur lui avec l'espoir qu'il se réveille enfin. Doucement, tout doucement, il ouvrit les yeux. La lumière qui filtrait à travers la tente au plafond à peine raccommodé sembla l'éblouir car il papillonna des paupières. Il finit par les ouvrir totalement, observant, hagard, le plafond de toile. Puis, ses yeux bruns, presque noirs tant ses pupilles étaient dilatées, se posèrent sur moi.
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Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)
FantasyLa vie de Gwenaëlle a toujours été des plus banales, ce dont elle se félicite. Mais le jour où elle trouve un antique médaillon au cœur des bois, sa vie bascule et prend un tournant beaucoup plus ... périlleux. Sa découverte la plonge au cœur d'une...