Chapitre 25 : Préparer le siège

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-Merci monsieur. 

Je récupérai le collier que le joaillier avait fait avec la perle des druides. Je glissai la chainette d'argent autour de mon cou et glissai le bijou sous mon corsage. Au moins, là, on n'allait plus me la piquer. Je m'éloignai de l'étal du marchand et rejoignis Ninon. Elle avait à la main deux sandwichs au pâté et un gros paquet de chips. Nous nous installâmes sur le ponton du lac et plongeâmes nos orteils dans l'eau claire. Elle m'en tendit un et je déchirai avidement le papier cellophane.

-Ah enfin on avale un truc ! soupirai-je, épuisée. J'en peux plus de m'entrainer à longueur de journée. J'en peux plus de cette situation de guerre. Et puis là, c'est sûr que je vais rater mon année. J'ai plus qu'à redoubler l'année prochaine.

Ninon eut un sourire las.

-Oh, tu sais, je pense que les études, c'est fini pour nous. Au moins tant que Merlin sera en vie. Et dire qu'il ne me restait qu'un an ! Enfin, au moins notre vie est bien remplie, maintenant.

Je lui lançai un regard consterné.

-Bien remplies ? Ah ça oui, on passe notre temps à nous entrainer à l'épée, à la lance pour toi, et se fait taper dessus par les autres, tout ça quoi. J'ai des bleus partout ! Toi ça va, tu excelles dans tous ce que tu fais et tu manies la lance comme une déesse. C'est loin d'être mon cas, je passe mon temps en mode autruche, la tête dans le sol. Je préférais ma vie d'avant, si tu veux mon avis. Au moins je ne risquai pas ma vie. Ni celle de mes amis.

-C'est pas faux, me dit-elle après un temps de réflexion.

Soudain, elle avait l'air triste. Ninon qui me soutenait toujours quand ça n'allait pas était à son tour chagrinée.

-Quelque chose ne va pas ? demandai-je doucement.

Elle secoua la tête.

-Ce n'est rien, t'inquiète. C'est juste que ...

Elle me lança un regard éploré. Je lui laissai le temps de me répondre.

-C'est juste que ça me pèse de m'éloigner de tous ceux que j'aime. Mes parents, ma sœur, Clémence, mes amis. Je ne regrette pas de t'avoir accompagnée là-dedans, ne crois pas ça. Mais je ne pensais pas que ça allait être aussi ... aussi ...

-Aussi dangereux, effrayant ?

Elle hocha la tête.

-Clem m'a appelé, hier, avoua-t-elle. Elle m'a demandé pourquoi je ne lui parlais plus, pourquoi on ne se voit plus. Elle avait l'air vraiment triste qu'on se soit éloigné comme ça. Mais je ne peux pas lui expliquer. Alors on s'est engueulé. Je ne sais pas si ça va durer.

Je ne savais pas quoi lui dire. J'aurais aimé lui dire un mot réconfortant mais rien ne venait.

-Bah, ça ne peut pas être pire que toi. Ton mec s'est carrément fait posséder par un mage fou, reprit-elle.

Je ne savais pas si cela me réconfortait ou non. D'un coup, cela me faisait penser à ce que je voulais oublier.

-C'est vrai, dis-je simplement, une boule au creux du ventre.

Une corne de brume retentit alors. Nous tournâmes toutes les deux la tête vers le son.

-L'entraînement va reprendre, nous devrions y aller, déclara Ninon en se levant.

Je hochai la tête et l'imitai. J'avais tellement mal partout que je crus que je n'allai jamais me lever. Avec un grognement de douleur, je me mis sur mes pieds et gagnai l'arène improvisée. J'avais les pieds trempés et renonçai vite à mettre mes chaussettes. Tant pis, je serais pieds nus dans mes baskets. J'entrai dans l'arène des épéistes et prit place face à l'un des pantins de bois en attendant le maitre. C'était un grand centaure à la robe noire qui nous entrainait. Son aire sévère était encore plus accentuée par son œil manquant et la cicatrice qui lui barrait la moitié du visage. Mais malgré son air de vieux loup de mer, il était plutôt gentil. Enfin, en dehors de l'arène, parce qu'à l'intérieur, on aurait dit un vrai tortionnaire. Mon épée était restée là où je l'avais abandonnée. Je n'aimais pas la porter avec moi, cela me donnait l'impression d'être dans un perpétuel état de danger. Alors, à la fin de chaque entrainement, je la posais contre le pied de mon pantin et la récupérait après les pauses. Je n'avais pas peur qu'on me la pique : qui aurait volé l'épée ayant appartenu au dieu cerf en personne ? Bon, d'accord, c'était un simple glaive plutôt court dont il ne se servait jamais, mais quand même !

Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant